CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°373
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Le Québec n’y a pas échappé : le tsunami des IAG, dont ChatGPT, s’est infiltré dans tous les milieux, avec une multiplicité de stupéfactions, d’avertissements ou d’enthousiasmes. Cette déferlante a provoqué bien des remous, surtout dans l’enseignement, avec des approches divergentes.
Une question demeure : faut-il ou non permettre l’utilisation de ChatGPT aux étudiants ? Non, pour certains établissements, qui ont coupé l’accès à ChatGPT ou réglementé l’utilisation des systèmes d’IAG (SIAG). Oui, pour d’autres, qui prônent le développement d’un esprit critique et une meilleure compréhension des forces et faiblesses des SIAG. Le risque de plagiat et le flou du droit d’auteur et moral ont conduit à la création de nombreux travaux et ateliers sur ces enjeux.
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Au Service des bibliothèques de l’UQAM, un groupe de travail sur ChatGPT et les IAG a ainsi vu le jour. De son côté, le Pôle montréalais d’enseignement supérieur en intelligence artificielle (PIA) et l’Université de Montréal ont organisé en 2023 une journée de réflexion : "Intelligence artificielle, réussite et intégrité dans l’enseignement supérieur".
L’IAG au cœur des sciences de l’information
Les professionnels de l’information n’en sont pas à leur première surprise technologique. La révolution numérique fait partie de leurs défis continuels. Deux bibliothécaires de l’université McGill, Sandy Hervieux et Amanda Wheatley, ont publié un ouvrage sur les applications de l’IA dans les bibliothèques universitaires, les bibliothécaires de l’Université Concordia ont travaillé sur l’utilisation de ChatGPT dans la recherche des données probantes, ceux du CHUM alimentent par ailleurs un bulletin de veille sur l’IA appliquée au contexte hospitalier et centrée sur l’humain… À l’École polytechnique de Montréal, une communauté de pratique a été créée afin de mieux utiliser les SIAG.
Dans ce même élan, des formations ont été organisées. Ainsi, le Carrefour pédagogique et technopédagogique de l’UQAM offre des ateliers sur les SIAG. Encore au CHUM, Daniela Ziegler, Nolwenn Celli Goalec et Emilina Matus, bibliothécaires formatrices, ont donné une présentation sur les meilleures pratiques d’utilisation de l’IAG pour trouver des données probantes dans le domaine de la santé dans le cadre du Symposium "L’apprentissage réinventé pour mieux soigner".
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Pour ce faire, elles ont testé de multiples outils et plateformes utilisant l’IAG, ont tenté de comprendre comment ce changement de paradigme affectera les habitudes de recherche, ont beaucoup lu sur les enjeux éthiques et légaux, de confidentialité, de transparence et de reproductibilité de la recherche et enfin proposé des bonnes pratiques. Le succès de cette présentation va d’ailleurs conduire à la mise en place d’une série de formations.
De son côté, la bibliothèque de l’École de Technologie Supérieure a élaboré un guide "IA Générative : concepts de base, ChatGPT et plus" sur les usages en milieu académique. Également, le Service des bibliothèques de l’UQAM a sorti un guide "ChatGPT et intelligence artificielle générative", comme la bibliothèque de l’Université McGill : "Welcome to the guide for Artificial Intelligence".
Peu importe l’arrivée explosive de SIAG toujours plus performants, les mêmes questions se posent : quelles sont la qualité et la fiabilité du corpus entraîné ? Sur quels critères qualifier les résultats et valider leur exploitation ? Plus que jamais, l’analyse et la stratégie demeurent des inconditionnels. Daniela Ziegler souligne que nous, bibliothécaires, avons un rôle de formation et d’éducation fondamental. Selon elle, ce dernier est crucial dans le développement des outils d’IA en tant que spécialistes de l’information, car il est toujours plus facile de former dès le début les usagers à une utilisation responsable de ces puissants outils.
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Il est primordial de prendre notre place, puisque nous connaissons le mieux l’information sous toutes ces formes et à toutes les étapes de la chaîne documentaire. Il y a urgence à agir en brisant les silos institutionnels : l’IA changera nos façons de faire, mais l’intelligence collective nous aidera à trouver les meilleures solutions ensemble. À l’image des bacs à sable réglementaires en IA, une communauté de pratiques pourrait être lancée en conjuguant les expertises des pros de l’information, créateurs, utilisateurs et diffuseurs d’outils d’IAG, facilitant ainsi une approche de cohésion et d’optimisation sur leur utilisation.