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Pourquoi la France n'a pas de souveraineté numérique

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    Bien que la France tente de garantir et de mettre en place des lois et des mesures de sécurité, elle ne maîtrise aujourd'hui toujours pas sa souveraineté numérique. (Pixabay/Kurious)
  • Présent au salon Documation qui se tient les 6 et 7 avril Porte de Versailles, l'expert en intelligence économique Alain Juillet a présidé la conférence "Intelligence digitale : la valeur d'usage de la data, ouvrir le champs des possibles". L'occasion pour lui de revenir sur les failles de la souveraineté numérique de la France.

    "La France n'a pas de souveraineté numérique, et même pas sur la partie militaire". Ce constat, qui fait froid dans le dos, ne tombe pas du ciel. C'est un expert du domaine qui l'avance, Alain Juillet, qui fut directeur du renseignement de la DGSE entre 2002 et 2003 et responsable de la cellule Intelligence économique à Matignon jusqu'en 2009. Pour rappel, ce qu'on appelle "la souveraineté numérique Française" est la garantie du contrôle par la France de toute sa filière numérique, depuis l'émetteur jusqu'au récepteur. En quelque sorte, il s'agit de savoir si la France maîtrise la situation. Dans la réalité, ce n'est pas le cas. 

    Les failles

    Selon Alain Juillet, qui est aujourd'hui président du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE) et de l'Académie de l'Intelligence économique, les failles dans la souveraineté française sont dûes au fait qu'une partie de la chaîne numérique est contrôlée et trustée par certaines sociétés (notamment les Gafa) et pays (notamment les Etats-Unis). C'est le cas par exemple du contrôle et de l'attribution des domaines, gérés par le service américain InterNIC, qui donnent lieu à de véritables batailles internationales, ou encore du peu de garanties sur l'intégrité des données hébergées dans le cloud.

    Les Français sont bons, mais...

    ​Certes, des intitutions et des solutions existent, vouées à préserver au maximum cette souveraineté. Il s'agit par exemple de l'une des missions de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi). Surtout, la France mise beaucoup sur ses innovations made in France (ses start-up - la fameuse FrenchTech - sont reconnues internationalement comme les plus performantes), ainsi que sur l'avance dont elle dispose en matière de recherche mathématique : "Les algorithmes mathématiques conditionnent le cyberespace, poursuit Alain Juillet ; et en la matière, les Français sont les meilleurs". 

    Les Français sont seuls

    Mais alors pourquoi la France ne réussit-elle pas à reprendre la main sur sa souveraineté ? "Car pour cela, il faudrait une volonté politique européenne commune, affirme Alain Juillet ; malheureusement, il existe de telles disparités entre les différents pays européens que la France n'est pas suivie sur certains sujets". Par exemple, la mise en place du fichier sur les passagers aériens, (le fameux PNR pour "Passenger Name Record"), présenté par le gouvernement comme un outil indispensable à la lutte contre le terrorisme, a été refusé par certains pays du nord de l'Europe. On peut également citer la réussite en demi-teinte du moteur de recherche français Qwant : créé pour être une alternative européenne à l'hégémonique Google, son usage n'a malheureusement pas été suffisamment encouragé. Très peu d'internautes l'utilisent aujourd'hui. "On est très bons, conclut Alain Juillet, mais nous ne pouvons y arriver seuls. Il faut une convergence de tous les pays européens".

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    Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.
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