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Comment créer un escape game autour du patrimoine

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    Plusieurs institutions ont mis en place des escape games à l'image du Grand Palais Ephémère et du Château de Valmer. (DR)
  • Le patrimoine culturel se prête volontiers aux jeux d’évasion. Au Grand Palais Éphémère, à Paris, ou dans les jardins du Château de Valmer, à proximité de Tours, des escape games ont vu le jour, l’un grâce à des moyens importants, l’autre au système D. Mode d’emploi.

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    En travaux depuis 2021, le Grand Palais est délocalisé sur le Champ-de-Mars jusqu’en 2024, offrant une vue imprenable sur la tour Eiffel. Ce Grand Palais Éphémère, conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, accueille de nombreuses manifestations : salon du livre, théâtre, expositions d’art contemporain, visites avec conférencier…

    Mais il s’adonne également aux escape games. Il est vrai que ses dimensions hors norme se prêtent aux jeux d’évasion, notamment à l’occasion des Journées européennes du patrimoine : 145 mètres de longueur, 20 mètres de largeur, pour une surface totale de 10 000 m² !

    « En 2020, nous avons voulu proposer la découverte autonome sur téléphone individuel, avec en contenu la création d’une fiction basée sur des faits rigoureusement historiques », explique Caroline Dubail, historienne chargée de projets culturels « monument Grand Palais ». « Pour ce faire, nous nous sommes associés à Quaestyo, une jeune entreprise spécialisée dans la création de jeux clef en main. »

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    Un fil conducteur, un scénario et des repérages

    Au Grand Palais Éphémère, la création d’un jeu d’évasion obéit à quelques règles : « je donne un fil conducteur en lien avec l’histoire du monument, nous discutons et co-créons un scénario, faisons les repérages in situ », poursuit Caroline Dubail. « Ensuite Quaestyo met en forme le récit sous la forme d’une enquête dont les énigmes sont à résoudre à partir d’observations sur place. Elle assure également toute la partie communication en amont des Journées européennes du patrimoine en lien avec le service multimédia et communication de l’opérateur culturel RMN-GP (La Réunion des musées nationaux — Grand Palais). Notre collaboration est idéale. »

    Pas moins de trois jeux ont vu le jour au Grand Palais Éphémère au cours des dernières années. À commencer par « La destinée de Flora », dont le scénario a été conçu pour susciter la curiosité du public : « consternation au Grand Palais Éphémère : Flora, l’œuvre phare de l’exposition, a disparu. L’inauguration approche et l’affaire fait déjà le buzz sur les réseaux sociaux. Rejoignez notre équipe de Youtubeurs pour sauver la cérémonie d’ouverture ! »

    À partir de cette intrigue, les visiteurs sont invités à découvrir des indices dissimulés dans les espaces du monument. Ce jeu de piste digital en équipe se joue via une application mobile. Il a également une ambition : sensibiliser le public à l’écologie.

    Tenir compte des suggestions du public

    Deux autres jeux ont été proposés aux visiteurs : « Les fantômes de Malraux », qui rappelle l’importance des lois sur le patrimoine, et « La lettre secrète du Grand Palais », qui met en avant Louise Deglane l’épouse de l’architecte du monument ainsi que les enjeux des travaux en cours. Ce dernier jeu est proposé en deux versions (8-12 ans et adultes) afin que les membres d’une même famille puissent jouer ensemble.

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    À l’usage, Caroline Dubail précise que des modifications ont été apportées pour tenir compte des suggestions du public : « depuis 2022, l’application permet de jouer avec un seul téléphone par équipe d’une à quatre personnes. Le chronomètre a été débridé afin que le jeu puisse continuer même si le temps est dépassé. L’expérience utilisateur a été améliorée. Enfin, dernier bonus, la réalité augmentée s’invite désormais dans les vidéos. Cette nouvelle dynamique a été pensée particulièrement pour les familles afin que tous aient ensemble une expérience à la fois conviviale, ludique et enrichissante. »

    Côté pratique, une préinscription est demandée et des animateurs sont présents sur place pour accueillir les joueurs. Ces derniers sont assistés dans le choix du jeu et la mise en route. En 2022, près de 10 000 personnes ont participé aux Journées européennes du patrimoine au Grand Palais.

    Ne pas jargonner et savoir s’adapter au public

    Au Château de Valmer, à quelques encablures de Tours, ce sont les magnifiques jardins qui servent de support à un escape game conçu par la médiatrice culturelle Maurine Soudier, responsable œnotourisme : « les escape games s’inscrivent dans la médiation culturelle et ont vocation à faire découvrir le patrimoine horticole des jardins de Valmer. J’ai donc rédigé le livret de jeu qui est fourni aux visiteurs. Ce document ne doit pas être trop technique et ne pas jargonner. J’élabore un scénario qui est ancré dans le lieu. Il faut trouver un enjeu pour les joueurs. Le livret de jeu doit être adapté au public visé, car on ne s’adresse pas de la même façon à des adultes qu’à des enfants. Ce qui est évident pour nous ne l’est pas pour les autres ! »

    Composé de dix pages, ce livret de jeu plante le décor : « nous sommes en 1570. Une troupe de “Chauffeurs”, ces infâmes bandits qui hantent la région et qui ont l’habitude de brûler les pieds de leurs pauvres victimes, sont à la recherche du trésor de Valmer ! Le Comte et la Comtesse de Saint-Venant ont besoin de ton aide afin de pouvoir le trouver avant eux ! Qui sait, peut-être seras-tu récompensé pour cette noble tâche… »

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    Ce jeu, qui s’adresse aux enfants, présente également un plan des jardins et une série d’énigmes à résoudre au fur et à mesure de la déambulation dans les jardins : labyrinthe, rébus, dessins, « mots cachés aromatisés »… Sur chaque page, des consignes accompagnent les joueurs dans leur parcours.

    Recours au système D

    De l’aveu même de Maurine Soudier, un tel livret de jeu ne s’improvise pas : « les mots cachés dans une grille de lecture ont demandé pas moins de quatre versions ! Simplifier un jeu est un exercice mental et un défi intellectuel. Cela demande du temps et de la patience ».

    Bonne nouvelle : une petite structure peut créer un escape game sans moyens pharaoniques : « j’ai utilisé le logiciel gratuit de conception graphique en ligne Canva. On peut également se tourner vers la suite OpenOffice. Il n’est pas nécessaire d’embaucher un graphiste pour créer un livret de jeu. En revanche, nous avons fait appel à un imprimeur professionnel pour l’impression des livrets. Le système D fonctionne, la seule limite étant le caractère chronophage d’un tel projet. »

    Lorsque les jeux d’évasion ont vocation à être reconduits d’une année sur l’autre, il peut être judicieux de les renouveler (ce qui est en soi une entreprise chronophage), ou de les recycler avec une nouvelle approche. Et lorsqu’ils ne rencontrent pas le succès ou qu’ils sont incompréhensibles, il est peut-être l’heure de les modifier de fond en comble. Une bonne méthode permet d’évaluer l’intérêt d’un jeu : le présenter à un public test composé de collègues ou de membres de sa famille, surtout s’il s’agit d’un jeu destiné aux enfants.

    « Pour ma part, je consigne dans un document bureautique tous les événements liés au jeu : les bonnes pratiques comme les mauvaises, les encouragements et les suggestions des visiteurs, mais aussi les critiques », précise Maurine Soudier. « Surtout, il faut s’amuser soi-même pour que le visiteur s’amuse à son tour ! »

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