CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°385 : Bibliothèques : les tendances qui pourraient transformer leur futur
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Du local au national, Romain Joulia a exploré le métier d’archiviste sous toutes les coutures. Il a notamment été directeur des archives municipales de Gap, de celles de Rennes, puis des archives départementales de la Haute-Saône et de celles du Var. Plus récemment, il a pris les rênes des Archives nationales d’outre-mer (ANOM) à Aix-en-Provence en mars 2025, un service à compétence nationale du ministère de la Culture qui conserve les archives de l’histoire coloniale et postcoloniale de la France.
Curieux et touche-à-tout, il se décrit volontiers comme un "couteau suisse". Et s’il y a une dimension du métier qui continue de le surprendre et de l’enthousiasmer, c’est bien sa part humaine. "J’ai toujours aimé croiser les points de vue", confie-t-il. "Le relationnel, c’est le double effet de cette profession : il aide à faire passer les messages. Et comme le métier évolue sans cesse, il faut accompagner les mutations et défendre nos pratiques… C’est ce qui le rend passionnant".
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La grande famille des archives
Romain Joulia découvre sa vocation à Carcassonne, dans son collège niché au sein d’un ancien hôtel particulier. "À l’occasion des Journées du patrimoine, un professeur nous a fait travailler sur la généalogie des anciens propriétaires du bâtiment", explique-t-il. "J’ai mis les pieds aux archives ce jour-là et je n’en suis jamais vraiment ressorti". Il opte pour une trajectoire universitaire : d’abord à Toulouse, où il obtient une licence en ingénierie documentaire, puis à Amiens, pour un master professionnel dédié aux métiers des archives. Quelques années plus tard, après avoir réussi le concours de conservateur, il rejoint l’Institut national du patrimoine (INP) en 2008.
"Ce qui m’a toujours porté, c’est le travail d’équipe", poursuit-il. "J’ai eu la chance d’être bien entouré". Cette conviction irrigue aussi son implication associative, notamment au sein de l’Association des archivistes français (AAF), dont il dirige le service des archives communales et intercommunales de 2013 à 2016, et de l’Interassociation archives bibliothèques documentation (IABD), qu’il préside en 2016.
Convaincu que les archivistes forment "une grande famille où chacun a un rôle à jouer", il a contribué à faire évoluer la loi relative à la liberté de la création, à l’architecture et au patrimoine (LCAP) de 2016. "Il n’y avait pas de dispositions pour les archives au sein du projet de loi", se souvient-il. "Avec plusieurs collègues, nous avons donc porté cette revendication, d’abord à l’Assemblée nationale, puis au Sénat". Parmi les amendements qu’ils réussiront à compléter, citons notamment l’ajout de la mention des données (en plus des documents), dans la définition des archives, ainsi que certaines dispositions pour faciliter la mutualisation de l’archivage électronique.
À peine arrivé, Romain Joulia se projette déjà dans l’avenir des ANOM, qui célèbreront leurs 60 ans en 2026. L’occasion de "mieux faire connaître l’institution, ici et à l’international", notamment à travers la coopération avec le Vietnam pour inscrire les archives de l’Indochine à l’Unesco. Pour lui, ces archives "représentent avant tout des hommes et des femmes dont l’histoire et la mémoire doivent être partagées". Et s’installer à Aix-en-Provence est une source de réjouissance pour ce père de famille à qui les déménagements ne font pas peur : "cette ville est un vrai bijou". Pas de doute, le voyage continue…
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Il like :
- Son roman préféré : "Le Nom de la rose", d’Umberto Eco. Ma promotion à l’INP porte d’ailleurs le nom de cet auteur !
- Sa ville préférée : Je dirais Aix-en-Provence, mais Strasbourg m’a aussi marqué.
- Son exposition préférée : "Tadjikistan. Au pays des fleuves d’or", une exposition sur l’histoire de ce pays organisée en 2021 au musée Guimet, à Paris.