Archives nationales : un projet global

Maquette du bâtiment des Archives nationales à Pierrefitte-sur-Seine DR

 

Les Archives nationales disposeront bientôt d’un nouveau bâtiment aux portes de Paris. Au-delà du déménagement de millions de documents, ce chantier physique et numérique s’inscrit dans un projet global.

C'est en 2013 que le nouveau bâtiment des Archives nationales (AN) de Pierrefitte-sur-Seine (Seine-Saint-Denis) ouvrira ses portes au public. D’ici là, un déménagement de quatorze mois permettra de transférer des millions de documents actuellement dispersés sur les sites de Paris et de Fontainebleau. Une telle opération ne s’improvise pas. Le volume d’archives devant quitter le site parisien pour Pierrefitte-sur-Seine atteint 50 kilomètres linéaires ; celui de Fontainebleau est estimé à environ 140 kilomètres linéaires. Tout sera transféré vers le nouveau bâtiment, qui abritera les fonds postérieurs à la révolution de 1789. Ce déménagement n’est pourtant que la partie émergée d’un programme bien plus vaste selon Isabelle Neuschwander, directrice des Archives nationales : « La construction du nouveau site s’inscrit dans un projet global. Le chantier du futur bâtiment avance à grande vitesse mais il est précédé de nombreuses opérations : bilan sanitaire des fonds, désinfection, conditionnement, restauration des registres, emboîtage, microfilmage, numérisation… ».

chantier de fonds

À l’ère du web triomphant, les Archives nationales ne pouvaient pas ignorer les enjeux de la dématérialisation. Un chantier de numérisation a été mis en place afin d’offrir aux chercheurs un accès en ligne aux fonds archivistiques français. La direction des Archives nationales a opté pour un modèle hybride : une partie de la numérisation est opérée en interne, une autre a été confiée à un prestataire privé, Diadeis. Plutôt que de vouloir numériser l’intégralité des documents détenus par les AN, ce qui se révélerait faramineux en raison du volume colossal de documents, il a été décidé de procéder à une numérisation ciblée. Sont prioritairement scannés les fonds les plus demandés ainsi que les plus fragiles. C’est ainsi que les dossiers de titulaires de la Légion d’honneur sont mis en ligne au fur et à mesure de leur numérisation. À ce jour, plus de 2 millions de vues ont été produits et plus de 500 000 images sont déjà en ligne. À l’horizon 2012, 4 millions de vues des dossiers de Légion d’honneur devraient être disponibles.

dématérialisation de 28000 instruments de recherche

Un autre ambitieux projet digital a été lancé par les Archives nationales : celui de la dématérialisation des 28 000 instruments de recherche – fichier, ouvrage, base de données, etc. – étudiée par Serda et Bureau van Dijk Conseils (BVDC). « Cette dématérialisation associe les formats texte et image, et intègre les balises XML EAD, précise Isabelle Neuschwander ; 10 000 instruments de recherche ont déjà été dématérialisés. À ce niveau de volume, nous sommes précurseurs ». Les Archives nationales se sont fixé l’objectif de dématérialiser 90 % des instruments des instruments de recherche du site de Fontainebleau et d’au moins la moitié de ceux de Paris. Lorsqu’ils seront totalement dématérialisés, ces instruments de recherche seront consultables et interrogeables par une cote cliquable. Les usagers pourront y accéder depuis une salle de recherche virtuelle via un intranet ou internet.

salle des inventaires virtuelle

Au-delà des chantiers de numérisation, c'est tout le système d’information archivistique (SIA) qui est en cours de développement en collaboration avec les éditeurs Klee Group et Logica. Déployé sur les trois sites de Paris, Fontainebleau et Pierrefitte, le nouveau SIA a été conçu par Orange Business, Serda et BVDC à la lumière des pratiques professionnelles en matière de collecte des documents, d’élaboration des instruments de recherche et de communication des archives. Trois nouveautés pourraient faire leur apparition : un portail internet rafraîchi, un plan d’orientation général enrichi d’un panorama organisé des fonds en fonction de leur provenance et une salle des inventaires virtuelle. Le travail ne manque pas pour les agents des Archives nationales. Ce projet intéresse au plus haut point la communauté archivistique française et son ampleur crée de la curiosité bien au-delà de nos frontières. Des délégations étrangères en provenance du Brésil, d’Australie, de Singapour se succèdent pour étudier les mille et une facettes du chantier.

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