Augmentée et transmédia : la radio 2.0 va-t-elle enterrer la radio FM ?

La radio 2.0 prolonge l'expérience de la radio au delà des ondes. Stewart Black

 

La troisième édition des Rencontres Radio 2.0, qui se déroulent ce mardi 15 octobre à l'Ina, s'interrogent sur l'avenir de la radio à l'ère numérique : sonne-t-elle le glas de son canal de diffusion traditionnel ?

Cela fait maintenant trois ans que nombre de professionnels de la radio et des nouveaux médias, de la musique en ligne et de la publicité se réunissent durant une journée pour débattre ensemble de la radio à l’ère du numérique.

Organisées dans les locaux de l’Ina, les Rencontres Radio 2.0 Paris de ce mardi 15 octobre sont l’occasion de s’intéresser à la façon dont ce média historiquement "sans écran" a profité du numérique pour s’affranchir d’un format exclusivement audio et ainsi développer tout un écosystème d’enrichissements de ses contenus, sur écrans et sur les réseaux sociaux

Les meilleurs exemples de cette radio 2.0 pourraient justement être les trois émissions de radio finalistes des Grands Prix Radio 2.0 dans la catégorie Meilleur Programme, que sont :


Antibuzz, de Thomas Baumgartner sur France Inter ;
Pixel, de l'équipe web et de la rédaction de France Culture ;
L'atelier des médias de Ziad Maalouf et Simon Decreuze sur RFI ;


Des programmes qui ont su profiter du passage de la radio dans l'ère du numérique et se constituer une communauté d'auditeurs dynamiques prolongeant les débats sur les réseaux, au-delà de la diffusion sur les ondes - et même des mois après l'arrêt du programme, comme ce fut le cas pour Antibuzz. (Le lauréat, désigné à la fin de cette journée, est l'Atelier des médias, de Ziad Maalouf et Simon Decreuze, diffusé sur RFI).

La fin du canal traditionnel ?

Riche d’innovations, de créations et d’opportunités économiques, la radio 2.0 offre de nouvelles possibilités en terme de production de contenus et de diffusion, puisqu’il est désormais possible de créer du contenu audio à peu près partout et de le diffuser tout aussi facilement, en collant au plus près des – nouveaux – usages des auditeurs (mobilité).
Et ce, sans pour autant sonner le glas de son canal traditionnel : une étude Edison Research vient justement de révéler que si un américain sur deux écoute la radio depuis le web, 90 % d’entre eux continuent de de faire en FM.

La radio d’hier n’est donc pas vouée à disparaître : le numérique est avant tout l’occasion pour les chaînes de relancer leur contrat d’écoute avec les auditeurs en s’exportant progressivement sur d’autres supports, en s’illustrant d’images et de vidéos, en enrichissant leurs contenus d’informations complémentaires ou en prolongeant les discussions sur les réseaux au delà même de leurs émissions.

Second écran

C’est bien le pari que la majorité des grandes chaînes radio ont fait, voyant le web non pas comme un substitut  mais comme un nouveau territoire d’enrichissement de l’offre : pour Thomas Karolak, directeur éditorial de RTLnet, "si le web a cannibalisé la presse papier, il est en revanche le compagnon de la radio". Ce que soutient Jean-Noël Buisson, Social Media Manager Lagardere News (Europe1/Le Lab Europe1), affirmant "qu’il faut donner à voir aux gens qui nous écoutent". 

Certains avancent la notion de « second écran » ; on pourrait y voir un abus de langage pour ce média traditionnellement sans écran, qui est avant tout celui de l’audio et non pas de l’image. Soit, il est surtout le moyen de seconder, de compléter et d’enrichir l’écoute ; un nouvel usage où l’image n’est pas forcément là pour illustrer, mais bel et bien mise au service du format audio.

Joël Ronez, directeur du Mouv’ et des nouveaux médias de Radio France l’affirme : "on est aujourd’hui dans un monde d’images où c’est généralement elle qui soutient le programme. Il faut donc réinventer une nouvelle forme de l’image et ainsi réfléchir à la forme imagée que prend la radio".

Le groupe des chaînes radios du service public propose aujourd’hui trois types de vidéo sur ses sites web : la radio filmée (caméra robotisée dans les studios), la vidéo de reportage (le journalistes sont équipés de smartphones pour éventuellement compléter leurs reportages audios) et la vidéo comme véritable programme (ex : captations de concert, etc).

Mais souhaitant préserver leur identité, l’ensemble des intervenants s’en défendent : tout ne peut pas s’illustrer, la radio doit laisser les gens se construire leurs représentations, leurs images mentales.

Réseaux sociaux, nouvelles plateformes et web de données

Riche de nouvelles opportunités et d’innovations, la radio 2.0 voit l’émergence de nouvelles plateformes et réseaux sociaux. C’est le cas de Bobler, le nouveau réseau social vocal lancé en janvier 2013 par la start-up française du même nom : application web et iPhone, elle permet d’enregistrer et d’écouter des clips vocaux (appelés « bulles ») de 2 minutes maximum. Bobler s’est inspiré de Twitter en utilisant non plus le texte mais le son et y en ajoutant la géolocalisation.

Marc-Antoine Durand, co-fondateur de Bobler, a vu l’avenir de la radio sur le mobile, profitant du "temps d’écoute disponible" et de la possibilité de production de contenu audio offerts par les smartphones.

D’autre part, des plateformes spécialement dédiées à cet enrichissement de contenus en continu, telles que Perfect Memory et Music Story Pro, répondent à ces nouveaux besoins de la radio 2.0. La première est une plateforme sémantique de gestion et de valorisation de contenus multimedias de masse. En allant chercher en continu les données indexées dans les catalogues documentaires d’une chaîne afin de les faire remonter sur un espace collaboratif et interactif, elle est au cœur même des nouveaux enjeux de la radio augmentée : les contenus diffusés peuvent être ainsi complétés et enrichis en live d’informations additionnelles

De son côté, spécialement dédiée à la musique, Music Story Pro est une base de données répertoriant plus de 110 000 artistes et 9 millions de pistes audio : se chargeant d’agréger ces métadonnées de façon à faire profiter une chaîne radio de toutes les données et contenus associés à la musique qu’elle diffuse (news, biographies d’artistes, dates de concert ou encore liens de téléchargement), elle crée elle aussi la rencontre entre la radio et le web de données.

 

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Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.