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Bibliothèque : tout savoir sur le projet PNB

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    L’objectif de ce modèle est de décliner et pérenniser dans l’écosystème du livre numérique la place occupée par les libraires dans le cycle du livre papier. (Wikipedia/Maximilian Schönherr)
  • Sommaire du dossier :

    À peine né, déjà critiqué, le projet de prêt numérique en bibliothèque (PNB) doit prendre ses marques. Voici comment il fonctionne (article publié en avril 2015).

    1. Le principe

    Les quatre piliers du modèle de prêt numérique en bibliothèque sont les suivants :

    1. une ou plusieurs bibliothèques s’associent avec des libraires partenaires pour proposer une sélection de livres numériques, qu’elles peuvent acheter et intégrer à leurs collections ;
    2. une plateforme permet à la bibliothèque de passer commande par l’intermédiaire du site web de son libraire, avec un paiement à terme ;
    3. cette plateforme interagit avec le hub numérique Dilicom ;
    4. le livre peut ensuite être prêté gratuitement à tout usager, dès lors qu’il est inscrit à la bibliothèque.

    Ce service permet aux usagers de télécharger des livres numériques tels qu’ils sont proposés par les éditeurs. L’usager doit avoir installé préalablement Adobe pour la gestion des DRM (digital rights management). Les livres numériques téléchargés sont chronodégradables et ont une durée de vie actuellement fixée, mais qui devrait être paramétrable par la bibliothèque, dans la limite des 59 jours prévus par le DRM d’Adobe.

    interface

    Idéalement, l’interface entre le système d’information de la bibliothèque et une plateforme PNB devrait pouvoir s’effectuer au niveau du SIGB (système intégré de gestion de bibliothèque). C’est probablement ce qui finira par être proposé par la plupart des éditeurs de SIGB, si PNB perdure et rencontre le succès.

    Mais il peut tout aussi bien se faire au niveau du portail, soit via une interface dédiée intégrée au portail - et dans ce cas via un catalogue exclusivement numérique (cas de la solution BiBook à Grenoble développée par De Marque–Feedbooks) -, soit au niveau d’un catalogue en ligne (Opac) qui agrège les références bibliographiques issues du catalogue du SIGB, de PNB ou de toute autre plateforme fournissant des ressources numériques (cas de la solution Ermès d’Archimed).

    PNB gère également les prêts en fonction, d’une part, des différents paramètres de limitation d’accès prévus par l’éditeur (notamment, nombre d’accès simultanés, nombre total de prêts, durée de mise à disposition, nombre de postes de consultation in situ) et, d’autre part, des paramètres de prêt fixés par les bibliothèques (durée du prêt, possibilité de prolongation, nombre de livres numériques par usager).

    processus

    Le processus, censément vertueux, est donc le suivant :

    • les références des éditeurs apparaissent dans le fichier exhaustif du livre (FEL), exploité par Dilicom ;
    • elles sont diffusées aux libraires ;
    • les libraires à leur tour présentent ces offres aux bibliothèques ;
    • les bibliothèques achètent par l’intermédiaire du libraire, qui passe commande via le hub Dilicom (en réalité il s’agit davantage de location, puisque les licences d’exploitation ont une durée limitée) ;
    • en dernière instance, les bibliothèques proposent leurs acquisitions à leurs usagers (ou même l’intégralité de l’offre afin de stimuler les suggestions d’achat), en téléchargement ou en streaming.

    À noter que le prêt simultané d’un même livre numérique à plusieurs usagers est possible, ce que ne permettent pas certaines plateformes calquées sur le modèle physique (sauf si plusieurs « exemplaires » virtuels ont été acquis par la bibliothèque).

    objectif

    L’objectif de ce modèle est de décliner et pérenniser dans l’écosystème du livre numérique la place occupée par les libraires dans le cycle du livre papier, il est donc contesté par certains acteurs venus sur ce marché, mais absents du marché « papier », qui entendent s’adresser directement au client final, « par-dessus la tête » du libraire, mais aussi par certains bibliothécaires qui considèrent que les attentes de l’usager ne sont pas prises en compte et que les conditions des éditeurs ont leur part belle.

    2. hub et fichier exhaustif du livre

    Pour tenter d’y voir un peu plus clair dans ce débat, il est utile de rappeler ce qu’est le hub Dilicom...

    La société Dilicom est un service interprofessionnel destiné depuis 1989 à faciliter le développement des échanges de données informatisés (EDI) dans le secteur commercial du livre en France. Il est avant tout destiné aux distributeurs et aux libraires. Dilicom est née de la reprise pour un franc symbolique d’une des filiales du Cercle de la Libraire par un consortium de libraires et diffuseurs.

    Dilicom assure plusieurs services informatiques, liés aux échanges commerciaux, permettant le transfert électronique des différentes catégories de données échangées : les données de commandes, les données catalographiques, les données d’expédition et, enfin, les données de facturation.

    les commandes

    Les commandes sont saisies par les librairies abonnées aux services Dilicom via le logiciel qu’elles utilisent, à condition bien sûr qu’il soit compatible, puis émises vers le serveur après validation. Elles sont ensuite importées dans les systèmes des distributeurs, afin que les bordereaux de préparation ou les factures soient automatiquement générés. Par ce dispositif, l’EDI est désormais, et de loin, le premier moyen pour les libraires de passer leurs commandes de réapprovisionnement.

    le catalogue ou FEL

    Le catalogue de Dilicom, dénommé FEL pour fichier exhaustif du livre, est mis à jour quotidiennement par les distributeurs, directement à partir de leurs systèmes informatiques, puis aussitôt diffusé vers les abonnés libraires.

    le hub

    Le hub Dilicom est l’application de ces services au livre numérique : il est surtout le résultat d’une entente (contractée en mai 2010) entre les principales plateformes de distribution numérique (Dialogues, Eden, EPlateforme et ePagine) afin de mettre en commun leurs catalogues respectifs. Par cet accord, le FEL a pu s’enrichir de notices de livres numériques.

    Le principe du hub est de proposer un seul accès et une seule interface pour connecter l’ensemble des partenaires (voir les schémas).

    3. Les plateformes de prêt numérique en bibliothèque

    association bibliothèque-librairies

    Le service PNB du hub Dilicom repose donc sur le principe selon lequel le libraire traditionnel doit être le médiateur de la vente des livres numériques aux bibliothèques. C’est la raison pour laquelle l’expérimentation doit associer une bibliothèque et une ou plusieurs librairies, selon le modèle qui avait déjà été imaginé par la plateforme ePagine avant qu’il ne soit « industrialisé » grâce au hub Dilicom et au service PNB.

    Quelques collectivités françaises se sont lancées dans l’expérimentation PNB : la ville de Grenoble, l’agglomération de Montpellier, la ville d’Aulnay-sous-Bois et plus récemment la ville de Paris… Après plusieurs mois de tests et développements des solutions ont été ouvertes au public dans le second semestre 2014.

    • Aulnay-sous-Bois et Montpellier ont choisi une solution reposant sur le portail Ermès de la société Archimed associée avec l’agrégateur ePagine, respectivement en binôme avec les librairies Le Divan et Sauramps. La ville de Paris a également retenu la solution d’Archimed pour sa plateforme PNB.
    • Grenoble, en partenariat avec la libraire Le Square, a opté pour une solution baptisée BiBook et mise en œuvre par le groupement De Marque-FeedBooks. La solution proposée par De Marque est son logiciel Cantook Station. Feedbooks joue le rôle de plateforme de distribution (cette société se positionne habituellement plutôt comme libraire en ligne).
    • Il ne faut pas oublier l’expérimentation de la communauté française de Belgique qui, sur un mode légèrement différent, développe l’interfaçage du catalogue collectif des bibliothèques francophones belges (Samarcande) avec PNB. La solution logicielle est développée par la société française W3Line. À noter que, dans ce projet, le catalogue mixe références physiques et numériques et qu’il est prévu de faire développer par les SIGB déployés sur le marché belge l’interfaçage du module de circulation avec PNB.

    deux déclinaisons de plateformes

    Il existe donc en France, pour le moment deux déclinaisons de ces plateformes. La première est celle mise en œuvre par ePagine et la société éditrice de logiciel Archimed dans le cadre de l’expérimentation PNB. On peut considérer qu’ePagine a été l’initiatrice de la démarche PNB. La seconde est celle du groupement Feedbooks et De Marque (et sa solution Cantook Station).

    D’autres plateformes, y compris conçues avec des briques open source et ouvertes, pourraient encore voir le jour si l’expérience PNB se révèle concluante.

    Laurent Soual
    Cofondateur de Doxulting

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