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Bibliothèques en mouvement : ces établissements qui innovent

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    Le Lilliad Learning Center Innovation de Lille, à découvrir dans l'un des articles de ce dossier. (Auer Weber/VIZE)
  • Sommaire du dossier :

    Tiraillées entre les demandes d’extension de leurs horaires et la question du prêt numérique, les bibliothèques se bougent pour faire évoluer autant leurs murs que la manière de les aménager et de les outiller. Dans les villes et sur les campus, elles restent des équipements phares dont la modernité s’exprime de différentes façons. Cela va de l’architecture et du design aux ambitions high tech, de l’automatisation aux aménagements durables. Avis d’expert et découvertes sur les lieux.

    Cela fait vingt ans que les bornes de prêt ont fait leur apparition dans les bibliothèques publiques françaises. En 1996, le premier automate était déployé par la société 3M au sein du service commun de la documentation de l'université de Lyon III.

    Depuis, ces bornes se sont multipliées et ont gagné en ergonomie. Plus faciles à manipuler, elles se sont également affinées pour s'intégrer plus facilement dans les salles de lecture. 

    Vingt ans plus tard, les usagers se les approprient avec plus ou moins de bonheur. Mais l'innovation ne s'arrête jamais. 

    Des bibliothèques travaillent déjà sur des applications qui pourraient bien remplacer les automates tels que nous les connaissons aujourd'hui. La bibliothèque nationale de Singapour, propose depuis 2014 à ses usagers de télécharger l'application NLB Mobile qui leur permet d'emprunter des documents "sans faire la queue au guichet". Il leur suffit de scanner le code barres apposé sur le document et le tour est joué ! Et l'institution singapourienne a pensé à tout : une fois le livre emprunté, le dispositif antivol est désactivé et l'emprunteur peut quitter la bibliothèque avec ses ouvrages sans déclencher les alarmes des portiques.

    Une bibliothèque née avec la génération Y

    L'avenir technologique des bibliothèques se joue-t-il à Singapour ? La cité-Etat asiatique fait en effet figure de précurseur en matière de services mobiles. La National Library Board (NLB) Singapore a développé un écosystème organisé autour d'un portail donnant accès à de nombreuses ressources documentaires numériques : 3 millions d'ouvrages en ligne, 132 bases de données, 2 200 journaux (en 54 langues) accessibles en ligne... 

    Quant à son application LiYP (Library in your pocket), elle offre de nombreux services aux lecteurs : catalogues, réservation de documents, alertes, informations pratiques mises à jour... La qualité de ce bouquet numérique ne doit rien au hasard et peut aisément s'expliquer : Singapour est l'un des pays les plus développés en matière de services numériques. Ses performances en matière de mobilité (smartphones, vitesse de connexion, pratiques numériques...) le placent parmi les mieux dotés du monde. Alors que la population ne s'élève qu'à 5,47 millions d'habitants, on compte 8,3 millions d'abonnements mobiles ! Soit un taux de pénétration de 152 %. Ce "dragon asiatique" est également très prospère et servi par une économie particulièrement dynamique. 

    La bibliothèque nationale, quant à elle, n'a été fondée qu'en 1995. Elle appartient donc à la génération Y des "digital natives" et porte dans son ADN un volet numérique très prononcé.

    Réalité augmentée et fab lab

    En France, les bibliothèques multiplient également les services numériques. A l'image de la bibliothèque de la Cité des sciences et de l'industrie qui a investi le terrain de la réalité augmentée. Certains ouvrages ont été enrichis de QR codes ou de technologie NFC qui permettent aux usagers, d'un simple scan, d'accéder à une vidéo de présentation réalisée par les équipes de la bibliothèque. 

    Celles-ci travaillent également à la création d'une application baptisée Mobilearn qui combine de la réalité augmentée et un forum collaboratif. Objectif : proposer un plan 3D afin de se repérer à l'intérieur de la bibliothèque et de naviguer dans les collections. 

    Autre réalisation novatrice de la Cité des sciences et de l'industrie, son fab lab accueille sur un plateau de 250 m² tous ceux qui souhaitent fabriquer un objet innovant. Les usagers peuvent, sans inscription, utiliser des outils traditionnels (marteaux, tournevis...), mais aussi des instruments plus onéreux comme des imprimantes 3D, des oscilloscopes ou une caméra thermique. 

    A ce jour, les bibliothèques sont encore peu nombreuses à héberger des fab labs, mais le débat fait désormais son chemin parmi les bibliothécaires.

    Confort en bibliothèque : et les odeurs ?

    Un autre débat divise les bibliothécaires : faut-il accepter des bars-restaurants dans l'enceinte même des bibliothèques ? 

    Certains établissements ont pris les devants en autorisant l'installation d'espaces de restauration : à Lyon, au Havre ou à Strasbourg, les usagers peuvent désormais grignoter ou déjeuner sur place. Mais les adversaires de cette mesure pointent les désagréments liés à la consommation de nourriture à proximité des collections.

    Et que penser de la question olfactive ? Odeurs corporelles, effluves chimiques, fumet de papier jauni... Les bibliothèques offrent des bouquets de parfums pour tous les goûts ! 

    Il est vrai que le lieu se prête aux arômes en tous genres. Entre l'hygiène approximative de certains usagers et la dégradation du papier, les expériences olfactives des usagers sont parfois éprouvantes. Et pour ne rien arranger, les produits chimiques destinés à l'entretien des bâtiments peuvent aussi se révéler nauséabonds. Il suffit d'ailleurs d'écouter ou de lire les témoignages des usagers sur les réseaux sociaux pour s'apercevoir que le confort olfactif n'est guère pris en considération par les bibliothèques.

    A l'exception de la British Library qui a développé un détecteur de molécules capable d'analyser les composés volatils dégagés par les livres anciens. Mais l'objectif de ce programme élaboré avec la société spécialisée Owlstone Nanotech est avant tout patrimonial : il s'agit de préserver les 14 millions de volumes de la vénérable bibliothèque britannique dont certains ont plus de 1 000 ans. Pour le plaisir olfactif, on repassera !


    + repères

    La BNF en route vers "une salle de lecture numérique"

    A l'ère du numérique, à quoi la Bibliothèque nationale de France doit-elle ressembler ? Les réponses se trouvent dans un document baptisé "Schéma numérique" publié au mois de mars dernier par la BNF. Parmi les axes de développement, figure "une salle de lecture numérique, partout et pour tous" qui aura pour vocation de donner accès aux documents physiques et aux ressources numériques.

    Ces espaces seront pourvus d'équipements en tous genres : connexion wifi, ordinateurs chargés de suites bureautiques et de logiciels spécialisés (montage vidéo, modélisation 3D, etc.), pôle de ressources documentaires sur le monde de l'entreprise... Et grâce à des outils dédiés à la reconnaissance optique de caractères (OCR), "les chercheurs et les lecteurs seront appelés à devenir de plus en plus acteurs de la consultation et de l’indexation des documents, préfigurant une économie du savoir plus collaborative".

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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