CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°385
Sommaire :
- Dossier : Bibliothèques : les tendances qui pourraient transformer leur futur
- Ce que l’IA peut apporter aux bibliothécaires
- La médiation en mode IA, mais sous conditions
- Lutte contre la désinformation : les bibliothécaires à l’avant-poste
- Les bibliothèques au temps des compressions budgétaires
- S’engager pour un avenir écologique
- Inclusion et accessibilité en bibliothèque : vers une démarche active
- Bibliothèques et tiers-lieux : un futur en commun
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Les bibliothèques n’ont pas attendu Donald Trump et ses fameux "alternative facts" pour s’emparer du sujet de la désinformation. "Quel que soit le type de bibliothèque, les professionnels ont les compétences au niveau de la sélection de l’information", affirme Élisabeth Noël, conservatrice en chef des bibliothèques et responsable des diplômes à l’Enssib. "Pourtant, ils ne se rendent pas toujours compte qu’ils sont légitimes. En matière d’éducation aux médias et à l’information (EMI), par exemple, certaines bibliothèques se tournent naturellement vers les journalistes. Il faut que nous assumions ce rôle !"
Pour Élisabeth Noël, qui dispense également une option EMI aux étudiants en master Science de l’information des bibliothèques, la formation des bibliothécaires sur le sujet est déjà bien établie depuis longtemps. "Le travail autour de la politique documentaire représente un axe réel de lutte contre la désinformation et continue de se développer", constate-t-elle.
Plan de classement, organisation des collections… Ces actions portent un message. "Notre rôle est et restera celui du regard critique sur la documentation dans notre pratique métier", confirme Frédérique Joannic-Seta, directrice de la bibliothèque universitaire Rennes 2 et vice-présidente de l’Association française des directeurs et personnels de direction des bibliothèques universitaires et de la documentation (ADBU).
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Regard critique, intégrité scientifique et IA
La remise en cause de la recherche scientifique fait aussi partie des enjeux de la lutte contre la désinformation. Là encore, les bibliothèques sont pleinement dans leur mission. En avril dernier, l’ADBU a publié une suite de recommandations afin d’agir pour l’intégrité scientifique. "Vu le contexte international, il est important que les bibliothèques se positionnent comme des garantes de l’intégrité scientifique, d’autant plus que nous sommes en contact permanent avec ceux qui font de la recherche", estime Jean-Marie Barbiche, responsable du département Appui à la recherche et Science ouverte à l’Université Paul Sabatier Toulouse III et membre de l’ADBU. "Il faut que les BU s’insèrent dans l’écosystème existant pour lutter contre la désinformation, mais aussi contre l’usurpation d’identité, la fraude ou encore l’infobésité…". Sensibilisation, formation, mise en réseau avec les acteurs déjà bien identifiés… Les propositions sont protéiformes et accessibles à tous.
Il est impossible d’aborder la désinformation sans mentionner l’intelligence artificielle, et plus précisément l’IA générative. Véritable challenge pour les bibliothèques, elle est aussi bien un nouvel outil qu’un vecteur de fake news.
Contrairement aux IA, point d’hallucinations ou de contre-vérités dans les collections des bibliothèques. "Il faut être fiers de nos collections et de la qualité de nos données", affirme Élisabeth Noël. "Nous avons besoin de nous acculturer", poursuit Jean-Marie Barbiche. "Si nous voulons former nos publics, nous devons y être aussi", ajoute Frédérique Joannic-Seta. "Les solutions ne se construisent pas seules : elles émergent à différents niveaux, notamment au sein de l’interprofession, où il est essentiel de réfléchir ensemble".
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Utopie 2050
- Le rêve de Jean-Marie Barbiche : "Une IA vertueuse au service de l’intégrité scientifique et, plus largement, qui soit capable de détecter les fausses informations ou les manipulations de données".
- Le rêve de Frédérique Joannic-Seta : "Que tout le monde puisse bénéficier d’une formation en compétences informationnelles".
- Le rêve d’Élisabeth Noël : "Que les bibliothécaires se rendent vraiment compte de leur valeur ajoutée dans la lutte contre la désinformation".