CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°385
Sommaire :
- Dossier : Bibliothèques : les tendances qui pourraient transformer leur futur
- Ce que l’IA peut apporter aux bibliothécaires
- La médiation en mode IA, mais sous conditions
- Lutte contre la désinformation : les bibliothécaires à l’avant-poste
- Les bibliothèques au temps des compressions budgétaires
- S’engager pour un avenir écologique
- Inclusion et accessibilité en bibliothèque : vers une démarche active
- Bibliothèques et tiers-lieux : un futur en commun
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Au mois d’avril dernier, les usagers de la médiathèque Saint-Exupéry, à Toulouse (Haute-Garonne), se mobilisaient contre la fermeture de leur établissement. Une fermeture décidée par la municipalité, qui s’ajoute aux coupes budgétaires et à la réduction des horaires d’ouverture déjà enclenchées.
Situation similaire à Paris, où les syndicats protestent régulièrement contre les restrictions budgétaires visant les acquisitions de documents. La capitale ne songe pourtant pas à fermer l’une des 58 bibliothèques de prêt et des 15 bibliothèques patrimoniales et spécialisées de son réseau, mais les critiques pleuvent sur les salaires trop bas, les locaux délabrés et le manque de création de postes.
Même au sein de la vénérable Bibliothèque nationale de France (BnF), la colère gronde : "les budgets de la BnF ne sont toujours pas à la hauteur des besoins", estime la CGT, qui recense "plus de 300 emplois déjà détruits".
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Opération de déplastification
Alors que le climat économique en cours n’incite guère à l’optimisme, les bibliothécaires sont invités à se poser une question : comment faire autant avec moins ? La mutualisation des achats ou des abonnements entre bibliothèques apparaît comme un premier moyen d’économies. Surtout lorsqu’il est complété par la participation à des consortiums afin de négocier de meilleurs tarifs. Même s’ils sont encore peu nombreux, des rapprochements entre bibliothèques municipales et universitaires ont déjà été observés à Valence (Drôme), à Châteauroux (Indre), à Troyes (Aube)…
Autre initiative, la Direction de la lecture publique de Savoie et Haute-Savoie a pris la décision de cesser la couverture plastique totale des ouvrages en 2023. Une opération de déplastification qui a généré une économie de 27 000 euros dès l’année suivante. Initialement motivée par des préoccupations écologiques, cette décision apparaît aussi comme un levier de réduction des dépenses.
Le plaidoyer institutionnel est également une voie traditionnelle pour les bibliothécaires et leurs organisations qui souhaitent défendre le rôle social et culturel des bibliothèques auprès de leur tutelle. Dans le cas des bibliothèques municipales, certains maires y attachent plus d’importance que d’autres.
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Des dons de l’ordre de dix euros
Comme de nombreuses institutions culturelles, la BnF lance régulièrement des appels aux dons auprès des entreprises, des fondations et des particuliers. Résultat : ces levées de fonds lui ont permis de financer des acquisitions ainsi que des chantiers de numérisation. Pour la seule année 2024, une quinzaine d’acquisitions ont ainsi été réalisées : une édition imprimée de la mise en prose du poème de "Baudoin de Flandres", le manuscrit du "Dictionnaire abrégé touareg-français" de Charles de Foucauld… En 2019, c’est la numérisation en 3D de 22 objets précieux du département des Monnaies qui a été financée grâce aux dons.
Dans un entretien qu’elle avait accordé à Archimag en 2017, l’ancienne présidente de la BnF, Laurence Engel, expliquait que "les profils des donateurs sont variés, mais ils présentent un point commun : l’attachement au patrimoine et aux bibliothèques. Nous recevons des dons de montants très différents, propositions modestes, de l’ordre de dix euros. Ces dons sont accompagnés de petits mots qui témoignent de cette relation intime que les usagers tissent avec leur bibliothèque. Le mécénat, c’est aussi un accord, un partage de valeur".
Les levées de fonds et les financements alternatifs sont à la portée d’une institution prestigieuse, comme la Bibliothèque nationale de France. Sa notoriété et son rayonnement étant de solides leviers pour convaincre les entreprises et les particuliers de verser leur obole. La BnF dispose par ailleurs des ressources humaines nécessaires pour lancer et suivre ces campagnes de financement. Reste une question : qu’en est-il pour les 15 500 bibliothèques de France ?