Sommaire du dossier :
- Réinventer la veille : diversifier ses compétences pour survivre
- Veilleur, un emploi en mode proactif de 17 000 à 35 000 euros par an
- Où en est la veille aujourd'hui : l'offre, la demande et les outils
- Les 7 erreurs de la veille (et comment les éviter)
- Google vs Qwant : un combat stratégique
- Crédit Agricole : la veille en mode décentralisé
Frédéric Martinet, fondateur d'Actulligence Consulting et consultant en veille stratégique et intelligence économique, fait un état des lieux de la veille aujourd'hui. Tour d'horizon des différents types de professionnels, des attentes des entreprises et des outils dédiés aux projets de veille.
Où en est la veille aujourd'hui ?
Plus de 20 ans après le rapport Martre, la veille reste une fonction sous-valorisée dans de trop nombreuses entreprises. Le taux d’adoption de ce métier en PME reste marginal et cette fonction est trop souvent focalisée sur la veille soit purement technologique, soit purement commerciale. Je n’entends encore que trop souvent de longs débats sur le retour sur investissement de la veille… Seul le marché de la veille réseaux sociaux (social media listening) a vraiment trouvé sa place, mais là aussi très souvent surtout au sein des grands comptes grâce à une croissance vertigineuse du user generated content, du nombre d’utilisateurs, mais également d’une offre logicielle en social media listening dynamique et innovante.
Quelles sont les attentes des entreprises en matière de veille ?
Tout dépend de la taille et aussi de la situation de l'entreprise. Dans les petites entreprises la priorité sera donnée à trouver de nouvelles opportunités commerciales, ou à assurer une toute relative compétitivité technologique ou bien encore à assurer les obligations légales minimales de veille (sur le réglementaire et juridique par exemple).
Dans les grandes entreprises, en situation de tension, la veille reste une activité support qui fait souvent l’objet d’arbitrages budgétaires défavorables. Les entreprises ayant adopté une veille efficace s’attendent surtout à ce que cette dernière leur permettre de s’intégrer pleinement dans des schémas décisionnels récurrents (plan de développement et d’innovation annuel, évaluation des unités à produire) ou des obligations réglementaires. Toutes les entreprises rêvent d’une veille prédictive permettant détection des signaux faibles et anticipation des jeux des concurrents.
Les entreprises sont-elles prêtes à créer un poste de veilleur en interne ou préfèrent-elles externaliser cette activité auprès d'un cabinet spécialisé ?
Ce n’est qu’une perception non chiffrée de ce que je peux lire, mais il me semble que la création de postes de veilleurs s’est faite rare. Actuellement les entreprises mettent l’accent sur le volet analyse (business analyst, par exemple), mais aussi sur les aspects statistiques et prédictifs (data scientist). Le recours à des cabinets externes se fait principalement sur des études et des états de l’art ou sur des veilles sectorielles dans lesquels certains acteurs du marché ont acquis une compétence ciblée leur permettant de faire plus que simplement collecter et passer l’information.
L'activité de veille est-elle aujourd'hui assurée par des veilleurs professionnels ou bien déléguée à d'autres métiers (ingénieurs, juristes, employés...) qui doivent veiller sur leur propre domaine de compétence ?
Indéniablement, certains types de veille sont étroitement liés à la compétence métier. Ainsi, la veille juridique, la veille réglementaire ou la veille technologique sont principalement assurées par des personnels qualifiés ayant la capacité à comprendre le fond d’une information et à en évaluer la portée. La veille environnementale, sectorielle, concurrentielle peut être confiée à des personnes ayant une compétence en recherche et analyse informationnelle et qui peaufineront leur connaissance du secteur.
Quelles ont été les dernières innovations, ces trois dernières années, des logiciels dédiés à la veille ?
Les innovations dans le secteur logiciel ont été assez évidentes sur deux axes. Tout d'abord, les outils de social media listening ont amélioré leur interface, leurs options, ont intégré des connecteurs de plus en plus nombreux sur les API des détenteurs d’informations (Twitter en tête, Instagram, Facebook plus difficilement, mais aussi des fournisseurs tiers de fils de news ou de billets de blogs). Ensuite, les outils prédictifs tels que Palantir se sont spécialisés dans l’intégration de data sets en temps réel et la construction de modèles prédictifs dans la finance, la sécurité intérieure, la pharmacovigilance, etc
Et du côté des acteurs historiques de la veille ?
Des acteurs historiques de la veille ont entamé des refontes assez profondes de leur ergonomie : Digimind qui commence à intégrer l’ergonomie de Digimind Social dans Digimind Intelligence, KB Crawl qui a maintenant finalisé la refonte complète de son moteur de Crawl et redéveloppé une plateforme de publication et partage modernisée, et Ami qui annonce une roadmap assez importante en terme d’évolution. Ces évolutions et cette modernisation de ces logiciels pourraient offrir une fraîcheur bienvenue alors que peu – voire pas – de nouveaux acteurs se sont positionnées sur ce créneau du monitoring de site web généraliste.