Margrethe Vestager, une "Reine viking" à la tête du numérique européen

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    Margrethe Vestager, la nouvelle commissaire européenne en charge du numérique (Commission européenne)
  • Auditionnée hier par les eurodéputés, la nouvelle commissaire européenne en charge du numérique entend livrer un combat implacable contre les Gafa. Son agenda est déjà bien chargé : intelligence artificielle, fiscalité des géants du web, rémunérations des petites mains du numérique...

    En 2016, elle avait demandé à Apple le remboursement d’une somme de 13 milliards d’euros à l’Etat irlandais. En 2017, elle avait infligé une amende de 2,42 milliards d'euros à Google pour abus de position dominante de son moteur de recherche. En 2018, elle prononçait une nouvelle sanction de 4,34 milliards d'euros contre le même Google, mais cette fois-ci pour abus de position dominante du système d'exploitation Android. Au total, Margrethe Vestager aura infligé 18,9 milliards d’euros d’amendes pour pratiques abusives tout au long des cinq années (2014-2019) qu’elle a passées à la tête de la Commission à la concurrence.

    Avec un tel tableau de chasse, Margrethe Vestager passe par une indomptable Européenne auprès des géants californiens de la filière numérique. Ces derniers auront désormais l’occasion de la connaître encore mieux puisque Margrethe Vestager cumule désormais les charges du numérique et de la concurrence. Après son audition devant les eurodéputés, elle devrait entrer officiellement en fonction dans les jours qui viennent.

    La “reine Viking” 

    Cette Danoise, née en 1968, affiche un tempérament bien trempé qui lui a valu plusieurs sobriquets : “la reine Viking”, “la Valkyrie”, “la dame de fer”... Il y a deux ans, elle était même présentée comme “la deuxième femme la plus puissante d’Europe” après Angela Merkel. Diplômée en économie de l'université de Copenhague, elle est passée par plusieurs ministères au Danemark (Finances, Education, Intérieur…) avant d’intégrer la Commission européenne en 2014.

    Elle cumule désormais les charges de la concurrence et du numérique soit deux chantiers qui ne lui laisseront pas le temps de souffler. Sur le volet numérique, on connaît déjà les grandes lignes de son agenda. Margrethe Vestager devra en premier lieu plancher sur l’intelligence artificielle. Devant les eurodéputés elle a plaidé pour “une intelligence artificielle en laquelle on puisse avoir confiance”. 100 jours : c’est le délai qui lui a été imparti pour présenter un programme IA capable d’entraîner l’Union européenne sur la voie de la souveraineté dans le domaine de l’intelligence artificielle. 

    Alignement sur Paris pour la fiscalité des Gafa

    La fiscalité des géants du numérique figure également au menu de sa mission. C’est peu dire qu’elle connaît bien le dossier, elle qui a infligé des amendes record aux Gafa. Il se pourrait même que la nouvelle commissaire passe la vitesse supérieure en matière de taxation. Au mois d’avril dernier, Margrethe Vestager estimait en effet que “la France avait ouvert la voie à emprunter” après que le gouvernement français eut décidé d’instaurer une “taxe Gafa”. Arrivera-t-elle à convaincre les autres Etats membres ? Rien n’est moins sûr. Car en matière de fiscalité, les 28 Etats de l’Union européenne doivent voter à l'unanimité les textes qui lui sont soumis. Et des pays qui hébergent les sièges des géants du web ne sont pas prêts à alourdir la fiscalité qui pèse sur ces entreprises. C’est notamment le cas de l’Irlande et de sa fiscalité avantageuse.

    Précarité des “petites mains du numérique”

    Devant les eurodéputés, Margrethe Vestager a également évoqué le sort des petites mains du numérique et plaidé pour une hausse de leur rémunération. Ces micro-travailleurs se livrent à des tâches fragmentées et peu rémunérées : classer des photographies, répondre à des sondages en ligne, modérer des contenus, identifier ou nommer des objets sur des images, transcrire des factures, traduire des morceaux de texte… Ils seraient 330 000 rien qu’en France. Selon une étude menée par l’Institut interdisciplinaire de l’innovation, “cette nouvelle forme de mise au travail des populations pousse à l’extrême les logiques de précarité et d’exclusion déjà constatées dans le cadre du vaste débat public et des contentieux légaux autour du statut des travailleurs uberisés".

    Là aussi, la nouvelle commissaire aura du pain sur la planche pour convaincre les plateformes de fixer une rémunération minimale.

    L’audition de Margrethe Vestager doit maintenant être suivie d’un vote d’approbation finale. La nouvelle Commission devrait entrer en fonction au début du mois de novembre prochain.

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