Diplômes, emploi, chômage, salaires... La dernière étude de l'Association des archivistes français dresse un bilan mi figue-mi raisin sur la situation professionnelle des archivistes en France.
Après deux précédentes enquêtes menées en 2005 et en 2009 (1), l'Association des archivistes français (AAF) et un collectif d'associations (2) viennent de livrer les résultats de leur troisième étude consacrée à l'insertion professionnelle des archivistes. L'analyse de 685 questionnaires permet "de dresser un panorama du milieu dans lequel évoluent les professionnels des archives aujourd'hui" souligne l'AAF.
Premier enseignement, les archivistes disposent d'une formation solide. Un tiers des répondants (32 %) ayant une formation initiale en archivistique sont déjà diplômé d'un niveau bac + 5 avant l'intégration de cette formation. Un quart d'entre eux (24 %) sont diplômés d'un niveau bac + 3 et un autre quart (26 %) peut se prévaloir d'un niveau bac + 4. Pour l'immense majorité d'entre eux (83 %), les archivistes ont suivi un cursus universitaire dans la filière Histoire loin devant des études en documentation-métiers du livre (8 %), en histoire de l'art (6 %) et en langues (3 %).
Une insertion plus rapide pour les bac + 5
Après l'achèvement de leurs études, les jeunes archivistes ne sont toutefois pas égaux devant l'accès à l'emploi. "Les diplômés de niveau bac + 5 semblent s'insérer plus rapidement dans la profession puisque plus des deux tiers d'entre eux (67,06 %) ont trouvé en emploi d'archiviste dans les trois mois suivant l'obtention du diplômé" précise l'AAF. Ce taux descend à 57, 5 % pour les bac + 3. "Nombre d'offres d'emploi témoignent d'une volonté des employeurs d'embaucher des diplômés de formations longues" constatent les auteurs de l'étude.
Bonne nouvelle pour les archivistes : le taux de chômage des diplômés est inférieur à 4 %. Il était de 8 % en 2009 et de 12 % en 2005 ! Et les archivistes en recherche d'emploi ne sont pas les plus mal lotis : leur période de chômage est "très réduite" pour la majorité des diplômés et dépasse rarement une année.
Stabilité et précarité de l'emploi
Une fois en poste, les archivistes sont sur de bons rails puisque 63 % disent être "en position de stabilité". Un taux très nettement supérieur à celui relevé par l'enquête de 2005 (29 %) mais inférieur à celui de 2009 (74 %). A contrario, 37 % des archivistes se trouvent en situation de précarité c'est-à-dire liés à leur employeur par un simple contrat à durée déterminée. Les CDD de moins d'un an représentent 75 % des contrats alors que les CDD entre 1 et 3 ans atteignent 17 %. Plus confortables, les CDD supérieurs à trois ans ne représentent que 8 % des contrats.
Sans surprise, le secteur public apparaît comme le plus important pourvoyeur d'emplois avec 85 % des répondants. Notons cependant que ce taux atteignait 92 % lors de l'enquête menée en 2005. Au sein du service public, les postes se trouvent majoritairement dans les collectivités (42 %) et dans les EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) avec 27 %. L'Etat central ne représente que 12 % des emplois... à égalité avec le secteur privé.
Un archiviste ne fait pas fortune !
Côté rémunération, les archivistes ne sont pas près de payer l'impôt sur la fortune ! En 2015, le salaire moyen net des répondants travaillant dans le secteur public se situait dans un intervalle compris entre 1501 et 1900 euros (hors primes éventuelles). Et s'ils ne représentent que 12 % des archivistes, ceux qui travaillent dans le privé sont logés à meilleure enseigne. Le salaire moyen y est compris entre 1901 et 2300 euros.
La comparaison hommes/femmes fait apparaître un écart de salaire qui est cependant "un peu moins marqué que dans la plupart des autres professions". Le salaire moyen masculin est compris entre 1901 euros et 2300 euros contre une fourchette de 1501/1900 euros pour les femmes. Cet écart s'explique en partie par la plus grande proportion d'hommes dans les tranches élevées de salaires.
Enfin, les archivistes apparaissent comme de grands consommateurs de formation continue. L'étude de l'AAF recense "une forte demande" des professionnels de l'archivage. Plus de 70 % d'entre eux ont exprimé le souhait de suivre des formations et plus de 60 % ont effectivement bénéficié d'une ou de plusieurs formations. Numérisation oblige, la grande majorité des souhaits de formation porte sur l'archivage électronique et le records management.
Moyennement rémunérés, (très) diplômés, et plutôt épargnés par le chômage, les archivistes ne sont pas les plus à plaindre. Mais "ils ressentent le besoin de s'exprimer sur les bonheurs et difficultés de nos métiers" constate l'AAF...
Voir également le "Baromètre 2016 emploi et compétences" réalisé par Archimag qui analyse l'évolution des métiers de l'information : archives, bibliothèque, data, veille, documentation, community management...
(1) L'enquête de 2005 a été menée par le Collectif A8. L'enquête de 2009 a été menée par l'AAF et le Collectif A8.
(2) AedAmu, ADEDA 78, ADAL, AEDAA, ADELITAD, Picarchives, Arca-Lille.