privilégier l'accès aux documents, s'affranchir du support

 

Michel Fingerhut est directeur de la médiathèque de l’Institut de recherche et coordination acoustique-musique. Il mène une réflexion sur le thème de l’accès aux documents physiques et numériques, et considère que l’ordinateur « n’est qu’une fenêtre, la plus transparente possible, entre le visiteur et le document recherché ».

Archimag - Quelles sont les spécificités de la médiathèque de l’Ircam et quel est votre public ?
 
Michel Fingerhut - la création de la médiathèque remonte à 1995, lorsque l’Ircam [Institut de recherche et coordination acoustique-musique] a décidé de transformer la bibliothèque en médiathèque en y ajoutant les archivesi sonores de l’Ircam, un fonds de films documentaires sur la musique contemporaine, des bases de données…Le tout de façon intégrée. Dès 1995, nous avons inséré des ressources numériques et une interfacei tout HTMLi.
 
En 1995, vous étiez des précurseurs…
 
En effet, ce n’était pas répandu du tout ! Je me plaçais dans la position du lecteur voulant accéder facilement à des contenus sans connaître les méthodes et le vocabulaire du catalogagenotices forme un catalogue">i. Ensuite, nous avons collecté d’autres documents : archives de la production scientifique et musicale de l’Institut et de ses évènements – concerts, colloques, formation. Notre fonds documentaire spécialisé va bien au-delà de la stricte production de l’Ircam. Il propose au lecteur des livres, des partitions, des archives sonores et des bases de données multimédias internes et externes. La médiathèque est ouverte à tous les publics. Elle est majoritairement fréquentée par des lecteurs extérieurs à l’institution.
 
L’Ircam a récemment mis en ligne un portaili de la musique contemporaine. Que propose ce portail ?
 
Je portais cette idée de portail depuis 1995 ! Mon idée était de réaliser un catalogueListe des notices bibliographiques des documents que possède une bibliothèque. Il permet aux usagers et aux bibliothécaires de vérifier la disponibilité d’un document ainsi que de repérer des documents par auteur, titre, sujet, etc.">i commun avec deux autres institutions. Le projet actuel, réalisé avec l’aide de la Sacem (Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique) et du ministère de la Culture et de la Communication, a été conjointement mené par l’Ircam et le CDMC (Centre de documentationi de la musique contemporaine) en partenariat avec d’autres institutions : Cité de la musique, conservatoire de Paris, Ensemble intercontemporain, médiathèque musicale Mahler. L’objectif est de numériser différentes ressources – enregistrements sonores, manuscrits, films, programmes… –, d’offrir un accès aux documents numérisés et de localiser ceux qui ne le sont pas encore. En effet, certains documents, telles les partitions, ne sont pas systématiquement numérisés. Huit autres partenaires sont en cours d’intégration dans leportail depuis le début de l’année. Nous espérons que d’autres nous rejoindront ultérieurement.
 
Comment fonctionne ce portail ?
 
Il fonctionne sur le principe de l’OAI (Open Archive Initiative) et moissonne les informations proposées par les sites des différentes institutions contributives. L’internaute peut ainsi savoir où se trouvent les documents recherchés. Mais ce site n’est pas qu’un simple portail documentaire; c’est également un portail de ressources avec des informations sur les concerts et d’autres événements à venir. Les internautes peuvent également écouter un extrait ou l’intégralité d’une oeuvre en vertu des accords passés avec les sociétés de gestion de droits. La recherche peut être effectuée selon plusieurs critères : genre musical, compositeur et support.
 
La médiathèque de l’Ircam propose également une plate-forme de veille Intelligence économique.  ">i dédiée à la musique et à la technologie. Le monde de la musique est-il sensibilisé au partage de l’information ?
 
La musique est une forme de communication. Elle a besoin de gens qui l’écrivent et de gens qui l’écoutent. L’Ircam possède un département recherche et développement particulièrement sensibilisé à l’échange d’informations. L’idée de cette plate-forme remonte à 1993, lorsque j’avais créé une veille technologique, d’abord sur un support papier puis sur internet">i. La plate-forme actuelle de veille interroge périodiquement les flux RSSi de sites musicaux, technologiques et culturels et les propose aux internautes selon des catégories prédéterminées : acoustique, brevets, musicologie, bibliothèques.
 
Agrégez-vous également des blogs ?
 
Non, la plate-forme agrège prioritairement des sites de médias, d’édition scientifique, de brevets en acoustique, des sites institutionnels.
 
Vous êtes également testeur d’Europeana, la future bibliothèque numérique européenne. En quoi consiste cette activité ?
 
Je suis associé à Europeana en tant que membre d’un groupe de travail dédié aux sciences de l’information, à l’analyse sémantique et à l’analyse de contenus. L’objectif du projet est de faciliter la navigation au sein d’Europeana et de pouvoir rebondir d’un concept à l’autre via les ontologies et les cartes thématiques, plutôt que de proposer uniquement un simple catalogue général de titres. Ainsi, on envisage d’y permettre la recherche de contenu par similarité.
 
Europeana sera officiellement lancée au mois de novembre prochain . Que pourrons-nous y trouver ?
 
Le prototype d’Europeana en ligne au mois de novembre proposera, dans un premier temps, au moins deux millionsde documents. J’espère d’ailleurs qu’ilcomprendra aussi les documents proposés par le portail des ressources de la musique contemporaine dont je viens de parler. Des instruments de recherche multilingues permettront d’accéder à des contenus texte, audio et vidéo. En cela, Europeana se démarque de la recherche de livres de Google, ne proposant que des contenus textuels. Europeana continuera de faire l’objet d’améliorations en termes de fonctionnalités, d’accès à l’information et de participation et de contribution de la part des internautes. Voilà un vaste champi d’expérimentations…
 
institution

L’Institut de recherche et coordination acoustique-musique (Ircam ) a été créé en1969 sous l’impulsion de Georges Pompidou. Placé sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication, l’Ircam mène de front des activités dans les domaines de la musique, des sciences et de la technologie avec l’ambition de « renouer les relations entre art et science ». Les activités de l’institution sont nombreuses : concerts, colloques, formation, édition…La médiathèque de l’Ircam a été inaugurée le 13 juin 1996, au terme d’un projet d’informatisationSIGB).">i qui aura duré un an. Elle est accessible à tous les publics et animée par une équipe de trois personnes.
www.ircam.fr

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Pour cet épisode spécial Documation, nous nous sommes penchés sur une autre grande tendance de l'année 2024 : la cybersécurité, et plus particulièrement la sécurité dans le domaine de la gestion des données. La protection des données contre les menaces internes et externes est non seulement cruciale pour garantir la confidentialité, l'intégrité et la disponibilité des données, mais aussi pour maintenir la confiance des clients. Julien Baudry, directeur du développement chez Doxallia, Christophe Bastard, directeur marketing chez Efalia, et Olivier Rajzman, directeur commercial de DocuWare France, nous apportent leurs éclairages sur le sujet.