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Transition bibliographique : 7 ans plus tard, où en sommes-nous ?

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    Le dernier salon professionnel de l’Abes (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) s’est tenu à Montpellier les 21 et 22 juin 2022. (Fabien Carré-Marillonnet)
  • Souvenez-vous : en 2015, l’Abes (Agence bibliographique de l’enseignement supérieur) et la BnF (Bibliothèque nationale de France) s’alliaient pour lancer le programme « Transition bibliographique », visant à accompagner les bibliothèques françaises dans la promotion de leurs collections sur le web. Objectif atteint ? Les réponses.

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    La chaleur de Montpellier n’a pas empêché 21 organismes (parmi lesquels Gale, OCLC, Cairn.info ou ProQuest) de répondre à l’appel de l’Abes, qui organisait les 21 et 22 juin derniers son salon professionnel. Plus de 400 professionnels ont suivi les conférences consacrées à deux axes majeurs : l’exposition des données des catalogues hors du système d’information de l’Abes ainsi que le traitement et le signalement des collections de publications en série (revues et périodiques).

    Placée sous le signe des retrouvailles en présentiel, cette édition a surtout été l’occasion de revenir sur un projet majeur mené conjointement par l’Abes et la BnF : la transition bibliographique.

    Lire aussi : Data, catalogage & transition bibliographique : retour sur les Journées Abes !

    Bien loin d’être une simple tendance, elle a pour objectif de mettre en œuvre la transformation des pratiques de catalogage, s’appuyant pour ce faire sur 3 groupes de travail portant sur la formation, la normalisation et les systèmes et données.

    « On peut présenter la transition bibliographique simplement en expliquant que c’est une façon d’exprimer les métadonnées décrivant les documents sous forme d’entités et de relations. Cela fait presque 15 ans maintenant que les communautés de professionnels y travaillent, dans un monde de la documentation où tout est en transition. Nous avons le projet de partager les données de nos catalogues pour créer de nouveaux services. C’est au-delà de la transition bibliographique : il s’agit de créer des données riches, liées et accessibles à tous et sur lesquelles chacun peut s’appuyer pour les enrichir et développer de nouveaux services, de nouvelles activités, de nouvelles industries », indique David Aymonin, directeur de l’Abes.

    Des tendances qui divergent sur le terrain

    Particulièrement ambitieuse, la transition bibliographique n’est toutefois pas appréhendée de la même façon par tous les acteurs qu’elle embarque.

    « C’est un travail de longue haleine, mais il y a des tendances contradictoires, pas encore toutes résolues. On constate actuellement que différents formats de données et différents modèles économiques s’opposent », observe David Aymonin. « Récemment, des sociétés commerciales et des éditeurs scientifiques ont décidé de proposer des données bibliographiques en accès gratuit. Il y a quelques années, l’argument c’était plutôt de vendre un système avec des données, sans possibilité de les dissocier. C’est un phénomène relativement nouveau, et d’autres fournisseurs de données “historiques” n’ont pas changé leur modèle et parient encore sur des données riches, mais payantes. »

    Afin d’aider les métiers (archivistes, bibliothécaires, documentalistes, éditeurs, etc.) à accélérer le mouvement et à prendre part à ces évolutions technologiques, nombreux sont les organismes à avoir lancé des initiatives diverses. Parmi eux, la coopérative mondiale OCLC, qui a présenté la nouvelle version de sa base WorldCat lors des Journées Abes, a notamment mis en place la plateforme SEMI (Shared identity management infrastructure), censée booster la visibilité des bibliothèques en les interconnectant via une infrastructure de gestion de données partagées.

    Plus globalement, les sujets liés à la transition bibliographique occupent le devant de la scène depuis plusieurs années en France. Pour autant, historiquement, ce sont plutôt sur des modèles anglo-saxons que les groupes de travail du programme mis en place par l’Abes et la BnF s’appuient pour élaborer des règles de catalogage partagées dans l’enseignement supérieur.

    S’appuyer sur les travaux du passé…

    Établis en 1961, les Principes de Paris constituent le socle du cadre normatif autour du catalogage, ayant pour ambition d’harmoniser les pratiques en la matière au niveau international. Ces principes concernent alors tout particulièrement les œuvres textuelles et précisent notamment les fonctions du catalogue, sa structure, ou encore les types et l’utilisation des notices.

    Ce n’est qu’en 1969 qu’est décidée l’élaboration d’un cadre normatif autour des descriptions bibliographiques à l’international.

    Lire aussi : Transition bibliographique : la revanche des données ?

    « Dans les années 70, les premiers corpus de l’ISBD (International standard bibliographic description, élaborée par l’IFLA, Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques) ont été publiés. En France, nous sommes partis des ISBD traduits et adaptés pour lancer le développement de normes Afnor. L’idée était d’aller plus loin dans le détail et de déterminer des ensembles de règles non traitées par les ISBD », rappelle Yves Desrichard, responsable du service Ressources Continues de l’Abes.

    « Des normes sont en construction depuis les années 70 afin d’aboutir à un catalogage partagé dans l’enseignement supérieur ; cependant, les catalogueurs étaient en pleine transition bibliographique depuis longtemps », ajoute Sylvain Giat, du CR 27 Sciences juridiques, économiques et politiques hébergé par la bibliothèque interuniversitaire Cujas. « Des principes internationaux de catalogage ont été lancés en 2009, avec un modèle IFLA-LRM établi en 2017, en attendant le code RDA-Fr. »

    … Pour élaborer les normes de demain

    Le corpus RDA-Fr, justement, découle directement du modèle RDA (Ressources : Description et Accès), qui consiste lui-même en un corpus de règles de description et d’accessibilité conformes au modèle IFLA-LRM établi par la Fédération internationale des associations et institutions de bibliothèques.

    Ce modèle anglo-saxon est cependant loin de faire l’unanimité, jugé incomplet et divergent avec le modèle français ; d’où l’élaboration du modèle RDA-Fr par le groupe Normalisation « RDA en France » du programme « Transition bibliographique ».

    Lire aussi : Les bibliothèques françaises dans Worldcat : l'Abes souhaite une concertation avec la Bnf et OCLC

    « De nombreux travaux sont en cours pour faire avancer le projet RDA-Fr. Le modèle IFLA-LRM constitue un socle pour l’élaboration du catalogage. Il a été publié en décembre 2017 et traduit en français en août 2021. Il vaut pour l’ensemble des ressources, créations intellectuelles ou artistiques, mais ce modèle est inadapté, notamment en ce qui concerne les questions des éditions des ressources continues. Le RDA-Fr n’a donc pas vocation à être la transposition du code RDA », souligne Philippe Cantié, de l’ISSN France.

    « Il y a une organisation générale des groupes de normalisation. En ce qui concerne les données bibliographiques, les travaux se répartissent en deux couples d’entités : manifestation-item et œuvre-expression », poursuit Philippe Cantié. « La manifestation a été la première entité à être examinée ; elle concerne tous les types de ressources. Des travaux ont déjà été publiés, avec une mise à jour datant de 2021. Quatre chapitres sont consacrés à la manifestation, dans des états d’achèvement variés. En revanche, pour ce qui est de l’item, les travaux commencent à peine. »

    Et pour le moment ?

    En attendant l’apparition du code RDA-Fr (dont la conception est à mi-chemin, selon l’Abes), le catalogage reste encadré par le fascicule de documentation FD Z44-063 (Documentation — Catalogage des ressources continues — Rédaction de la description bibliographique) et par le manuel ISSN (International Standard Serial Number, ou Numéro international normalisé des publications en série).

    Quant au modèle IFLA-LRM, pourtant jugé inadapté aux ressources continues, force est de constater qu’il sert toujours de référence… en attendant mieux, c’est-à-dire un modèle traitant tous les types de ressources de manière uniforme.

    « RDA est basé sur des entités et des relations. C’est un modèle global. Il me semble que cela aurait été difficile d’appliquer aux ressources continues un modèle différent des autres ressources », conclut Philippe Cantié.
    Pour suivre les avancées des travaux du groupe Normalisation « RDA en France » autour du code RDA-Fr, rendez-vous sur le site

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