Alors que l’environnement économique reste désespérément atone, les éditeurs français de logiciels parviennent à tirer leur épingle du jeu. Avec une croissance globale de 7,4 % en 2024, ils s’en sortent bien mieux que d’autres secteurs même si cette croissance est moins élevée qu’en 2023 (9,1 %).
Comme chaque année depuis quinze ans, l’étude annuelle menée par le syndicat professionnel Numeum et le cabinet EY prend le pouls de la filière numérique française. Le chiffre d’affaires constaté en 2024 s’établit à 23,1 milliards d’euros et présente une particularité : plus de la moitié est désormais réalisée à l’international à parts quasiment égales entre les Amériques et le reste du monde (hors Asie).
“Ce chiffre est relativement stable depuis sept ans” précisent les auteurs de l’étude ; “il cache toutefois de fortes disparités car l’internationalisation repose surtout sur quelques géants”. C’est ainsi que Dassault Systèmes, Criteo et Ubisoft réalisent à eux trois près de 9 milliards de chiffres d’affaires à l’international.
Quand les logiciels agissent de manière autonome
Sans surprise, l’intelligence artificielle est devenue une brique incontournable pour les éditeurs qui en font d’ailleurs le premier axe de leur développement. 61 % des entreprises interrogées déclarent avoir déjà intégré l’IA dans leurs solutions et 25 % prévoient de le faire au cours des douze prochains mois. “Cette adoption rapide illustre la montée en puissance de cette technologie dans les stratégies produit” constate l’étude. Plus surprenant, la formation des salariés à l’usage de l’IA générative accuse un certain retard avec seulement 27 % des entreprises ayant formé plus de la moitié de leur personnel.
Autre enseignement, les éditeurs restent très majoritairement dépendants de solutions tierces. 76 % d’entre eux achètent des modèles sur étagère et seulement 24 % développent leur propre IA générative.
Logiciels documentaires
“Au-delà des chiffres, un nouveau cycle technologique s’ouvre” estime Jean-Philippe Couturier, président du collège “Editeurs” au sein de Numeum. Après deux décennies marquées par le cloud et le SaaS, le secteur entre désormais dans l’ère de l’agentique : “celle où les systèmes logiciels ne se contentent plus d’automatiser, mais apprennent, planifient et agissent de manière autonome”. Ce basculement vers l’IA agentique devrait avoir pour conséquence d’affecter le produit logiciel dans son intégralité : de la conception technique à la relation client, de la gouvernance à la distribution.
L’étude Numeum / EY a également procédé au classement des 250 premiers éditeurs français à la lumière de leur chiffre d’affaires. Indétrônable numéro un, Dassault Système affiche un CA supérieur à 6,2 milliards d’euros loin devant Ubisoft Entertainement et Criteo (environ 1,8 milliard d’euros chacun). Il faut aller à la douzième place pour trouver un acteur du logiciel documentaire avec Docaposte (numérisation de documents, archivage électronique, signature électronique…) qui représente 879,4 millions d’euros.
Viennent ensuite Quadient (facturation électronique, gestion de courrier…) à la 17ème place puis ChapsVision à la 26ème place (analyse de données, traduction automatique, détection de fraude…) et Tessi à la 68ème place (archivage électronique, gestion électronique de documents…). Plus loin dans le classement, apparaissent Divalto, Itesoft, Klee Group, Jalios, Neoledge, OpenBee, Archimed, Jamespot et Kentika.
Le classement Numeum / EY est réalisé auprès d’éditeurs de logiciels exclusivement français sur la base du chiffre d’affaires correspondant à l’activité mondiale. Il écarte de fait les filiales françaises de groupes étrangers.









