La gouvernance de l’information numérique face aux défis de 2025

CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°382 - Les éditeurs face à l’IA : comment vos outils se réinventent

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Chaque année, la gouvernance de l’information numérique évolue au gré des avancées technologiques, des exigences réglementaires et des attentes croissantes des utilisateurs. Pour réaliser ce 14ᵉ rapport annuel sur la gouvernance de l’information numérique, le cabinet Serda Conseil et Archimag ont mené l’enquête auprès de plus de 300 organisations publiques et privées, de toutes tailles et de tous secteurs d’activité.

Entre pragmatisme et contraintes budgétaires

En 2025, les projets de gouvernance de l’information numérique poursuivent leur progression. 78 % des organisations déclarent avoir des réalisations en cours ou prévues, ce qui marque une reprise après un ralentissement en 2024.

Mais l’approche a changé : les déploiements globaux, trop gourmands en ressources et en budget, cèdent la place à des modèles partiels et pragmatiques, centrés sur des objectifs précis et atteignables à court terme et qui permettent des retours d’expérience très précieux pour embarquer des équipes et rassurer les sponsors quant à l’efficacité des programmes. À ce titre, pour la première fois, la majorité des organisations adoptent des déploiements à dimension partielle (un métier, une fonction, un site) et dépassent les modèles généraux qui dominaient jusque-là.

Cette évolution est largement influencée par le contexte économique : 48 % des répondants estiment que les contraintes budgétaires représentent un frein majeur à leurs ambitions numériques. Les baisses d’investissement se traduisent par la nécessité de prioriser les projets, d’allouer les ressources de manière optimale et de rechercher des solutions rentables.

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Cybersécurité et gestion des risques en première ligne

La sécurité de l’information demeure un enjeu central. 66 % des organisations considèrent en effet la gestion des risques comme un critère déterminant dans leurs choix technologiques. Face à la multiplication des cybermenaces, la priorité est donnée aux outils garantissant la sécurité des accès et des données sensibles. La conformité réglementaire, notamment avec le RGPD, reste également un levier clé pour structurer les stratégies.

La donnée au cœur de la gouvernance

En 2025, 44 % des organisations identifient les data comme un élément fondamental de leur gouvernance, englobant une large variété d’informations : données personnelles, administratives, techniques, financières, métadonnées et données sensibles. Cette diversité complexifie la gestion, mais souligne l’importance croissante d’une gouvernance efficace pour garantir leur intégrité et leur valorisation.

L'irrésistible ascension de l’IA

L’intelligence artificielle (IA) s’impose comme le sujet incontournable de l’année. Si seulement 10 % des organisations l’ont déjà intégrée dans leurs dispositifs, les projets annoncés laissent entrevoir une adoption accélérée dans les années à venir.

L’IA est perçue comme un levier d’efficacité dans plusieurs domaines :

• Ged et ECM, avec l’automatisation du classement et de l’indexation documentaire. 14 % des organisations déclarent avoir déjà réalisé un projet dans ce domaine ;
• analyse prédictive, pour mieux anticiper les risques ;
• traitement de gros volumes de données, notamment dans les services métiers.

On est loin d’avoir mesuré tous les impacts de l’IA sur les pratiques actuelles. Pour beaucoup, les bénéfices sont mis en avant - notamment sur « la gestion des données et des documents » (repérage, lutte contre la fraude…), pour 58 % des répondants, ou pour faciliter les « usages quotidiens des collaborateurs » pour 55 % (+16 points par rapport à 2024) —. Ils traduisent aussi l’usage quotidien qui se développe d’outils, comme Gemini, ChatGPT ou Mistral AI, en tant qu’assistants pour aider à la rédaction ou à la traduction de texte, pour des réponses automatisées, des briefs, etc.  Mais pour d’autres, notamment pour les professionnels de l’information, l’IA chamboule leurs pratiques (44 %) avec un sentiment d’impact négatif.

Pour ne pas se laisser dépasser par les pratiques de leurs collaborateurs, il est donc urgent que les organisations se saisissent du sujet afin de mieux en mesurer les bénéfices et les limites et d’être en mesure de prendre en compte les questions éthiques, de confidentialité et de sécurité lors de l’utilisation de l’IA dans tous les domaines de la gouvernance de l’information.

Attentes des utilisateurs : simplicité et cohérence

Les utilisateurs sont également très actifs et revendiquent des accès simplifiés et des applications mieux encadrées. 90 % des répondants soulignent l’importance de la convivialité et de l’harmonisation des outils. La réduction du nombre d’applications est une priorité claire, qui reflète une exaspération face à la fragmentation des systèmes d’information et au silotage qui en résulte.

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Vers une gouvernance plus agile des outils

Dans la plupart des organisations, la direction des systèmes d’information (DSI) pilote les programmes de gouvernance, souvent en collaboration avec un groupe de travail transversal associant des représentants métiers.
Parmi les outils les plus déployés, les fonctions collaboratives d’accès et de partage des données se généralisent (52 % d’adoption).

Par ailleurs, les projets de Ged/ECM se multiplient, notamment dans le cadre du décommissionnement des anciennes applications et de la mise en œuvre de solutions d’IA générative sur des volumes importants de documents internes. Ces outils répondent à la double exigence de conformité et de sécurité, tout en facilitant les processus métiers.

Numérique responsable : une opportunité largement sous-exploitée

Là où l’IA suscite l’enthousiasme, la gouvernance numérique responsable peine à décoller. Seuls 4 % des organisations déclarent avoir réalisé un bilan carbone de leur activité numérique en 2024, un chiffre qui illustre une claire dépriorisation du sujet.

Pourtant, les signaux d’alerte se multiplient (réglementations de plus en plus exigeantes, attentes croissantes des utilisateurs/citoyens soucieux de l’impact environnemental du numérique, consommation énergétique massive des infrastructures IA, etc.). L’adoption d’une stratégie numérique durable n’est plus une option, mais une nécessité. Si les efforts restent timides en 2025, l’espoir est que les prochaines années voient une véritable prise de conscience et des actions concrètes.

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Conclusion : entre pragmatisme, innovation et responsabilité

Le 14ᵉ rapport sur la gouvernance de l’information numérique met en évidence une transformation en profondeur des stratégies des organisations. Face aux contraintes budgétaires et aux évolutions technologiques, le pragmatisme s’impose comme le mot d’ordre, avec des déploiements ciblés et une montée en puissance de l’intelligence artificielle.

Cependant, cette course à l’innovation doit s’accompagner d’une prise de conscience collective sur les enjeux de responsabilité numérique. L’avenir de la gouvernance de l’information repose sur un équilibre subtil entre efficacité, sécurité et durabilité. 2025 marque une étape clé, mais c’est en 2026 et 2027 que les choix actuels devront prouver leur pertinence pour assurer un patrimoine informationnel solide et pérenne.

L'autrice, Caroline Buscal, est Consultante experte et Directrice de Serda Conseil.