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Presse et numérique, des deux côtés de l'écran

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    Au mois de juillet 2014 un « robot » a pour la première fois remplacé un journaliste. (Fotolia)
  • ​Avec le numérique, la presse ne cesse de se développer que ce soit à travers internet ou des applications pour smartphones ou tablettes. Il s’agit de s’adapter aux usages des lecteurs et à leurs différents écrans, tout en trouvant un modèle économique viable.

    Une condition de réussite repose aussi les réseaux sociaux, les journaux en ligne se trouvant face à des géants mondiaux qui tendent à imposer leurs règles. Parallèlement, le modèle de la newsletter payante peut parvenir à tirer son épingle du jeu. Comment les agrégateurs de presse s’adaptent-ils ? Et, dans ce foisonnement, comment les journalistes font-ils pour vérifier une information ? Un veilleur témoigne : il y a en tout cas matière à dévorer !

    Sommaire du dossier :

    Une révolution silencieuse a eu lieu. Il y a moins d'un an. Au mois de juillet 2014 précisément, quand pour la première fois un "robot" a remplacé un journaliste. L'agence Associated Press a en effet confié l'écriture de certains articles à des algorithmes développés par la société Automated Insights.

    Ces programmes informatiques ont ainsi produit des textes courts consacrés à la finance et à la bourse. En fin d'article, cette mention : "This story was generated automatically by Automated Insights using data from Zacks Investment Research" (cet article a été généré de façon automatique par le programme Automated Insights sur la base d'informations provenant de la base Zacks Investment Research).

    Ces articles sont accessibles gratuitement sur le portail en langue anglaise de Yahoo!. Et autant le dire tout de suite, ils vont à l'essentiel : style télégraphique, phrases courtes d'environ dix mots, structure sujet-verbe-complément... Mais ils sont faciles à lire et respectent à la lettre les canons de l'écriture journalistique.

    Dans un premier temps, cette production automatisée était relue et validée par des "vrais" journalistes, mais Associated Press espère rapidement supprimer les vérifications humaines et passer de 300 à 4 000 publications par mois. L'agence souhaite également décharger ses équipes rédactionnelles des corvées les moins nobles pour les concentrer sur des tâches plus gratifiantes comme l'analyse ou le reportage. 

    Nouveaux services aux lecteurs

    En France aussi les robots attaquent ! A l'occasion des élections départementales de mars 2015, Le Monde a eu recours à un logiciel développé par la société Syllabs pour rédiger de courts textes de présentation des résultats.

    Résolument factuels, ces articles indiquent les noms des candidats, leurs scores et le taux d'abstention. Et comme dans les dépêches d'Associated Press, on trouve cette mention : "Ces textes ont été écrits en collaboration avec Data2Content, une marque de la société Syllabs, à partir des données du ministère de l'Intérieur". Au Monde, le recours aux robots n'a pas provoqué de vagues : 

    "Il nous paraissait intéressant d'expérimenter de nouveaux outils susceptibles d'apporter un nouveau service à nos lecteurs. Nous avons également travaillé sur des formulations, les plus rigoureuses possibles, capables de présenter les résultats. Si ce travail ouvre de nouvelles perspectives, et offre de nouveaux services aux lecteurs, il ne remplace en rien le journalisme". Merci pour la profession !

    Risques de siphonnage

    Dans un rapport qu'il a récemment remis à la ministre de la Culture et de la Communication, le sociologue des médias Jean-Marie Charon invite la presse à se réinventer. A ses yeux, les journalistes doivent désormais diversifier leurs pratiques : "Leur matière peut-être l'actualité elle-même, la data, le web documentaire, le recours au jeu, l'identification de tendances sur les réseaux sociaux, voire la fourniture de contenus amateurs".

    Avant même de lire ce rapport, plusieurs titres de presse français et étrangers ont pris les devants et revu de fond en comble leur vitrine numérique : Libération avec un nouveau site dédié à "l'actualité chaude", Le Monde avec son application La Matinale et, au Québec, le quotidien La Presse s'apprête à sauter dans le vide : ce journal de Montréal envisage tout simplement de supprimer son édition papier en semaine ! A la place, une application La Presse+ entièrement gratuite pour le lecteur et totalement financée par la publicité.

    A ce jour, l'application revendique une audience hebdomadaire de plus de 450 000 personnes. Et les dirigeants du quotidien ont reçu deux bonnes nouvelles. La première : 14 % des utilisateurs de l'application n'avaient jamais lu La Presse auparavant ; ils sont devenus lecteurs grâce au numérique.

    Deuxième bonne nouvelle : l'engagement des lecteurs a de quoi rendre optimiste. Le temps de lecture est très élevé puisqu'il se chiffre, par ordre croissant, à 44 minutes en semaine, à 50 minutes le dimanche et à 73 minutes le samedi. Ces bons chiffres ne sont pas dus au hasard : l'application jouit d'une ergonomie intuitive et quelques secondes suffisent pour la prendre en main. Elle offre également une intéressante fonction d'archivage d'articles.

    La presse ne cesse donc de se "réinventer" quitte à prendre des risques. L'un de ces risques réside probablement du côté des Gafa (Google, Amazon, Facebook, Apple).

    On sait que Facebook négocie avec plusieurs groupes de presse la possibilité d'importer sur sa plateforme les articles présentés jusqu'ici sur le sites des journaux. Les lecteurs n'auront alors plus besoin d'aller sur les sites de presse puisque ces articles seront directement hébergés sur Facebook. Quant à Apple, il vient d'annoncer le lancement du service News qui fonctionnera selon le même principe. 

    Devenus incontournables, les Gafa n'ont plus qu'à siphonner les contenus des journaux qui leur disent oui...

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    Avec le numérique, la presse ne cesse de se développer que ce soit à travers internet ou des applications pour smartphones ou tablettes. Il s’agit de s’adapter aux usages des lecteurs et à leurs différents écrans, tout en trouvant un modèle économique viable.
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