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Veilleurs : veillez (bien) à votre sourcing !

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    Il est loin le temps où il fallait se battre pour trouver des informations. Face à la multiplication des ressources, il n’est plus possible de viser l’exhaustivité. (Pixabay/mohamed_hassan)
  • Sommaire du dossier :

    A lire aussi : Réussir sa veille, c'est la professionnaliser (article partenaire)

    Dans le cycle de la veille - expression des besoins, collecte, traitement-analyse, diffusion -, le sourcing est à la base de la deuxième étape. Après avoir défini une stratégie de veille, il s’agit de bien choisir les sources qui vont alimenter la recherche d’informations : Béatrice Foenix-Riou en livre les principes de méthode. Les éditeurs proposent des solutions de veille comprenant une présélection de sources : à adapter au cas par cas. Mais attention ! Biais cognitifs et technologie peuvent agir comme des prismes déformants. Pour sa part, l’agence Keep Contact a fait franchir à sa veille le pas de l’intelligence artificielle.

    Désinformation, intox, propagande, fake news... Un spectre hante les veilleurs : diffuser des informations erronées à cause d’un corpus de sources frelaté. Il faut le rappeler : à l’heure d’une guerre informationnelle tous azimuts, nul n’est à l’abri de la manipulation et de l’intoxication.

    Les professionnels de l’information ont dû se rendre à l’évidence. Ils doivent travailler sur des sources fiables. Plus facile à dire qu’à faire. Pour plus de 60 % des journalistes, la vérification des sources d’information représente un travail considérable : de 20 à 35 % de leur temps consacré à la création de contenus. Ce qui est vrai pour les journalistes l’est également pour les autres métiers de l’information (veilleurs, documentalistes...) qui doivent sélectionner et diffuser des informations dignes de foi.

    Lors de la dernière édition du salon iExpo, la question des sources d’information a été posée sous une forme originale : plusieurs experts de la veille se sont interrogés sur les « bulles informationnelles » également baptisées « bulles de filtres ». Ces bulles se présentent sous la forme de biais cognitifs qui poussent les individus à retenir une information parce qu’elle confirme leurs préjugés et à rejeter une autre information parce qu’elle contredit ces mêmes préjugés. « Ce premier filtre, c’est nous-même, expliquait alors Serge Courrier, consultant et formateur en veille et en stratégie éditoriale ; par manque de temps ou par fainéantise, nous choisissons les mauvais mots-clés alors qu’il faut aujourd’hui effectuer des recherches en texte intégral. Les veilleurs doivent absolument repenser leur champ lexical ».

    Cette critique est partagée par le chercheur Pascal Frion qui pointe certaines de nos routines intellectuelles : « Les comportements, les attitudes, les dispositions, les schémas mentaux, les styles cognitifs, l’affect, les sensibilités, les aspirations, les motivations, les préférences, les cultures... Une bulle informationnelle s’est créée, nous isolant de la réalité. Nous sommes tombés dans le piège de l’information. À ce jour, nous n’avons pas trouvé la méthode pour nous informer simplement et efficacement ». 

    Le sourcing, un chantier permanent

    Inutile de revenir sur l’explosion des volumes d’information mis à disposition des veilleurs. Les chiffres les plus improbables circulent et les problèmes liés à la surcharge informationnelle sont une réalité. « Nous pouvons légitimement nous demander si le travail avec les technologies de l’information et de la communication, au lieu de nous libérer, ne nous a finalement pas fait replonger dans l’ère industrielle du travail à la chaîne », constate Caroline Sauvajol-Rialland, fondatrice de So Comment, un cabinet spécialisé dans la gestion de l’information d’entreprise. Une chose est sûre : l’infobésité a un impact direct sur l’activité des veilleurs. Il est loin le temps où il fallait se battre pour trouver des informations. Face à la multiplication des ressources, il n’est plus possible de viser l’exhaustivité, ni même de mettre en place un plan de classement figé une fois pour toutes. Le sourcing est un travail en continu et un chantier permanent.

    Choisir une source d’information plutôt qu’une autre revient-il à s’enfermer dans une zone de confort ? Du côté des sociétés de prestation en veille, on est bien conscient du danger et on ajuste les corpus de veille selon les demandes des clients : « Au fil du temps, nous avons sélectionné et qualifié de nombreuses sources d’information. Nous les évaluons avec nos clients pour coller au plus près de leurs besoins », explique Anne-Charlotte Collet de la société Mediaveille. Même analyse pour le cabinet Actulligence qui, après une grille d’entretien menée auprès du client, recense l’ensemble des sources d’information les plus pertinentes : « Nous formalisons le type d’informations attendues et les formats de restitution, nous identifions les fonctionnalités et services que vous attendez de votre système de veille », explique Frédéric Martinet formateur et fondateur d’Actulligence.

    Quant aux éditeurs de logiciels, ils ont bien compris que la simple commercialisation d’une solution n’est pas en mesure de répondre aux besoins des organisations. La plupart d’entre eux proposent également une prestation (parfois récurrente) destinée à constituer un corpus de sources en adéquation avec les attentes de leurs clients.

    Avez-vous pensé aux métamoteurs ?

    Le sourcing obéit donc à quelques règles. La première d’entre elles consiste à ne pas se ruer sur le premier site, blog ou compte Twitter venu. L’accumulation de sources entraîne inéluctablement une surcharge informationnelle. Mieux vaut commencer avec un échantillon limité à une dizaine de sources que l’on fera évoluer au fil de l’eau. « Cherchez vos sources dans un métamoteur plutôt que dans un moteur de recherche classique, conseille Christophe Deschamps, formateur et auteur de l’incontournable blog Outils Froids ; identifiez le top 10 des pages sur une thématique. Certes, vous aurez un peu moins de résultats, mais ce seront en tout cas les plus populaires ».

    Autre conseil : un site qui propose des informations fiables, originales et documentées doit être considéré comme une pépite. Il y a en effet de fortes chances pour que ce site suive lui-même de très bonnes sources d’informations, ne serait-ce que pour alimenter sa propre production éditoriale. Il convient alors de repérer toutes les ressources disponibles sur ce site (ou blog ou comptes Twitter et Facebook) : celles-ci peuvent être visibles dès la page d’accueil avec une liste de blogs (blogroll). Malheureusement, ces listes sont très liées à l’esprit du blog et absentes des sites plus traditionnels. De plus, elles semblent tombées en désuétude depuis que les blogueurs ont quitté leurs blogs pour investir les réseaux sociaux. Mais l’exercice mérite d’être tenté, notamment dans la blogosphère spécialisée.

    Il existe un autre moyen de muscler son sourcing en exploitant les liens hypertextes présents sur un site. À titre d’exemple, Archimag.com propose autant que possible à ses lecteurs des liens renvoyant vers les études et rapports utilisés pour alimenter ses articles. D’autres journaux font de même aussi bien France qu’à l’étranger.

    Veille cible et veille radar

    N’oublions pas les réseaux sociaux, notamment les comptes de certains twittos qui peuvent faire office de véritables gisements informationnels.

    Il est enfin un sujet de discussion qui anime la communauté des veilleurs : l’opposition entre la « veille cible » et la « veille radar ». Cette opposition n’a pas lieu d’être. La première - qui se concentre sur un sujet précis - et la seconde - plus ouverte et plus large - peuvent parfaitement être pratiquées simultanément. Seule condition : savoir filtrer et distinguer le superflu du nécessaire...

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    Dans le cycle de la veille - expression des besoins, collecte, traitement-analyse, diffusion -, le sourcing est à la base de la deuxième étape. Après avoir défini une stratégie de veille, il s’agit de bien choisir les sources qui vont alimenter la recherche d’informations : Béatrice Foenix-Riou en livre les principes de méthode.
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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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