Portrait de Sabine Van Gaver, consultante internet et digital au sein du cabinet de conseil en stratégie et en organisation Infhotep.
Tout le monde n'a pas eu la chance d'avoir des parents médecins et une famille d'artistes... Mais la providence a veillé sur le berceau de Sabine van Gaver. "J'ai en effet eu la chance de baigner dans un milieu littéraire qui compte de nombreux musiciens et qui est amateur de peinture !" Cette consultante internet et digital n'aura alors qu'à suivre la voie traditionnelle des bons élèves : hypokhâgne et khâgne moderne au - réputé - lycée Faidherbe de Lille, Sciences Po (à Lille toujours), HEC... sans oublier une année passée à l'université d'Uppsala en Suède où elle a suivi un cursus consacré aux relations internationale et plus particulièrement à la gestion des conflits.
Cette année passé en Scandinavie la marque profondément : "J'ai été fascinée par les relations entre professeurs et élèves qui sont très différentes et beaucoup plus détendues que ce que nous connaissons en France. Là-bas, il y a peu de cours magistraux en amphi, mais beaucoup de groupes de travail qui ne dépassent pas les quinze étudiants. J'ai passé mes examens non pas en salle de cours, mais à la maison ! Quant aux bibliothèques universitaires, elles offrent ce qu'il y a de mieux : en 2002 nous disposions déjà de toutes les meilleures ressources numériques !"
Images satellite et documents confidentiels
De retour en France, Sabine van Gaver décroche un contrat au ministère de la Défense où elle est amenée à travailler sur des sujets sensibles (la prolifération nucléaire) et sur des pays encore plus sensibles : Inde, Pakistan, Corée du Nord... Autant le dire tout de suite, son pedigree a été scruté de très près par le ministère de la Défense qui lui mettait entre les mains des images satellite et des documents confidentiels : "Cela m'a appris à travailler sous pression et dans des délais très restreints car les décideurs politiques ont un besoin immédiat de l'information juste. J'ai également suivi des négociations sur les traités de non-prolifération nucléaire ; une expérience passionnante dont j'ai bien retrouvé l'esprit dans la célèbre bande dessinée Quai d'Orsay".
Ce travail de l'ombre l'a naturellement menée vers le concours d'entrée à la DGSE. Les services de renseignement français ont en effet besoin de têtes bien faites et polyglottes. Cela tombe bien, Sabine van Gaver parle anglais, allemand et manie le suédois. Mais de son propre aveu, elle se "plante complètement" à l'oral alors que les épreuves écrites étaient passées comme une lettre à la poste. Adieu le monde renseignement et bienvenue à la prestigieuse HEC où elle décroche, en 2009, une mention bien pour son mastère spécialisé "management des risques internationaux". Elle capitalise alors sur ses compétences dans le domaine nucléaire en menant une première mission pour le compte de Rolls Royce qui possède une branche dédiée au nucléaire civil.
Un passage par le centre de réflexion Futuribles lui permet de se faire la main sur des sujets porteurs : les villes post-carbone, environnement stratégique des entreprises... Futuribles, fondé en 1967 par l'économiste Bertrand de Jouvenel, publie de nombreux travaux prospectivistes sur des sujets aussi divers que la géopolitique, l'éducation, le travail ou les ressources naturelles. "Ce fut une excellente école en matière de prospective et j'ai pu y développer un important travail de veille qui me sert encore aujourd'hui".
Transformation digitale
Depuis 2011, elle travaille au sein du cabinet de conseil en stratégie et en organisation Infhotep, à cinq minutes de l'opéra Garnier (Paris). Ses missions consistent à accompagner les entreprises, les universités et les institutions culturelles dans leur transformation digitale. Pour cela, elle veille sur de nombreux sujets, notamment les musées pour lesquels elle propose des missions devenues incontournables : assistance à maîtrise d'ouvrage (web, réseaux sociaux, applications mobiles), urbanisation des bases de données, audit de référencement...
Quand sa vie professionnelle lui en laisse le temps, elle travaille son violon qu'elle a commencé à jouer à l'âge de cinq ans. Et garde à l'esprit un principe rapporté de Suède : "Il faut être capable de penser "out of the box" et ne pas se mettre de barrière. Au cours de nos carrières professionnelles, nous acquérons de nombreuses compétences qu'il est possible de transposer d'un milieu à un autre". L'en-tête de son CV porte d'ailleurs la formule suivante : "ouverture d'esprit"...
Elle like
- Sa ville préférée : Stockholm
- Son livre préféré : The Interestings (Meg Wolitzer)
- Son émission préférée : Les chemins de la connaissance (France Culture)