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Portrait de Renaud Aïoutz, bibliothécaire et intermédiaire de confiance

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    Renaud Aioutz. (Loïc Trujillo)
  • Des maths aux sciences de l’information et aux bibliothèques...

    Les vocations de bibliothécaire naissent parfois du hasard. Alors qu’il étudiait les mathématiques sur le campus de l’université d’Orsay (Essonne), Renaud Aïoutz se mit un jour à assurer des vacations au sein d’une bibliothèque publique dans le département voisin du Val-de-Marne, à Fresnes : « j’ai alors découvert un nouveau monde. Au-delà des contenus, j’ai été séduit par les questions de circulation de l’information et de mise à disposition des savoirs auprès de tous les publics… ». Un intérêt qui ne le quittera désormais plus.

    De 1999 à 2003, Renaud Aïoutz poursuit ses classes préparatoires scientifiques mais garde un pied au sein de la bibliothèque de Fresnes et un œil sur les sciences de l’information. Après réflexion, il opte définitivement pour les bibliothèques, un monde où il y a tant de choses à créer.

    Un concours et un déménagement plus tard, il se retrouve à Lyon. La capitale des Gaules passe pour être très généreuse avec ses bibliothèques : « il est vrai que les bibliothèques lyonnaises disposent de moyens importants mais elles misent également beaucoup sur le réseau d’établissements et l’organisation d’évènements culturels ». Il y observe pendant deux ans le fonctionnement de la bibliothèque municipale puis trouve un poste en Haute-Loire et déménage une nouvelle fois.

    Petites universités libres et populaire

    Sur le plateau de Chambon-sur-Lignon, « à 1 000 mètres d’altitude », il dirige pendant sept ans le réseau intercommunal de bibliothèques. Là, il met en place les Petites Universités Libres et Populaires (les Pulp !) et invite des universitaires à venir parler devant un public peu habitué à une telle offre culturelle de qualité. La programmation est délibérément éclectique : sciences, histoire du travail, civilisation chinoise, disparition des abeilles… Un ethnologue du Collège de France, Michel Perrin, n’hésite pas à se déplacer pour parler de chamanisme aux habitants de Haute-Loire…

    Le public répond présent et se rend en nombre aux conférences. Surtout, de nouveaux usagers passent le pas de la porte : « contrairement à une idée trop répandue, le public rural est très curieux et est prêt à fréquenter les bibliothèques dés lors qu’elles ne sont plus considérées comme des lieux réservés aux érudits. Le succès de ces conférences, qui font salle pleine, le prouve. Le public a besoin d’intermédiaires de confiance et je pense que le bibliothécaire peut jouer ce rôle-là… »

    A vrai dire, Renaud Aïoutz n’est guère surpris par le succès de son initiative. Par tradition familiale, il hérite d’une sensibilité sociale qu’il applique à son métier. « Une société ne peut bien avancer que si l’on avance ensemble constate-t-il ; cette petite université populaire a pour objectif de fournir des clés de lecture aux citoyens mais pas de leur imposer une idéologie ».

    Passerelles

    Depuis 2012, toujours bibliothécaire, il occupe un poste de chef de projet de développement numérique au sein de la Médiathèque départementale du Puy-de-Dôme. Une fonction rêvée pour ce scientifique de formation qui s’intéresse de près aux passerelles qui existent entre le numérique et la « fonction bibliothèque » : indexation, traitement documentaire, veille, archivage, mise en réseau des individus…

    Lui qui a passé sa jeunesse en région parisienne loue le dynamisme du département du Puy-de-Dôme dans sa volonté de développer les technologies numériques et les inclure dans la vie des citoyens. Le Conseil général a en effet lancé une série d’actions pour faire des 330 établissements de lecture du département des lieux dédiés aux usages numériques.

    En dehors de son temps de travail, Renaud Aïoutz préside le groupe Auvergne de l’Association des bibliothécaires de France. Une position qui lui permet de militer en faveur de la formation de ses collègues bibliothécaires dans le domaine digital. Quand il lui reste du temps, il se branche volontiers sur la musique du saxophoniste de jazz Wayne Shorter et se régale des « jeux intellectuels » de Jorge-Luis Borges… en se souvenant que l’écrivain argentin fut également bibliothécaire avant d’accéder à la notoriété mondiale comme auteur érudit glosant à l’infini sur le livre.

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