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Automates et robots débarquent en bibliothèque : vers les robots bibliothécaires ?

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    Pepper, le robot qui communique avec les humains, été adopté dans plusieurs établissements en France, en Australie et aux États-Unis : il fait la lecture, donne des informations pratiques, et enseigne le codage informatique. (Softbankrobotics)
  • En une vingtaine d’années, les automates de prêt et de retour se sont répandus dans les bibliothèques françaises. Ils sont aujourd’hui rejoints par d’autres innovations comme les étagères intelligentes, en attendant l’arrivée progressive de robots communicants. Enquête.

    G62 couv.png>>> Pour en savoir plus : si la question des automates, des robots ou plus largement de l'innovation en bibliothèque vous intéresse, n'hésitez pas à découvrir le guide pratique Archimag : "L'innovation en bibliothèque". Pour découvrir son sommaire ou feuilleter quelques pages du guide, cliquez-ici.

    C’est en 1996 que le premier automate de prêt de document fit son apparition en France. A l’université de Lyon III précisément où une première borne fut installée par la société 3M au sein du Service commun de la documentation. Depuis, ces automates sont progressivement déployés et font désormais partie du paysage des bibliothèques. En dépit d’une appréhension initiale, ils ont été plutôt bien accueillis par la majorité des usagers. Mais ce sont certainement les bibliothécaires qui ont été les plus ravis de leur arrivée. Les automates les soulagent en effet des tâches répétitives liées aux procédures d’emprunt et de restitution des documents.

    Les automates libèrent du temps pour le vrai métier de bibliothécaire

    automate-pret-bibliotheque-Nedap« Nombre des bibliothèques que nous avons équipées réalisent plus de 80 % des transactions sur automates, ce qui soulage les bibliothécaires de plus de 80 % des manipulations », constate Chadid Houssa, chef de produit France au sein de Bibliotheca ; « ce temps libéré peut être dédié à faire le vrai métier de bibliothécaire : accompagnement des usagers, animation… »

    Pour faciliter l’appropriation de ces automates, les constructeurs accordent une importance particulière à l’interface des écrans qui équipent les automates. Bibliotheca fait le pari du confort : grand écran tactile de 22 pouces « pour plonger l’usager dans l’univers de l’automate », boutons entièrement personnalisables par la bibliothèque, utilisation du code couleur rouge ou vert pour valider les opérations (en remplacement du texte) accompagné de signaux visuels et sonores, multilinguisme (jusqu’à 59 langues)...

    Les agents ne sont pas des caissiers de supermarché !

    À Carpentras (Vaucluse), la bibliothèque-musée de l’Inguimbertine est même allée plus loin en se dotant d’étagères dites intelligentes commercialisées par Bibliotheca. Les usagers n’ont qu’à déposer leur document sur l’étagère intelligente pour qu’il soit identifié par le système intégré de gestion de bibliothèque (SIGB) et considéré comme restitué. Équipées d’antennes RFID, ces étagères détectent les puces intégrées dans les documents et un témoin lumineux signale à l’usager que la restitution est validée. Elles ont été placées à proximité des entrées de la bibliothèque pour faciliter les flux de documents.

    « Nous voulions autonomiser le plus possible la gestion des prêts et des retours », explique Jean-Philippe Marin, chef de projet RFID au sein de la bibliothèque-musée de l’Inguimbertine ; « nous ne voulions pas voir se former de files d’attente pour les retours de prêts. Les agents ne sont pas des caissiers de supermarché ! ».

    Du côté des utilisateurs, la prise en main de ces étagères s’est déroulée sans encombre notable : « Les usagers se sont vite adaptés à ces étagères et trouvent la restitution simplifiée. Tous les retours s’effectuent via ces étagères à l’exception des ouvrages de très grande taille », précise Jean-Philippe Martin.

    Automates et robots en bibliothèque : imaginer les solutions de demain

    Pour Nedap, autre fournisseur de solutions de prêt et de retour, l’ergonomie est également au centre des préoccupations afin de rendre l’expérience RFID la plus conviviale possible et surtout accessible aux personnes de tous âges. Ses automates font partie du décor de nombreux établissements : « Il n’est pas rare que le taux d’automatisation des transactions dépasse 95 % dans les bibliothèques qui utilisent nos solutions RFID », explique Camille Anquetin responsable marketing et communication.

    Pour autant, les constructeurs ne se reposent pas sur leurs lauriers. Ils imaginent les usages de demain : « La tendance est à la diversification des méthodes de transaction. Auparavant, les bibliothèques n’étaient équipées que d’automates fixes ; aujourd’hui des solutions dématérialisées sont développées pour permettre aux usagers d’effectuer leurs opérations de prêt et de retour avec plus de flexibilité via leur smartphone », souligne-t-on chez Nedap.

    Flasher un code depuis son smartphone pour emprunter un livre

    La solution baptisée Take-a-book se présente sous la forme d’une application. Après l’avoir téléchargée et s’être enregistré, l’utilisateur se voit attribuer un code par le bibliothécaire, lui permettant d’utiliser le service. Pour emprunter les documents, l’usager n’a ensuite plus qu’à flasher le QR code qui s’affiche sur le totem, et qui lui donne une autorisation provisoire d’emprunt, et à scanner avec son smartphone le code-barres des documents qu’il veut emprunter.

    « Grâce à cette nouvelle application, les adhérents réalisent ainsi eux-mêmes leurs transactions de prêt », explique Nedap ; « Take-a-book offre une entière autonomie à l’adhérent et vient en appui des automates de prêt en libre-service déjà existants. L’application est une solution tout à fait sécurisée qui respecte les règles d’emprunt du SIGB ».

    Le prêt en libre-service depuis un kiosque hors-les-murs

    kiosque-pret-livre-nedapL’automatisation des bibliothèques se joue également hors-les-murs. Un kiosque de prêt de livres en libre-service a été installé l’an dernier dans les locaux de la collectivité de Plaine Commune (Seine Saint-Denis). Pour emprunter un document, rien de plus simple : il suffit d’insérer sa carte d’adhérent dans le lecteur puis ouvrir la porte et choisir le livre de son choix. Le retour de document se fait tout aussi simplement après insertion de la carte de lecteur et dépôt du livre sur les étagères.

    Développé par la société Nedap, ce kiosque « Livre Service » est capable de générer son propre inventaire et d’enregistrer des prêts sur le compte de l’usager. « Nous avons fait le choix de développer ce dispositif hors-les-murs afin de fournir un service de proximité complémentaire aux médiathèques », explique Lucie Daudin, directrice adjointe du réseau des médiathèques au sein de Plaine Commune.

    Vers les robots bibliothécaires ?

    Verra-t-on un jour des robots humanoïdes au milieu des rayonnages de bibliothèques ? C’est probable. Il y a trois ans, la bibliothèque universitaire d’Aberystwyth, au Pays de Galles, a fait appel à Hugh, un prototype développé par deux étudiants de l’université. Conçu pour répondre aux demandes formulées oralement par les étudiants, Hugh peut dire où se trouve le livre souhaité et accompagner les usagers devant l’étagère. Grâce à une base de données en ligne qui recense 800 000 documents, il est en mesure de délivrer un premier niveau d’information. Mais reconnaissons-le : Hugh n’a pas un physique très avantageux et ressemble plus à un grille-pain géant qu’à un danseur de tango !

    En revanche, Pepper ne manque pas d’atouts. Développé par la société franco-japonaise Softbankrobotics, il dispose d’une silhouette avenante et ses grands yeux provoquent spontanément la sympathie des usagers. Capable de communiquer avec les humains et d’interpréter certaines de leurs émotions, Pepper a été adopté dans plusieurs établissements en France, en Australie et aux États-Unis : il fait la lecture, donne des informations pratiques, enseigne le codage informatique et peut même raconter des histoires drôles aux petits et aux glands.

    Pepper menace-t-il les bibliothécaires ? Les bibliothécaires se veulent rassurants : « Pas de panique ! », fait remarquer l’un d’entre eux ; « il n’est pas près de remplacer les agents. Il coûte une fortune, la programmation coûte encore plus cher et aucun algorithme n’a encore montré son efficacité dans la recherche documentaire (voir Amazon, Fnac, iTunes store, etc.). Aucun robot ne répondra jamais à la question : “Je cherche un roman sympa”. Encore moins à celle-ci : “Mais si, c’était un livre rouge !” On aurait préféré avoir deux ou trois agents en plus ! »


    + Repères

    Book-Bot-robot-livresLe ramassage de livres à votre porte

    Le projet de Book Bot : confier à un robot le ramassage des livres prêtés par la bibliothèque directement à la porte des lecteurs ! C’est un projet développé par Google. À un peu plus de 7 km/h, Book Bot fait la tournée des usagers de la bibliothèque. Il peut recueillir 5 à 10 ouvrages selon leur taille. Le dispositif est à l’essai sur une zone de test à Mountain View (Californie).

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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