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Quand le document devient intelligent

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    Au coeur du document intelligent, le QR  code fait figure de pionnier de l’imprimé connecté. (HorsePunchKid via Visualhunt / CC BY-NC-SA)
  • Depuis la tablette d'argile apparue il y a plus de 5 000 ans, jusqu'aux supports numériques contemporains, le document a pris de multiples formes. L'imprimé connecté est aujourd'hui une réalité et certains éditeurs développent de nouvelles technologies pour donner naissance au "document intelligent".

    Dans un livre paru en 2012, l'universitaire Jean-Michel Salaün proposait d'observer le web sous un angle inédit en le replaçant dans la longue histoire du document :

    "Pour la plupart des textes réglementaires ou des normes, le document est un objet (matériel ou électronique) sur lequel est consignée une information. (...) La notion de "document" évolue logiquement à partir de l'arrivée de l'imprimerie, et donc de l'autonomisation de la reproduction des textes. Mais ce n'est qu'au début du XXsiècle, quand il est devenu omniprésent, qu'on a cherché à le préciser et le définir".

    Si l'on retient cette définition (un document est un ensemble constitué d'un support d'une information), l'humanité aura conçu une multitude de documents tout au long de son histoire : la tablette d'argile, le papyrus, le parchemin, le papier, l'imprimé, le microfilm, la bande magnétique, la clé USB...

    Et lorsque le document rencontre le numérique, comme c'est le cas depuis une vingtaine d'années, le document est soumis à de nombreuses interrogations :

    "Que peuvent dire les linguistes devant un octet et les sémiologues devant un pixel ?", demandait le conservateur des bibliothèques Michel Melot dans la préface de l'ouvrage Le document à la lumière du numérique rédigé par le collectif Roger T. Pédauque.

    "Rien d'intéressant ; ces objets sont hors de leur portée. Ils ne sont pas encore du langage, pas même des signes, tout juste des signaux. Naguère, le document était un objet : passeport, pièce à conviction, livre, article, dossier d’archives, ou toute autre trace, solidaire de son contenu. La trace était validée par sa matérialité. Tout reposait sur la solidité de ce couple, aussi indissociable que le sont le signifiant et le signifié chez de Saussure", explique Michel Melot.

    ​Les documents deviennent interactifs

    Le monde universitaire n'est pas le seul à s'interroger sur la nature et l'évolution du document. Les sociétés informatiques spécialisées dans le traitement documentaire réfléchissent elles aussi aux usages contemporains et futurs du document. C'est le cas, par exemple, de l'éditeur Asterion qui fait le pari du "document intelligent". Il s'agit ici de documents liés à la vie des entreprises : factures, courriers entrants et sortants, formulaires divers... 

    "Avec le document intelligent, ce n'est pas seulement le traitement du document qui évolue, c'est le document lui-même. Imaginons qu'en tant que clients nous recevions un relevé de consommation et que nous puissions interagir avec ce document : lire un code ou cliquer sur un lien permettant d'accéder à sa dernière année de consommation. C'est possible grâce au document intelligent".

    Concrètement, une entreprise peut désormais créer une bibliothèque de documents (offres commerciales, factures...) composés de différentes zones figées et personnalisables. Munis de QR codes, ces documents deviennent interactifs. Le destinataire du document peut alors cliquer sur un lien ou scanner le QR code pour accéder à davantage d'informations et de services : demander un devis en ligne par exemple. 

    Ces différentes actions sont suivies et susceptibles d'alimenter une base de données clients.

    "L'ensemble des statistiques des opérations menées est disponible en temps réel, participe à l'amélioration de la connaissance client et favorise l'optimisation et l'adaptation des communications futures", explique Asterion.

    QR code, pionnier de l'imprimé connecté

    Au coeur du document intelligent, le QR code fait figure de pionnier de l'imprimé connecté. Ce type de code-barres est constitué d'une image en deux dimensions qui peut être lue au choix par un lecteur de code-barres, un téléphone ou bien une webcam. 

    Le Japon fut l'un des premiers pays à utiliser en masse le QR code au début de la décennie 2000. En France, il a fallu attendre quelques années supplémentaires pour voir débarquer les QR codes dans la presse ou apposés sur certains documents promotionnels. Ainsi, aujourd'hui, un opérateur téléphonique peut adresser à ses clients un relevé de consommation enrichi d'un code. Il suffit à l'usager de scanner le QR code pour accéder à une page web personnalisée et sécurisée. Là, il pourra procéder au paiement de sa consommation après avoir renseigné ses coordonnées bancaires. 

    Devenu quasiment hybride, ce document intelligent semble en mesure de réconcilier les vertus respectives du papier et du numérique : "On voit ainsi que les opportunités de mixer le numérique et le papier permettent de s'adapter à tous les clients, quels que soient leur âge, profession ou statut. Les campagnes mixtes et email permettent généralement de doubler le taux de réponse global", estime l'éditeur Asterion dans son livre blanc consacré au document à 360°.

    Cachet électronique visible

    Les perspectives du document intelligent intéressent également le secteur de la confiance numérique. L'éditeur 2D-Origin a ainsi conçu une solution développée autour du Cachet électronique visible. Une fois apposée sur un document, cette solution permet d'en vérifier l'authenticité. Proche en apparence d'un QR code traditionnel, ce cachet électronique embarque un code qui contient les informations importantes du document ainsi qu'une signature électronique qui scelle ces informations. En bout de chaîne, l'utilisateur peut y accéder grâce une simple application disponible sur Apple Store et Google Play.

    Et le progrès ne s'arrête jamais. Le papetier ArjoWiggins et la régie publicitaire ADSP ont développé un papier connecté baptisé PowerCoat Alive. Une discrète puce NFC (technologie de communication sans fil à courte portée) est insérée dans le document et l'utilisateur n'à qu'à poser son smartphone sur le papier pour voir apparaître un contenu multimédia ou bien un coupon promotionnel. Nouveauté : aucune application n'est nécessaire pour accéder à ces contenus ! 

    A ce jour, ce papier connecté intéresse surtout le monde de la publicité, notamment les annonceurs haut de gamme qui souhaitent communiquer à l'aide d'un outil innovant. Mais on imagine aisément les usages qui peuvent être faits du papier connecté dans le milieu du document au sens large : documentation, archives, bibliothèques... En particulier auprès des publics dits "empêchés" (handicaps visuels ou auditifs, illettrisme...) qui pourront ainsi rebondir d'un document physique vers un contenu enrichi.

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    Il n’y a plus de frein légal pour mettre en oeuvre la signature électronique dans les secteurs privé ou public, avec des technologies et des pratiques déjà bien rodées.​.
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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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