CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°387
Au sommaire :
- Cycle de vie de la data : l'affaire de tous !
- Bibliothécaire, documentaliste et data : vers un nouveau métier ?
- La data : un “document” comme un autre pour les veilleurs et les documentalistes ?
- Data librarian, au coeur du cycle de vie des données de la recherche
- Les archivistes se positionnent-ils assez sur le traitement de la donnée ?
- DPO face à la data : un chef d'orchestre qui donne le La
- Entre gouvernance et stratégie data, la DSI en première ligne
Le 12 septembre 1790, les Archives nationales étaient créées à la faveur de la Révolution française. Deux siècles et plusieurs décennies plus tard, l’institution conserve toujours du papier, mais elle traite également des données. "Les Archives nationales sont engagées depuis plusieurs années dans une politique d’open data et d’open content", explique Maïwenn Bourdic, référente open data et open content à la direction des fonds. "Depuis 2017, cela se traduit par le principe de gratuité pour l’ensemble des droits de réutilisation des informations publiques contenues dans les documents produits ou reçus par l’institution, et par les actions menées pour participer de manière active à la dissémination des données et contenus, au-delà de la seule mise en ligne d’inventaires et d’archives numérisées téléchargeables".
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Les Archives nationales mettent ainsi à disposition des jeux de données structurées sur la plateforme open data du ministère de la Culture : des jeux de données de fonctionnement (registre des entrées) et des jeux de données historiques construits à partir des métadonnées archivistiques. "Il s’agit, dans ce dernier cas, de mettre à disposition de tous, dans des formats facilement manipulables, des informations disséminées dans des inventaires XML. Le nombre de téléchargements et le signalement des réutilisations montrent l’utilité de ce mode de mise à disposition".
Plus inattendu, les Archives nationales sont également partenaires de l’association Wikimedia France depuis 2013. Un partenariat qui leur permet de mener des actions de valorisation sur les plateformes Wikipédia, Wikidata et Wikisource. Résultat : "Plus de 13 000 documents issus de nos fonds sont aujourd’hui accessibles sur Wikimedia Commons, dont 70 % ont été mis en ligne par des internautes", se réjouit Maïwenn Bourdic. Un choix d’ouverture qui a valu aux Archives nationales d’être distinguées par le label Culture libre (niveau bronze) en 2023.
Investir les métiers de la gouvernance des données
Si la présence des archivistes dans la gouvernance des données semble naturelle, leurs compétences sont-elles suffisamment bien exploitées ? "Il est difficile de répondre de manière unique à cette question au vu des diverses manières d’appréhender le rôle d’un archiviste, d’une part, et la notion de gouvernance des données, d’autre part", estime Thomas Van de Walle, directeur du numérique et de la conservation aux Archives nationales. "Si l’on reste en France et que l’on fonde la vision de la mission d’un archiviste sur la définition des archives contenue dans le Code du patrimoine, la réponse à cette question est plutôt négative. Elle l’est d’autant plus quand la gouvernance des données est gérée par des responsables qui n’ont pas de formation d’archiviste et qui n’ont pas de vision du rôle d’un archiviste aussi vaste que celle induite par le Code du patrimoine".
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Conformément aux missions qui leur sont confiées, les Archives nationales mènent des actions concrètes au sein des ministères pour intégrer les enjeux de cycle de vie de données. Ces actions portent sur le cadrage de projets de nouveaux systèmes d’information, sur les processus de décommissionnement de systèmes existants ou bien encore sur les procédures de mutation de certains personnels. Mais la fonction archives n’est pas la seule à être impliquée. Les archivistes travaillent de concert avec les directions du numérique des ministères concernés.
Sans être en concurrence avec les informaticiens, ils ont tout intérêt à faire entendre leur voix. Car, aux yeux de Thomas Van de Walle, "on pourrait aussi s’interroger sur le fait que les étudiants en archivistique n’investissent pas plus le champ des métiers de la gouvernance des données". Mais les employeurs sont-ils prêts à recruter ce type de profil ? "Pour qu’elle rencontre le succès, faudrait-il une formation présentée comme une "formation d’archivistes à la gouvernance des données" ou comme une "formation de data managers spécialisés dans la gestion de l’information à long terme" ? La question est posée.
