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Intelligence artificielle : "De larges perspectives pour les entreprises", selon Jean-Marc Ogier

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    Jean-Marc Ogier : "l’intelligence artificielle est par exemple utilisée pour faire de l’analyse automatique de réseaux sociaux" (Photo credit: CJ Isherwood via Visual hunt / CC BY-SA)
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    Jean-Marc Ogier, directeur du Laboratoire informatique, image et interaction (L3I) de l’université de La Rochelle, rend compte des apports de l'intelligence artificielle et de ses impressionnantes perspectives dans l'informatique d'entreprise.

    L’intelligence artificielle donne lieu à de multiples définitions. Quelle est la vôtre ?

    L’intelligence artificielle désigne l’ensemble des technologies qui permettent d’acquérir et de reproduire des connaissances et des raisonnements qui s’apparentent à ceux d’un être humain. Derrière cette définition, on note la présence de capacités d’apprentissage de phénomènes observés, de données apprises et de données non apprises. Il s’agit d’une capacité de traiter des informations jamais rencontrées auparavant.

    Mais il est vrai que chaque chercheur a sa propre définition de l’intelligence artificielle selon sa communauté de recherche. Dans tous les cas, lorsque l’on parle d’intelligence artificielle, il faut faire lien avec les diverses formes de l’intelligence humaine : capacité d’adaptation, intégration de nouveaux contextes, apprentissage permanent...

    Quels sont les apports de l’intelligence artificielle dans le traitement automatique de documents ?

    Nous utilisons l’intelligence artificielle pour 

    représenter des connaissances formalisées provenant d’un domaine, d’un utilisateur ou d’un système afin que le programme puisse raisonner de façon autonome. Ainsi, dans le domaine des humanités numériques, nous apportons des services numériques qui permettent aux historiens de facilement retrouver des informations correspondant à leurs recherches. Pour procéder à l’automatisation de ces traitements, nous formalisons les connaissances de l’historien et lui proposons des informations qui répondent à ses attentes. Au commencement, cela démarre par des échanges humains pour comprendre le raisonnement de l’historien lorsqu’il est en recherche d’information. Puis nous créons des ontologies et les exploitons pour mettre en place des raisonnements automatiques qui s’apparentent à ceux des historiens. Nous accompagnons les historiens dans leurs recherches. Ces échanges sont formalisés dans une ontologie et le programme commence alors à raisonner de façon autonome. Il s’agit d’une logique incrémentale. 

    Existe-t-il des exemples concrets d’intelligence artificielle appliquée aux données d’entreprise ?

    L’intelligence artificielle est par exemple utilisée pour faire de l’analyse automatique de réseaux sociaux. Elle est également très employée dans le milieu médical pour détecter des propagations de maladie. Les ontologies sont par exemple utilisées en informatique médicale, notamment en dermatologie pour mieux diagnostiquer des grains de beauté qui peuvent se révéler malins. D’une façon générale, le secteur médical est très engagé dans l’intelligence artificielle.

    Dans le domaine de l’informatique d’entreprise, les grands opérateurs (Google, LinkedIn, Facebook...) recourent à l’intelligence artificielle pour déduire des connaissances sur la base d’informations que les internautes alimentent naïvement sur le web en général et les réseaux sociaux en particulier. Les débouchés de l’intelligence artificielle dans ce domaine sont très impressionnants. 

    Y a-t-il des emplois à la clé pour les étudiants qui se spécialisent en intelligence artificielle ?

    Oui et c’est énorme ! Mais tout dépend de l’enseignement de cette discipline. À l’université de La Rochelle, nous proposons un parcours intitulé « ingénierie des contenus numériques en entreprise » (Icone) qui comporte un volet « dématérialisation ». Nous y enseignons l’intelligence artificielle appliquée aux contenus numériques en entreprise. Nos étudiants ont de grandes facilités pour trouver un emploi, car ils sont directement opérationnels et peuvent faire face à des situations d’entreprise courantes. Nous formons nos étudiants aux technologies, mais aussi à des cas concrets d’application en entreprise.

    En revanche, je ne suis pas sûr que le niveau d’employabilité soit le même pour les étudiants qui ont suivi une formation d’intelligence artificielle abstraite et seulement théorique.

    Quelles sont les perspectives d’évolution pour l’intelligence artificielle dans les trois années à venir ?

    Il y a aujourd’hui dans le domaine du document de grands enjeux liés au traitement de l’information massive et hétérogène. La majorité des moteurs de recherche d’intelligence artificielle sont en capacité de moissonner des informations qui sont homogènes. Mais il est beaucoup plus difficile de croiser ces informations homogènes avec d’autres informations : SMS, vidéo, documents numérisés... Il y a donc des pistes de recherche intéressantes à développer dans la capacité à traiter de l’information massive et hétérogène. 

    Cela permettrait d’extraire des connaissances à partir de ces contenus hétérogènes.

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    L’intelligence artificielle est là. Elle apparaît aujourd’hui dans de nombreuses applications de notre vie professionnelle. Capable d’apprendre et de travailler sur des masses considérables de données, elle n’est qu’au début des avancées qu’elle permet.
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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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