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Les bibliothécaires américains se mobilisent suite à l'élection de Donald Trump

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    Donald-Trump
    "Le président Trump a déclaré qu'il est contre la neutralité du net et qu'il veut étendre les lois sur la diffamation", a déclaré Brewster Kahle, le fondateur d'Internet Archive, au Guardian (Gage Skidmore/Flickr)
  • La New York Public Library, l'American Library Association et même Internet Archive se positionnent contre l'administration du futur président des Etats-Unis, Donald Trump.

    Certaines bibliothèques américaines ont pris de telles mesures il y a des années. D'autres, comme la New York Public Library (NYPL), ont attendu la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle des Etats-Unis, en novembre dernier, pour se positionner.

    Ce mercredi 30 novembre, le réseau des bibliothèques publiques de New York a annoncé avoir modifié sa politique de conservation des données de ses usagers, promettant de détruire ces informations avant que celles-ci puissent être utilisées contre les lecteurs. Parallèlement, la plus grande association professionnelle de bibliothècaires du pays, l'American Library Association (ALA), s'est positionnée le 19 novembre dernier contre l'administration entrante, qu'elle juge en contradiction avec les valeurs de "libre-accès, de liberté intellectuelle, de respect de la vie privée et de confidentialité" qu'elle défend.

    Réglage des paramètres

    "Les documents des bibliothèques ou les autres informations recueillies par les établissements comme décrit ici sont soumis à la divulgation en vertu de l'assignation, par ordonnance d' un tribunal ou de toute autre personne autorisée par la loi applicable", pouvait-on lire la semaine dernière encore sur le site internet de la NYPL. 

    Depuis, l'établissement public a changé sa politique de confidentialité, mettant désormais l'accent sur ses politiques de collecte :

    "Parfois, la loi nous oblige à partager vos informations, explique le site internet de la NYPL si nous recevons par exemple une assignation, un mandat ou une ordonnance du tribunal valide. Nous pouvons partager vos informations si notre examen minutieux nous amène à croire que la loi, y compris le droit à la vie privée de l'État qui pourrait s'appliquer aux archives de la bibliothèque, nous oblige à le faire". 

    Et d'ajouter qu'elle ne conservera ces informations qu'aussi longtemps qu'il est nécessaire pour le bon fonctionnement de la bibliothèque. Selon Le Guardian, cette précision sous-entendant qu'elles seront ainsi détruites régulièrement afin de ne pouvoir être récupérées par des tiers. 

    "Notre petite bibliothèque dans l'Ohio fait cela depuis des années, a commenté un internaute ; après quatre mois, tous les dossiers sur les personnes qui ont emprunté des livres sont détruits. Lorsque j'ai demandé pourquoi à un bibliothécaire, celui-ci m'a dit que cette mesure avait été spécifiquement prise pour contrecarrer toute surveillance du gouvernement".

    Patriot Act

    Rappelons en effet que suite aux attentats ayant frappé les Etats-Unis, George W. Bush, le président américain de l'époque, avait proposé en octobre 2001 différentes mesures résumées par l'acronyme Patriot : "Providing appropriate tools requirent to intercept and obstruct terrorism" (soit "fournir les outils appropriés pour décelé et contrer le terrorisme"). Destinée à faciliter les écoutes et la surveillance de personnes suspectées de terrorisme, notamment sur internet, elle inclut également des mesures visant, entre autres, à mieux partager les renseignements entre les multiples services américains. Les Américains n'ont appris l'existence de ce Patriot Act qu'en 2005 et réalisé l'ampleur de ses conséquences qu'en 2013, lors des révélations d'Edouard Snowden sur la collecte en continu, par la NSA, des métadonnées des appels passés aux Etats-Unis (horaire, numéro appelé, durée).

    Rétropédalage

    De son côté, l'ALA a également apporté des précisions à ses membres quant à son positionnement vis à vis de la nouvelle administration Trump, qui prendra ses fonctions en janvier 2017. Un communiqué publié par erreur le 18 novembre dernier, et dans lequel l'ALA incitait ses membres à "travailler avec le président élu Trump" et son équipe de transition,a provoqué l'ire de ces membres, lesquels se sont mobilisés en masse pour faire part de leur désapprobation.

    Mea culpa, dès le lendemain : la présidente de l'association, Julie B Todaro a publié un communiqué dans lequel elle présente ses excuses pour sa déclaration, qui aurait été publiée "par erreur" la veille. Elle reconnaît que celle-ci peut avoir été mal interprétée car "semblant normaliser et capituler face à l'administration entrante". Précisant que les principes de libre accès, de liberté intellectuelle, de vie privée et de confidentialité restaient les valeurs fondamentales de l'ALA, elle a ajouté :

    "il est clair que beaucoup de ces valeurs sont en contradiction avec les messages envoyés ou les positions prises par la nouvelle administration".

    Exil au Canada 

    Rappelons que la bibliothèque numérique Archive.org, qui conserve une base de données consultables sur les sites web, a annoncé le mardi 29 novembre qu'elle allait créer une nouvelle sauvegarde de son immense référentiel d'information au Canada, réputé pour ses règles de confidentialité rigoureuses, afin de réagir face à une menace accrue de surveillance massive et invisible du gouvernement.

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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