Pour un nombre croissant d’universités, renforcer le soutien institutionnel à la gestion de données de la recherche s’intègre dans le cadre d’une stratégie plus globale d’amélioration de la gestion des processus et des performances de la recherche académique. Au-delà de la nécessité de répondre aux exigences des financeurs, les universités souhaitent elles-mêmes suivre plus efficacement les investissements dans la recherche, ainsi que leur impact en termes de publications et jeux de données. Dans un contexte de rationalisation budgétaire et de financement sur projet, les universités acquièrent sous licence des systèmes commerciaux d’information de recherche, ou CRIS (Current Research Information System), qui permettent de mesurer la productivité de la recherche au niveau institutionnel, départemental ou individuel.
Trois des universités qui ont participé à cette étude (l’université d’Édimbourg, l’université Monash et l’université de Wageningue) indexent déjà dans l’outil Pure d’Elsevier, ou prévoient d’indexer, les fichiers des jeux de données produits par les professeurs et chercheurs de leur université. L’université de l’Illinois a également adopté Pure pour la création de profils publics des chercheurs. Bien que le projet se concentre à l’heure actuelle sur les publications officielles (articles et monographies), il pourra être étendu à l’avenir aux fichiers des jeux de données stockés dans la banque de données de l’université ou dans d’autres entrepôts de données.
L’université Monash est en train de décommissionner son système institutionnel de stockage de données en faveur d’un système équivalent, intégré dans Pure, qui propose par ailleurs des fonctionnalités pour produire des rapports aux différents organismes qui en exigent, notamment en matière de publications de recherche en libre accès. Bien que l’université n’ait pas l’obligation de contrôler les jeux de données de recherche, elle considère ceci comme le prolongement naturel de ses efforts actuels en matière de suivi et de gestion des ressources institutionnelles.
L’université de Wageningue encourage ses professeurs et chercheurs à signaler tous leurs jeux de données dans Pure et s’appuie sur la bibliothèque pour la création de métadonnées pertinentes. Wageningue surveille également les entrepôts de données externes (disciplinaires et commerciaux, tels que figshare) et crée des fichiers dans Pure pour les jeux de données produits par l’université et stockés ailleurs. L’université reconnaît que le référencement des jeux de données de Wageningue est incomplet, mais s’efforce de collecter autant de métadonnées que possible pour ses données de recherche, celles-ci représentant une part importante de l’ensemble de ses produits de recherche.
À l’instar de Wageningue, l’université d’Édimbourg encourage les chercheurs à référencer leurs jeux de données dans sa version locale de l’outil Pure ; des bibliothécaires experts en gestion des données contrôlent les notices pour corriger et améliorer les métadonnées le cas échéant. La création d’une « bibliographie complète de l’université » est un objectif prioritaire à Édimbourg, car elle facilite la gestion et le suivi des performances en interne et en externe. Le personnel de la bibliothèque vérifie régulièrement DataShare, l’entrepôt de l’université, pour identifier les jeux de données qui n’ont pas de notice correspondante dans Pure et se charge de créer les nouvelles notices.
Édimbourg se veut pionnière du développement de solutions de gestion des données de recherche, voire prestataire de service potentiel pour le Service de partage de données de recherche national (Research data shared service) en cours de création par le Jisc, l’organisation à but non lucratif du Royaume-Uni chargée de proposer des services et solutions numériques pour l’enseignement supérieur et la recherche. Bien que, d’une manière générale, l’université soit passée des expérimentations locales aux outils commerciaux clé en main en matière d’infrastructure informatique, les solutions développées localement pour la gestion des données de recherche sont toujours privilégiées, car elles constituent un facteur de différenciation et contribuent à la notoriété de l’université. Par ailleurs, en tant qu’« université historique », Édimbourg accorde beaucoup d’importance à son rôle de gardien du savoir. Comme le rappelle Dominic Tate, responsable pour la diffusion de la recherche scientifique à la bibliothèque de l’université d’Édimbourg, « du point de vue de la conservation, [la bibliothèque] prévoit de gérer les jeux de données de la recherche et les autres documents relatifs aux travaux de recherche à perpétuité, comme elle le fait depuis 1583. »
Wageningue est en train de développer un Centre d’expertise en données (Data Competence Centre) pour accélérer le programme de recherche et de formation aux « big data » ; l’excellence en matière de gestion des données de recherche fait partie d’une stratégie institutionnelle plus large visant à faire rayonner la recherche de l’université sur le plan national et sur le plan international dans plusieurs disciplines (sciences animales, sciences végétales et développement durable).
Pour certaines bibliothèques universitaires, acquérir des moyens et compétences pour la gestion de données de la recherche peut permettre une évolution stratégique du rôle de la bibliothèque, pour la faire passer d’une mission traditionnellement centrée sur la gestion des collections à un soutien plus direct des chercheurs au niveau individuel comme institutionnel.
Pour en savoir plus, les quatre rapports sont disponibles gratuitement en anglais et peuvent être téléchargés sur : https://www.oclc.org/research/publications/2017/oclcresearch-research-data-management.html