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Horaires en bibliothèques : où en est-on ?

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    Le gouvernement a répété sa volonté d’inciter les bibliothèques publiques à étendre leurs horaires d’ouverture en soirées et le dimanche. (Mark Cruzat)
  • Cinq ans après la publication du rapport Orsenna, les horaires des bibliothèques sont toujours au cœur de l’actualité des politiques culturelles et leur élargissement continue de poser question. En milieu rural et urbain, le débat reste ouvert.

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    "Ouvrir plus les bibliothèques n’est pas une finalité en soi, mais la traduction d’une ambition beaucoup plus large sur l’accès à la lecture et à la connaissance". Voici ce qu’affirmait le gouvernement en 2017 au lancement de la "Mission Orsenna pour la lecture", qui s’est concrétisée en février 2018 par la remise du rapport "Voyage au Pays des bibliothèques : lire aujourd’hui, lire demain".

    À la suite d’un tour de France des bibliothèques, l’écrivain ambassadeur y listait une vingtaine de recommandations pour les établissements de lecture privés et universitaires, parmi lesquelles l’extension de leurs horaires d’ouverture.

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    Dans la continuité de ce rapport, un "plan bibliothèques" a été lancé par le ministère de la Culture en septembre 2023 afin de promouvoir les missions et les prestations des bibliothèques.

    Si trois cents événements ont été planifiés dans les établissements pour y attirer à nouveau les publics, le gouvernement a répété sa volonté d’inciter les bibliothèques publiques à étendre leurs horaires d’ouverture en soirées et le dimanche. Cinq ans après le rapport Orsenna, qu’en est-il sur le terrain ?

    "Une ouverture presque continue le dimanche"

    enquete_horaires_en_bib_dessin_vince.jpgDans les Hauts-de-Seine, la municipalité de Suresnes a étendu aux dimanches l’ouverture de sa médiathèque principale dès 2009. "Ce projet a fait l’objet de discussions entre les agents, les syndicats et la mairie", explique Quentin Ruffin, directeur des médiathèques de la ville. "Ces échanges ont permis de définir l’accord-cadre de l’ouverture du dimanche. Suresnes est privilégiée sur ce plan".

    Depuis, la médiathèque est ouverte le dimanche de 14 à 18 heures, passant de 35 heures et 30 minutes d’ouverture à 39 heures et 30 minutes chaque semaine, d’octobre à fin avril.

    En 2018, le rapport Orsenna a été accueilli à Suresnes comme une opportunité de redéfinir, recontextualiser, et remettre en avant les réflexions déjà implantées depuis presque dix ans. Mais, cette fois-ci, avec une dynamique nationale.

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    L’ouverture des dimanches de la médiathèque principale est alors étendue jusqu’à mi-juin. En 2020, une nouvelle médiathèque de quartier est construite pour remplacer l’ancienne, et étend également ces horaires le dimanche de 10 heures à 12 heures 30 : "en s’appuyant sur les deux médiathèques, l’idée était de bénéficier d’une ouverture presque continue sur le territoire le dimanche pour coller aux rythmes de vie des habitants", ajoute Quentin Ruffin.

    Le manque de soutien financier est parfois perçu comme un frein à l’ouverture du dimanche. Il s’agit d’une donnée essentielle, selon Quentin Ruffin : "si nous voulons que cela fonctionne au sein de notre équipe, il nous faut de bonnes compensations pour le personnel. Aujourd’hui, nous ne rencontrons pas de difficultés pour trouver des agents volontaires pour travailler le dimanche, car certains y voient des opportunités salariales".

    Par ailleurs, l’une des conditions à remplir pour bénéficier des subventions de la Direction régionale des Affaires culturelles (Drac) pour l’extension des horaires d’ouverture était la création de deux nouveaux postes. Ceux-ci ont été ouverts en 2019 à Suresnes et pérennisés depuis.

    Une ouverture le dimanche qui a du sens

    Loin du monde urbain, la communauté de communes Sarlat - Périgord Noir, en Dordogne, comporte un réseau de trois médiathèques pour 17 500 habitants. Dans l’attente de la nouvelle médiathèque de Sarlat qui devrait voir le jour d’ici septembre 2024, le sujet de l’extension des horaires est d’actualité.

    À ce jour, l’établissement est ouvert 24 heures par semaine. Après un premier niveau d’échanges instauré à la suite du rapport Orsenna, une réunion de service est organisée chaque mois entre l’élu à la culture, la direction et l’ensemble des agents du réseau.

    Selon Tiphaine Desjardin, directrice de ce réseau depuis 2017, une ouverture les dimanches des mois d’octobre à fin avril aurait du sens : "nos territoires ruraux possèdent des fréquentations saisonnières", explique-t-elle. "Je souhaite que les horaires étendus soient aussi en accord avec le rythme de travail de chacun".

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    D’ici la fin de l’année 2023, un dossier pour l’élargissement des horaires doit être déposé auprès de la Drac. "La conseillère livre et lecture nous accompagne sur tout le montage administratif et financier de ce projet afin que l’on puisse bénéficier de toutes les aides disponibles pour en faire un succès", explique Tiphaine Desjardin.

    La technologie à la rescousse

    Des outils d’automatisation permettent de soutenir l’extension des horaires d’ouverture. C’est le cas d’Open+, développé par l’entreprise Bibliotheca, un système d’extension des horaires composé de quatre modules (gestion des accès, domotique, vidéosurveillance et annonces sonores) permettant de s’émanciper de la présence de personnel sur place.

    La médiathèque le Zèbre d’Albert, dans la Somme, a été l’une des premières en France à l’expérimenter. "L’objectif de ce projet était de répondre de façon efficiente à la fois aux attentes fortes des élus et des usagers en matière d’accessibilité, tout en maîtrisant les coûts de fonctionnement", expliquait Chloé Dersigny, directrice du service de la lecture publique et de la médiathèque d’Albert, lors d’une conférence Bibliogrill organisée par la BPI en novembre 2022. "Nous souhaitions aussi répondre aux besoins des agents quant à leur organisation de travail interne". Actif depuis août 2022, cet outil permet à l’établissement de rendre ses services disponibles aux usagers 13 heures de plus par semaine sans modifier l’organisation de travail des agents.

    Des revendications à défendre

    Du côté du réseau des médiathèques de Nanterre, le mécontentement règne chez les agents après une première grève en juin 2023. "Ils sont évidemment favorables à l’extension des horaires d’ouverture, mais avec des moyens humains conséquents !", alertent deux membres de la CGT, syndicat qui soutient les agents du réseau.

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    D’après ces derniers, la moyenne nationale du nombre d’agents pour une ville de 100 000 habitants est de 56, contre 42,5 postes occupés actuellement à Nanterre (dont 7 qualifiés et statutaires). "L’unique solution serait la création de nouveaux postes et des recrutements imminents pour ceux qui sont vacants".

    Malgré ces alertes, la direction générale des services de la municipalité et la conseillère déléguée à la culture ont mis en place de nouveaux horaires étendus le mardi 3 octobre, sans l’apport de postes qualifiés et à temps complet.

    "Nous souhaitons apporter une offre de qualité au public et non un service dégradé", affirment les agents du réseau, désireux de poursuivre la lutte et d’être entendus.

    Une grève illimitée a été lancée le 1er octobre et l’unique structure du réseau dont l’ouverture est assurée le dimanche matin n’accueille plus d’usagers sur cette matinée depuis juin 2023. "Un préavis de grève oblige à une négociation !", revendiquent les membres du syndicat, qui réclament que la municipalité soit garante des conditions de travail de ses agents.

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