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Digital cleanup : les experts-comptables s'engagent pour la sobriété numérique

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    Réunion de travail du Croec autour du nettoyage numérique. (DR)
  • Le Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Normandie (Croec) s’est lancé en 2024 dans un ambitieux chantier de nettoyage numérique. Plusieurs centaines de gigaoctets de données inutiles ont déjà été supprimées par les utilisateurs en attendant le recyclage des ordinateurs et des smartphones.

    archimag_387_bd.jpgenlightened CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°387 - CYCLE DE VIE DE LA DATA : L’AFFAIRE DE TOUS !

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    C’est une tendance apparue il y a quelques années et qui ne cesse de prendre de l’ampleur dans les entreprises, dans les administrations et dans le monde associatif. Les journées dédiées au nettoyage numérique ont vocation, non seulement à réaliser un bilan carbone des activités, mais aussi - et surtout - à agir concrètement pour réduire l’empreinte environnementale des organisations.

    Au sein du Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Normandie (Croec), c’est en juillet 2024 que le premier "digital cleanup day" a vu le jour. Cette association loi de 1901 rassemble 800 experts-comptables normands, qui se sont réunis à Rouen pendant une journée pour réaliser un atelier de nettoyage des données numériques. "Les experts-comptables utilisent de nombreux outils et services numériques", explique Catherine Carlino, expert-comptable et créatrice de la commission RSE du Croec. "Nous recourons à l’intelligence artificielle, nous utilisons des serveurs (en local et en cloud) pour stocker nos données, nous communiquons par visioconférence et diffusons des messages via les réseaux sociaux. Autant d’usages qui nous ont fait prendre conscience de l’empreinte environnementale de nos pratiques numériques et qui nous ont amenés à agir pour la réduire."

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    5 milliards d’utilisateurs et 3.2 % des gaz à effet de serre pour le numérique 

    Pour mener à bien ce chantier, le Croec s’est appuyé sur l’expertise de l’Institut du numérique responsable (INR) et du World cleanup day - France, qui met à disposition des entreprises un ensemble d’outils et de bonnes pratiques en matière d’environnement. Cela commence par un rappel : avec 5 milliards d’utilisateurs, le numérique représente, selon le Rapport 2024 sur l’économie numérique de l’ONU, 3,2 % des gaz à effet de serre dans le monde. L’Ademe (Agence de la transition écologique) va plus loin : "à horizon 2030, si rien n’est fait pour réduire l’empreinte environnementale du numérique et que les usages continuent de progresser au rythme actuel, le trafic de données serait multiplié par 6 et le nombre d’équipements serait supérieur de près de 65 % en 2030 par rapport à 2020, notamment du fait de l’essor des objets connectés".

    catherine_carlino_croec.jpgLe Croec s’est doté d’une équipe resserrée de trois personnes qui a piloté le "digital cleanup day". Cette première édition s’est déroulée pendant une journée, avec la participation volontaire d’une quarantaine de cabinets d’experts-comptables. Au programme, la réalisation d’un bilan carbone qui prend en compte une série d’événements : l’usage de la visioconférence, l’énergie dépensée dans les locaux, les déplacements… "Lorsque nous organisons un rassemblement avec 300 membres en présentiel, cela a évidemment un poids carbone important", indique Catherine Carlino. "Nous suggérons à nos membres, lorsque cela est possible, de privilégier le covoiturage".

    L’opération ne se limite pas aux seuls experts-comptables. Elle implique toutes les fonctions transversales du Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Normandie : les juristes, les services sociaux, etc.

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    Suppression de 876 Go stockés sur les serveurs locaux

    Tous les métiers ont donc été invités à changer leurs habitudes numériques, par exemple à réduire le stockage de données, notamment les centaines de courriels sans valeur qui encombrent les messageries. Résultat : l’opération a permis de supprimer 393 gigaoctets (Go) hébergés dans les nuages et 876 Go stockés sur les serveurs locaux. Une dizaine d’applications inutiles ont également été désinstallées. Selon des estimations du Croec, ces actions cumulées représentent l’équivalent de la fabrication de trois smartphones ou d’un ordinateur.

    Pour Cécile Chabbert, présidente de l’Ordre régional, "le stockage des données numériques a des conséquences importantes sur notre planète et chaque petit geste est primordial pour préserver, non seulement nos ressources naturelles, mais également nos équipements".

    Comme de nombreuses organisations, le Croec a opté pour la libre participation de ses membres à l’opération : convaincre plutôt que contraindre. Les participants ont été invités à partager leur retour d’expérience au terme de cette première journée : "cela m’a permis de prendre conscience de beaucoup de choses…" ; "les fiches techniques m’ont permis de revoir certaines pratiques, notamment au regard du RGPD…" ; "nous nous sommes rendu compte que nous avions des e-mails très anciens. C’est une leçon d’humilité, car nous sommes tous concernés. Nous gardons trop longtemps nos archives…".

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    Une prise de conscience écologique qui évolue

    Bien évidemment, les archives ne sont pas toutes concernées par la suppression. Bien au contraire, leur sort obéit à des règles très strictes : "Nous respectons les délais de conservation des archives imposés dans le secteur des experts-comptables", précise Catherine Carlino. "En tant que contrôleuse qualité, je rappelle à nos membres les obligations et les délais de conservation qui s’imposent à notre activité". Côté outils, les cabinets d’experts-comptables (tout au moins les plus importants d’entre eux) ont sollicité leur direction des systèmes d’information dans le choix de solutions permettant de détecter et de supprimer les doublons.

    La première édition de ce "digital cleanup day" a en effet été l’occasion de mettre à jour quelques difficultés. Le travail de détection et de suppression des fichiers inutiles prend en effet du temps et ne fait que renforcer un besoin : des outils capables d’automatiser ces tâches s’avèrent indispensables. "En 2025, la prise de conscience écologique est une réalité grâce au principe de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Je ne suis pas sûre qu’un tel engouement aurait été possible il y a cinq ans. Les choses bougent…" Après une première édition réalisée en 2024, le Conseil de l’Ordre des experts-comptables de Normandie a décidé de renouveler l’opération en 2025 sur une durée plus longue. Avec une nouveauté : la collecte d’ordinateurs, de téléphones portables et d’accessoires, qui seront remis à des recycleries électroniques via des points de collecte situés à Caen et à Rouen.


    Digital cleanup day : 996 To de données supprimées en 2025

    Tous les ans, au mois de mars, les entreprises sont invitées à participer au Digital cleanup day mis en place par l’Institut du numérique responsable (INR). Cette journée de sensibilisation à l’empreinte environnementale du numérique s’adresse en réalité à un plus grand nombre d’utilisateurs : les collectivités, les associations, les écoles et même les particuliers. Selon l’INR, 1 936 opérations ont déjà vu le jour en 2025 et porté leurs fruits : 996 téraoctets (To) de données (en local et en cloud) ont été supprimés, dont 472 To de courriels. Le nombre de fichiers supprimés s’élève à 35 millions (ordinateurs, tablettes et smartphones confondus) et l’on recense 7 573 applications désinstallées. Par ailleurs, le nombre d’appareils numériques ayant bénéficié d’un allongement de leur durée de vie s’élève à 14 371 (dont 11 825 smartphones). Selon l’Institut du numérique responsable, ces opérations représentent l’équivalent de 944 tonnes de CO², soit 4 330 trajets Lille - Marseille en voiture, ou bien 14 749 396 heures de streaming vidéo.


     

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