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Sommaire du dossier sur la valorisation des archives :
- Archives numériques : les bonnes pratiques de valorisation
- Comment réussir sa valorisation d'archives en 10 points clés ?
- Archives nationales du monde du travail (ANMT) : une valorisation multicanale
- Service historique de la Défense (SHD) : le site web et les réseaux sociaux comme vitrine
- Entre2prises, une mémoire audiovisuelle régionale partagée
- Archives de Saint-Gobain : la valorisation numérique à grande échelle
Quelle est la spécificité des Archives nationales du monde du travail ?
Les Archives nationales du monde du travail, service à compétence nationale, ont pour mission de collecter, conserver et valoriser les archives des acteurs économiques et professionnels (entreprises, syndicats, comités d’entreprise...).
L’origine des ANMT remonte à 1981, après l’élection de François Mitterrand, où il fut décidé de porter une attention particulière aux documents produits par les entreprises alors que la France était en pleine désindustrialisation. La région Nord-Pas-de-Calais, particulièrement touchée, a été désignée pour accueillir le premier des cinq centres initialement prévus.
La réhabilitation (1989-1993) de l’usine Motte-Bossut à Roubaix, symbole de cette désindustrialisation et seul centre d’archives créé in fine, est confiée au cabinet Area de l’architecte Alain Sarfati.
> Lire aussi : Les Archives nationales du monde du travail (ANMT) lancent leur nouveau site : des milliers d'archives accessibles en ligne !
Quels documents trouve-t-on aux ANMT ?
Nous conservons des fonds produits par les acteurs économiques et professionnels dans toute leur diversité : entreprises (Lafarge, Banque Rothschild…), syndicats (CFDT, FEN…), comités d’entreprise, organisations professionnelles (Fnsea…), associations en lien avec le monde du travail (Emmaüs international, Secours populaire, Jeunesse ouvrière chrétienne…). Ces fonds, majoritairement sur support papier, représentent environ cinquante kilomètres linéaires.
Nous conservons également des fonds figurés (photographies, diapositives, affiches, cartes, plans) et audiovisuels comme les films produits par Charbonnages de France, véritable propagande à destination du grand public.
Par ailleurs, nous numérisons régulièrement des fonds pour mise en ligne : documents de gouvernance des entreprises (PV d’assemblées générales, CR de conseils d’administration…), documents nominatifs (dossiers de mineurs de fond par exemple), documents figurés (cartes postales, photographies, affiches…).
Enfin, en ce qui concerne la collecte d’archives numériques, nous avons pris part au projet de Perles d’Histoire relatif à la mémoire des entreprises au temps de la Covid-19 : les témoignages, nativement numériques, ont été confiés aux ANMT.
> Lire aussi : Quelle mémoire pour les entreprises au temps du Covid-19 ?
Quelles actions menez-vous pour valoriser ces archives ?
Nous disposons de plusieurs canaux de valorisation. Le premier est numérique avec notre site web qui a été totalement refondu au mois de mars dernier et qui propose un aperçu de l’ensemble des fonds conservés.
Pour le chercheur académique comme pour la personne curieuse, notre site donne accès aux instruments de recherche et aux documents lorsqu'ils sont numérisés. Il est également possible de venir sur place pour les consulter. Ces documents sont librement réutilisables par tout un chacun. Cette valorisation numérique passe également par les réseaux sociaux : Facebook, Twitter et YouTube.
Une valorisation plus classique est également proposée avec des expositions par exemple. En ce moment, vous pouvez découvrir « Du cœur à l’ouvrage : dans l’intimité du travail des archéologues. ». D’autres manifestations, en lien ou non avec les expositions, se tiennent également dans nos murs : journées d’études, ateliers jeune public, visites du bâtiment…
Publications et objets numériques viennent compléter cette offre.
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Le numérique est-il le principal canal de valorisation ?
Avec la crise de la Covid-19, la médiation numérique a pris une place importante mais elle ne doit pas être la seule.
Les ANMT sont dans un bâtiment qui marque l’histoire et le paysage de Roubaix. Il est donc important que le public puisse s’y rendre facilement avec une offre culturelle éclectique. Par exemple, l’œuvre du compositeur Jean-Luc Guionnet, écrite spécialement pour les ANMT à partir des recherches du compositeur dans les archives mais aussi en s'appuyant sur les spécificités acoustiques de l'ancienne usine Motte-Bossut, a été interprétée par un orchestre, accompagné d'un chœur amateur constitué d’une vingtaine d’habitants du département du Nord. Les interprètes étaient éclatés dans l’enceinte du bâtiment, invitant le public à déambuler pour se plonger dans la découverte du lieu et de la richesse de ses archives.
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Il est important pour nous que les artistes s’emparent des archives pour nourrir leur réflexion et création, proposant ainsi des restitutions singulières au public comme ce sera le cas en 2022 avec l’exposition « Patrons » de la plasticienne Joséphine Kaeppelin : une édition de treize blouses de travail dont les motifs ont été conçus à partir de documents consultés aux ANMT.