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Archivistes suisses : des défis multiples à relever

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    Gilbert Coutaz est directeur honoraire des Archives cantonales vaudoises (Suisse). (Olivier Rubin)
  • Gilbert Coutaz est directeur honoraire des Archives cantonales vaudoises (Suisse). Il revient sur les défis à venir des archivistes helvétiques : de l'importance de la formation et de la transmission des compétences, aux enjeux de la transition digitale.

    enlightened CET ARTICLE A INITIALEMENT ÉTÉ PUBLIÉ DANS ARCHIMAG N°371
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    Vous évoquez un "abandon de compétences" au sein des archives suisses. Que dénoncez-vous ?

    Si le phénomène paraît général, il peut être mesuré depuis 2013, en Suisse, à l’aide de statistiques annuelles. Les masses d’archives dans les dépôts d’archives progressent plus vite que l’augmentation du personnel. Les déficits d’inventaires croissent.

    Confrontées à l’élargissement, à la complexité et à la spécialisation des missions, les archives ne couvrent plus le champ temporel des documents par les compétences internes. Des siècles d’écrits sont devenus opaques, les domaines traités par les sciences auxiliaires n’ont plus d’expertise. Malgré elles, les directions d’archives opèrent des tris dans leurs savoirs en fonction de l’archivage électronique et des attentes sociétales.

    Lire aussi : Archives en Suisse : un tour d’horizon

    Quels défis les archivistes suisses doivent-ils relever ?

    Le paysage archivistique suisse reflète l’organisation fédéraliste du pays, ainsi que son histoire. Il suit l’étagement des pouvoirs (fédéral, cantonal et communal), chaque niveau traduisant les périmètres d’intervention et des situations individuelles contrastées. Quatre langues, dont l’allemand est majoritaire, pour autant de cultures le traversent.

    La structure cantonale, dont la souveraineté et l’autonomie sont consacrées par l’appellation "Archives d’État", constitue l’organisation de base. Les efforts de la centenaire Association des archivistes suisses portent sur les unités de doctrine, la transparence des politiques et les filières de formation.

    La création en 2004 du Centre de coordination pour l’archivage à long terme des documents électroniques (Ceco) est une des initiatives les plus abouties.

    Lire aussi : Archives en Suisse : découverte des structures archivistiques helvétiques (suite)

    Quelle doit être la place du numérique dans la pratique professionnelle des archivistes ?

    Le numérique est une réalité incontournable, chronophage, aux coûts humains, financiers et technologiques élevés. Depuis son irruption, il est accompagné de valeurs universelles, de normes et de solutions applicatives communes. Il a minoré la polyvalence des postes, repositionné les archivistes, renouvelé les formations et la pédagogie. Les Archives sont depuis prisonnières d’investissements constants.

    Elles recherchent des partenaires et la mutualisation des ressources. La valeur étalon de leur développement s’estime à la maturité de leurs projets. Les profils de gestionnaire évincent ceux de l’érudition.

    La place du numérique redistribue l’ordre de priorité des missions des archives. Elle exprime l’évolution professionnelle inéluctable des archivistes, tout en continuant à afficher leurs originalités dans la réflexion. Sans se vouloir passéiste, notre propos est d’attirer l’attention sur les risques d’une archivistique à deux vitesses.

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    La mise à disposition des décisions de justice en Open Data a vu le jour grâce à la loi pour une République numérique votée en 2016. Les articles 20 et 21 prévoient la mise en open data des quatre millions de décisions de justice produites chaque année par les tribunaux français. Camille Girard-Chanudet est chercheuse en sociologie au sein du Centre d’étude des mouvements sociaux. En 2023, elle a soutenu une thèse devant l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) : "La justice algorithmique en chantier, sociologie du travail et des infrastructures de l’intelligence artificielle". Dans ce cadre elle a rencontré les équipes de la Cour de cassation qui procèdent à l’anonymisation des décisions de justice.

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