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Philippe Cassoulat : "Le métavers est une vraie vague qui arrive..."

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    « Toutes les entreprises auront leur métavers si les technologies sont interopérables », explique Philippe Cassoulat, directeur général de Talan, président de l’Observatoire des métavers. (DR)
  • Philippe Cassoulat est directeur général de Talan, président de l’Observatoire des métavers et co-auteur, avec François Illouz, de l’ouvrage « Métavers, NFT : décrypter le nouveau monde » (Éditions Hermann).

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    Le terme métavers est issu du roman Simulacres de Philip K. Dick (1964) et du Samouraï Virtuel de Neal Stephenson (1992). Trente ans plus tard, quelle est la définition du métavers ?

    Les métavers sont des univers numériques qui présentent trois caractéristiques : ils sont immersifs, persistants et collaboratifs. Ils sont immersifs, car vous êtes l’acteur de l’expérience et vous décidez d’aller à droite ou à gauche comme bon vous semble. Contrairement à un site web où vous êtes spectateur, vous pouvez décider ce que vous allez faire.

    Ils sont également persistants, car il se passe des choses, y compris lorsque vous n’êtes pas présent. Enfin, les métavers sont collaboratifs, car ils possèdent une forte valeur sociale : vous êtes en mesure d’interagir avec d’autres personnes.

    Lire aussi : Quelle place pour la France et sa culture dans le métavers ?

    Je suis par exemple allé avec mon avatar dans un métavers à Venise — une réplique numérique de la ville — dans le cadre de la Mostra : je me suis assis sur un banc et j’ai assisté à la projection d’un film. J’ai appelé un ami qui m’a rejoint dans ce métavers avec son avatar et nous avons discuté l’un à côté de l’autre.

    En 2021, le fondateur de Facebook Mark Zuckerberg a annoncé des investissements colossaux dans le métavers. Quel est son projet ?

    À mes yeux, Mark Zuckerberg souhaite redonner un nouvel élan à son entreprise en capitalisant l’expérience qu’il a tirée de Facebook et d’Instagram. Échanger des photos sur Facebook était une activité de « digital native », mais les « métavers natives » ne vont pas se contenter d’échanger des photos !

    Ils attendent bien d’autres choses des métavers. Ils voudront être maîtres de leurs expériences et pouvoir les échanger. Ils souhaiteront récolter les fruits de leurs créations. Il s’agit d’une économie de créateurs.

    Son objectif est de ne surtout pas rater cette grande vague née dans le gaming du type Fortnite. De la même façon qu’en 2010 des adolescents dormaient avec leur smartphone sous leur oreiller, Mark Zuckerberg se doit de redonner un souffle à Facebook via le métavers Meta.

    Quel est l’intérêt pour une entreprise ou une administration d’ouvrir un compte dans le métavers ?

    Ces intérêts sont multiples, à commencer par l’effet de mode qui pousse les grandes entreprises à poser leur empreinte dans le métavers. C’est notamment le cas des grands acteurs du luxe qui souhaitent ainsi vendre leurs produits aux avatars. Est-ce un enjeu fort ? En termes de business, je ne sais pas. En revanche, en termes de visibilité, c’est fondamental.

    Un autre intérêt réside dans le fait de proposer de nouveaux usages. C’est le cas de la formation qui est beaucoup plus efficace dans le métavers que sur un site de formation à distance. En Floride, une université a créé des classes dans le métavers qui ont généré pendant le confinement un taux d’engagement bien supérieur à ce que l’on constate via Zoom ou Teams.

    Cette université a par exemple embarqué les avatars des élèves pour une visite de la planète Mars : tout cela est extrêmement puissant pour éveiller la curiosité et l’engagement des étudiants. Le métavers est également particulièrement efficace pour l’accueil des nouvelles recrues, le partage d’expertises à l’autre bout du monde, ou encore la gestion de crise.

    Lire aussi : Jamespot.land : bienvenue dans le metavers d'entreprise

    Dans le cas des administrations, le métavers est un levier qui peut apporter de nombreux avantages, comme le montre le cas de la ville de Séoul, en Corée du Sud, qui a récemment investi le métavers pour réaliser des tâches administratives grâce à des avatars. Ma propre société, Talan, a créé un métavers pour le recrutement.

    En France, des entreprises et des administrations sont-elles présentes dans le métavers ?

    Beaucoup y réfléchissent et quelques entreprises sont présentes, en particulier dans le domaine de la formation et de la maintenance à distance.

    Que sait-on des éventuels risques psychologiques liés aux métavers ? Ou de ses bienfaits ?

    On n’en sait pas plus que les risques classiques liés à l’utilisation d’un smartphone, d’une tablette ou d’autres types d’écrans. En revanche, on connaît les vertus du métavers. Je pense à l’inclusivité, notamment en matière de handicap.

    Des associations s’intéressent de très près à ce que le métavers peut leur apporter en matière d’accès, comme celui à la culture qui sera grandement facilité grâce à des expériences vraiment bluffantes. Le métavers met la culture et les spectacles à la portée de tout le monde.

    Toutes ces expériences sont magnifiques et j’ajoute que je tiens par ailleurs énormément au monde réel ! Je suis administrateur d’un club de rugby et j’aime la convivialité. Le monde réel et le monde virtuel peuvent parfaitement cohabiter en bonne intelligence !

    Quelle est la place du droit dans le métavers ?

    La place du droit dans le métavers est une grande question. À ce jour, cette place n’est pas assez importante. Les métavers devront être encadrés et régulés sur de nombreuses thématiques comme le harcèlement ou la violence physique.

    Cette violence prend des formes diverses : un avatar qui s’approche de vous en vous menaçant de vous donner un coup de poing, cela fait peur et c’est choquant. Heureusement, certains métavers permettent de signaler les avatars malveillants, mais ces derniers peuvent revenir sous une nouvelle identité.

    Lire aussi : Michel Beaudouin-Lafon : "Avec son métavers, Facebook essaie d’allumer un contre-feu face aux critiques"

    Mais une question se pose : l’anonymat doit-il être la règle dans un métavers ? Pour ma part, je pense qu’il faudra passer de l’avatar à l’identité réelle de la personne.

    Les NFT (non-fungible token ou jeton non fongible) restent une énigme pour beaucoup de gens. De quoi s’agit-il et à quoi servent-ils ?

    Un NFT est un certificat d’appartenance qui identifie une œuvre ou un sujet. Il donne également droit à des services dans le monde réel. Certains NFT sont des certificats de propriété d’une œuvre numérique, d’autres ont des effets dans le monde réel.

    Dans le métavers Sandbox par exemple, le NFT va lier une parcelle de terrain à votre avatar. Il vous donne également un droit de vote comme dans une copropriété.

    Vous écrivez que « la technologie avance plus régulièrement qu’on ne l’imagine, mais son adoption procède par bonds. Une demi-génération suffit pour tout bouleverser. » Comment les individus et les entreprises s’adaptent-ils à ce bouleversement continu ?

    Nous pouvons soit refuser de regarder ce qui change et passer à côté, soit être curieux et tester. À titre personnel, je suis convaincu que le métavers est une vraie vague qui arrive. Les entreprises doivent y réfléchir en se posant la bonne question : quel est l’usage pour mon activité ?

    Elles ont encore un peu de temps pour y réfléchir, comme elles en ont eu pour anticiper la digitalisation de leurs activités. Celles qui ont compris ces enjeux se sont adaptées, les autres ont eu des problèmes.

    Vous reprenez à votre compte le fameux mot de Pierre Dac : « Il ne faut jamais faire de prévisions, surtout lorsqu’elles concernent l’avenir ». Est-il tout de même possible d’imaginer l’avenir du métavers et des NFT d’ici les dix prochaines années ?

    Il y a une clé de compréhension dans tous ces enjeux : l’interopérabilité. Toutes les entreprises auront leur métavers si les technologies sont interopérables et permettent de se connecter facilement avec les différents avatars. Cela pose la grande question de l’identité numérique.

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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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