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Intelligence artificielle : une veille augmentée ?

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    Quasiment toutes les étapes du cycle de la veille peuvent tirer profit de l’intelligence artificielle. (Freepik/@starline)
  • À quels stades les outils de veille recourent-ils à des éléments d’intelligence artificielle ? Peu à peu, celle-ci intervient tant en amont (sourcing) du processus de veille qu’au niveau du traitement (analyse, datavisualisation…) ou en aval (diffusion). Mais cette assistance aux tâches de veille ne risque-t-elle pas d’empiéter sur le métier ? Quelle est son ampleur actuelle ? Toutes les réponses dans notre dossier complet sur le sujet : certains professionnels s’inquiètent, des experts en veille et intelligence artificielle les éclairent. Retours d’expériences.

    Temps de lecture: 6 minutes

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    Sommaire du dossier :

    veille-intelligence-artificielle-dessin-barros.jpgLors de l’édition 2020 du salon Documation, une conférence a fait le plein d’auditeurs. Autant dire une performance en pleine crise sanitaire ! Il est vrai que son titre avait de quoi éveiller la curiosité : comment la recherche d’information se transforme avec l’intelligence artificielle ? Alors que les métiers de l’information et de la documentation sont confrontés à un véritable déluge de données, nombreux sont les professionnels à s’intéresser de près aux promesses de l’intelligence artificielle (IA).

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    Veille : les avantages de l'intelligence artificielle

    À écouter les éditeurs de solutions de veille, l’intelligence artificielle dispose de nombreux atouts à faire valoir : elle permet de hiérarchiser l’information en détectant les mots les plus importants et elle est capable d’établir des relations entre des termes dispersés dans un texte.

    Elle s’applique également à l’automatisation de filtres qui permettent de réduire le temps que les veilleurs consacrent à cette tâche à faible valeur ajoutée, y compris pour traiter des corpus textuels dans d’autres langues que le français (anglais, espagnol, arabe, portugais…).

    Autres avantages : l’intelligence artificielle est en mesure de procéder à de la reconnaissance d’images et à de la recommandation de contenus. On pourrait ajouter la capacité de l’IA à thématiser des flux d’information en les regroupant par secteurs économiques, par pays ou par marchés.

    Quasiment toutes les étapes du cycle de la veille peuvent tirer profit de l’IA. La collecte avec l’identification de nouvelles sources, la validation des sources selon de multiples critères (référencement, avis et commentaires, nombre d’articles publiés, construction du site…), l’analyse (création de résumés sur la base des informations les plus pertinentes), la diffusion avec l’ajustement des livrables de veille selon les besoins de l’utilisateur final.

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    Des briques d’IA dans les solutions de veille

    Ces promesses sont confirmées par l’éditeur Bertin IT spécialisé dans les solutions de veille et de traitement automatique de la parole :

    « L’arrivée des outils fondés sur l’IA est l’élément le plus important pour le monde du logiciel depuis ces dix dernières années », selon Sébastien Marinier, responsable R&D produit AMI EI. « Nos produits d’investigation et de veille disposent de “briques” d’IA à différents points clés des chaînes de traitement. Cela peut concerner les prises de décision quant au choix d’un document, son classement dans des thématiques, la détection des entités dans le texte, des outils utilisant de la reconnaissance d’image ».

    Certaines de ces briques d’IA sont des réalisations de sociétés partenaires que l’éditeur intègre dans ses services. Trois chercheurs sont actuellement engagés dans des projets d’intelligence artificielle avec des objectifs à court terme (fin 2021-2022), mais aussi à plus long terme. « Nous sommes en veille sur ces sujets pour tous les outils qui pourraient ajouter de la valeur, faire gagner du temps ou économiser des ressources ».

    Exemple concret d’application : comment se propage la désinformation liée à la crise sanitaire de Covid-19 ? Bertin IT et la société Storyzy (qui édite un logiciel traquant les fake news) proposent un outil capable de débusquer les attaques informationnelles : qui produit la désinformation ? qui la répand ? quand et via quel canal ? Un million de sources font l’objet d’une surveillance. L’IA est en mesure de différencier les sources fiables et les sources douteuses (complotisme, piège à clics…).

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    Machine learning et datavisualisation au service de la veille

    Autre acteur à se positionner sur ce marché, Geotrend mise sur l’IA et la datavisualisation pour aider les entreprises à cartographier leur environnement concurrentiel. Ses graphiques permettent par exemple de visualiser les acteurs en présence sur un marché particulier, mais aussi de mettre en évidence les liens qui existent entre différentes entités : partenariat technologique, entrées au capital, etc.

    Des algorithmes de machine learning appliqués aux contenus disponibles sur le web dévoilent les petits et grands secrets des entreprises : leur poids économique, leurs implantations géographiques, leurs investissements, leurs fournisseurs…

    Autant d’informations qui semblent séduire les entreprises. Geotrend revendique 30 % de clients parmi les sociétés du Cac 40 et promet un temps de recherche divisé par 8.

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    Traitement automatique du langage

    L’éditeur Qwam de son côté recourt à l’intelligence artificielle dans un domaine qui est susceptible d’intéresser les métiers de la veille : le traitement automatique du langage naturel. L’IA est mise à contribution pour améliorer les performances en matière de linguistique, de sémantique, d’analyse de données et d’apprentissage.

    « Les performances s’améliorent en permanence, de même que le niveau de pertinence des résultats obtenus, entraînant une spectaculaire multiplication des cas d’usage dans de multiples secteurs d’activités dont certains jusqu’ici pas ou peu concernés par le traitement automatique du langage naturel », constate Christian Langevin, directeur général de Qwam (Livre blanc Intelligence artificielle et valorisation des données textuelles de Qwam Content Intelligence, 2020).

    Le service de documentation du groupe Le Figaro s’est ainsi doté d’une solution Qwam qui est utilisée par la rédaction, mais aussi par les services de l’entreprise : administratif, juridique, ressources humaines, service data du marketing. Les résultats remontés par le moteur de recherche sont présentés sous forme de tags, ce qui permet d’accéder très rapidement à l’information en cliquant sur des sources de façon intuitive. Un simple clic sur un mot ou un tag permet d’accéder à l’ensemble des articles répondant à cette recherche.

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    Les limites de l’intelligence artificielle

    On le voit, l’intelligence artificielle a plus d’un atout à faire valoir pour aider les veilleurs à accomplir leurs missions. Mais certains observateurs ne manquent pas de pointer les limites de l’IA.

    « Il est important de signaler que les outils fondés sur le deep learning sont soumis à deux phénomènes qui peuvent être parfois incompatibles avec certains logiciels », précise Sébastien Marinier (Bertin IT) ; « en premier lieu, l’incertitude. La plupart des outils proposent des résultats avec deux curseurs (précision et rappel). Il n’y a jamais de 0 ou 1. Ensuite, l’apprentissage peut “dériver” et, à la fin, donner des résultats moins bons qu’initialement. Dans tous les cas l’aspect boîte noire d’un modèle d’IA — l’inexplicabilité — peut être un obstacle final à l’adhésion à l’outil. Chez Bertin IT, dans le cas du produit de veille, plus de la moitié des demandes support porte sur la question : “Mais pourquoi ce document est (ou n’est pas) remonté par le produit ?”. Avec un modèle d’IA, la réponse sera quasi impossible ».

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    Autre limite, les fameuses bulles informationnelles dans lesquelles les veilleurs risquent d’être enfermés à force de se voir proposer des informations du même type. Ces fameux biais de confirmation sont un écueil désormais bien identifié par les professionnels de la veille. La parade est également bien connue : il s’agit de faire extrêmement attention à ses sources d’information.

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    À quels stades les outils de veille recourent-ils à des éléments d’intelligence artificielle ? Peu à peu, celle-ci intervient tant en amont (sourcing) du processus de veille qu’au niveau du traitement (analyse, datavisualisation…) ou en aval (diffusion). Mais cette assistance aux tâches de veille ne risque-t-elle pas d’empiéter sur le métier ? Quelle est son ampleur actuelle ?
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    Rencontre avec Stéphane Roder, le fondateur du cabinet AI Builders, spécialisé dans le conseil en intelligence artificielle. Également professeur à l’Essec, il est aussi l’auteur de l’ouvrage "Guide pratique de l’intelligence artificielle dans l’entreprise" (Éditions Eyrolles). Pour lui, "l’intelligence artificielle apparaît comme une révolution pour l’industrie au même titre que l’a été l’électricité après la vapeur".
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