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Open data : comment l'Etat français exploite ses données publiques

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    Selon le classement du cabinet de conseil Capgemini sur l'open data, la France est devenue en 2021 le pays européen le plus mature en matière d'ouverture des données publiques. (Freepik)
  • Les projets d’exploitation de données publiques se multiplient tant au niveau national qu’à l’échelle des collectivités. Sur la plateforme d’État Data.gouv.fr, bien sûr, mais aussi à Rennes, à Lyon et dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, l’open data devient une réalité pour les citoyens. 

    Temps de lecture : 6 minutes

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    La France championne de l'open data

    C’est un classement méconnu qui mériterait pourtant d’être porté à la connaissance de nos concitoyens. La France se situe parmi les meilleurs élèves du monde en matière d’exploitation de ses données publiques. Elle se classe en première position pour l’ouverture des données relatives au Covid-19 et pour les politiques open source (selon une étude de la Commission européenne).

    Elle se situe au deuxième rang parmi les pays de l’OCDE pour l’ouverture de ses données publiques. Elle se hisse enfin sur la troisième marche du podium au sein de l'Union européenne pour l'open data. 

    > Lire aussi : Open data : la France devient le meilleur élève européen

    L'ouverture des données publiques : une réalité pour l'administration et les collectivités

    Ce bon classement ne doit rien au hasard. Depuis une bonne dizaine d'années, l’ouverture des données publiques est une réalité pour l’administration centrale comme pour les collectivités.

    Elle est même une obligation depuis la loi pour une République numérique (octobre 2016) pour les collectivités locales de plus de 3 500 habitants ou de plus de 50 agents.

    Pourtant, certains observateurs estiment que le compte n’y est pas et soulignent que les collectivités n'appliquent pas toutes la loi (loin de là). Il est vrai qu’aucune sanction n’est assortie à l’obligation d’open data par défaut.

    Du côté des promoteurs de l’open data, on préfère regarder le verre à moitié plein et évoquer les multiples réalisations en cours et à venir. Au mois d’août dernier, la plateforme Data.gouv.fr procédait à une refonte graphique de son interface.

    Au-delà de la retouche cosmétique, cette nouvelle version sera en mesure d’accueillir de nouveaux jeux de données notamment les innombrables données relatives à la crise sanitaire de Covid-19 mais aussi les données de décision de justice, les données sur l’agriculture biologique ou les données d’audience des environnements numériques de travail des élèves du second degré.

    > Lire aussi : L'Ademe ouvre son portail open data

    Tableau de bord interactif consacré aux données de la crise sanitaire de Covid-19

    Comme on pouvait s’y attendre, la pandémie de Covid-19 a généré un nombre considérable de données : lieux de vaccination, données relatives aux stocks et aux livraisons de vaccins, sites de prélèvement pour les tests Covid-19, nombre de patients en réanimation…

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    Ce corpus de données officielles sur la progression de l’épidémie en France est consolidé par le ministère de la Santé et Santé publique France. Il peut être consulté sur un tableau de bord interactif mis à disposition des internautes sur Data.gouv.fr. Il peut également être téléchargé quotidiennement au rythme des mises à jour. Pour les internautes, cette visualisation présente un double avantage : elle est facile à comprendre et elle se révèle bien plus digeste que d’interminables tableaux de chiffres.

    Signe qui ne trompe pas, Data.gouv.fr a battu son record de consultation au mois de novembre 2020, alors que le pays était soumis à un nouveau confinement, avec plus de 2,3 millions de visiteurs uniques. Les cinq jeux de données les plus demandés étaient tous relatifs au Covid-19.

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    Données électorales

    À quelques semaines des élections présidentielles, les jeux de données publiques peuvent également être exploités pour mieux comprendre le déroulement d’une campagne électorale. C’est ainsi que les données du ministère de l’Intérieur relatives aux élections régionales de 2021 ont été analysées pour quantifier la répartition du temps de parole des différents partis politiques.

    Ces données sont présentées sous la forme d’une interface particulièrement colorée qui permet de vérifier l'évolution du temps de parole par parti politique. Des filtres sont également mis à disposition des internautes pour affiner la recherche par région, par chaîne de télévision ou par station de radio.

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    Mutualisation de moyens

    Du côté des collectivités, les données électorales sont également exploitées dans des interfaces dynamiques. À Rennes, célèbre pour avoir été la première ville à disposer d’un portail open data dès 2010, des visualisations ont été réalisées à partir des données issues de la plateforme open data de Rennes Métropole.

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    Servi par une remarquable interface, le site Elections.rennes.fr donne accès à une demi-douzaine de scrutins : présidentiel, législatif, municipal, européen, régional et départemental.

    À l’autre bout de la France, la ville de Marseille s’est dotée d’une plateforme au mois d’avril dernier. La cité phocéenne met de nombreux jeux de données publiques à la disposition des internautes : menus des cantines, emplacement des éclairages publics, délibérations du conseil municipal, lieux de distributions de masques… Ces jeux de données sont proposés dans des formats bruts (.ods, .txt, .csv notamment) et peuvent bien entendu être utilisés et enrichis par les habitants, les associations et les entreprises.

    Au-delà de la ville de Marseille, c’est toute la région Provence-Alpes-Côte d’Azur qui s’est engagée dans le programme Data Sud. Objectif : « Permettre aux acteurs publics de se mettre en conformité avec les obligations réglementaires en matière de publication de données ». Pour y parvenir, Data Sud fait le pari de la mutualisation des moyens avec un guichet unique de la donnée et une structure commune pour l’hébergement des données.

    Toute organisation (publique et privée) est invitée à diffuser ses données sur la plateforme. On y trouve, par exemple, des jeux de données produites par l’Agence régionale du livre, par la ville d’Avignon (45 jeux de données) ou par le Bureau de recherche géologiques et minières (35 jeux de données). À ce jour, 143 organisations ont joué le jeu. 

    > Lire aussi : Quel calendrier pour les décisions de justice en open data ?

    Transparence pour les producteurs et pour les utilisateurs

    À Lyon, la plateforme Data.grandlyon.com offre un accès à plusieurs centaines de jeux de données. À elle seule, la rubrique « bibliothèques » propose une vingtaine de jeux. Une fonctionnalité a fait son apparition récemment : la visualisation des statistiques de consultation des données en particulier le nombre de requêtes effectuées sur un jeu de données au cours des douze derniers mois glissants.

    « L’intérêt de cette fonctionnalité est de traduire l'attention pour les jeux de données et pour leurs usages. Ce tableau de bord favorise la transparence, pour les producteurs (ceux qui ouvrent leurs données), comme pour les utilisateurs (citoyens, entreprises, chercheurs...) », indiquent les promoteurs de la plateforme.

    > Lire aussi : Open data et datavisualisation : que faire des données qui dorment dans des tableurs ? 

    Toutes ces réalisations, nationales et régionales, seront bientôt suivies d’autres projets de grande envergure comme la plateforme Datamin 360 qui aura vocation à collecter, analyser, visualiser les données financières. Ou le programme Anais, porté par le ministère des Armées, qui sera capable d’analyser la circulation des navires à l’échelle mondiale en temps réel et de relever les incohérences ou comportements dangereux par des algorithmes d’IA légère. Ou encore, Simara, la plateforme de transcription d’inventaires manuscrits du XVIIIe au XXe siècle grâce à l’intelligence artificielle. Ce projet est porté par les Archives nationales.

    Au total, près d’une vingtaine de projets d’exploitation de données figurent dans le cadre du plan France Relance. 

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