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Didier Barathon : "La fracture numérique concerne aussi certains salariés équipés d'un ordinateur"

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    « Les associations qui luttent contre l’illectronisme reçoivent même des salariés qui ne savent pas utiliser Excel », explique Didier Barathon, spécialiste de l’économie numérique. (DR)
  • Didier Barathon est spécialiste de l’économie numérique. Il est également l’auteur de « Exclusion numérique, fracture numérique et illectronisme », paru en janvier 2023 chez VA Éditions.

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    Quels sont les chiffres de l’exclusion numérique en France ?

    Un chiffre officiel de 2017 évoque treize millions de personnes exclues du numérique, mais il convient de nuancer ce chiffre. Il y a environ cinq millions de personnes qui cumulent plusieurs types d’exclusions : sociale, territoriale et numérique.

    Ces cinq millions de personnes sont totalement exclues du numérique. Par ailleurs, il y a entre quinze et vingt millions de personnes qui éprouvent des difficultés avec le numérique.

    Que recouvre exactement la notion d’exclusion numérique ?

    Cette notion recouvre plusieurs types de profils, à commencer par des personnes qui n’ont quasiment jamais vu un ordinateur de leur vie. Ces gens-là sont totalement démunis et il faut leur apprendre à ouvrir un ordinateur, à utiliser une souris et à naviguer sur le web. Il s’agit là d’un apprentissage très progressif, mais essentiel.

    Autre type de profil, les personnes qui peuvent réaliser des opérations basiques (navigation sur le web), mais qui ne savent pas vraiment aller plus loin. On rencontre beaucoup de gens qui ont des difficultés pour accéder aux services publics en ligne tels que les impôts et la Sécurité sociale.

    Ils rencontrent les mêmes difficultés avec les services privés proposés par la grande distribution, par exemple. Dans tous ces cas de figure, ils doivent créer un espace en ligne, ce qui suppose un identifiant et un mot de passe.

    Lire aussi : Le Baromètre du numérique confirme le décrochage d'une partie des Français face à l'e-administration

    On constate que beaucoup de gens sont découragés par les questions de sécurité informatique. Il faut enseigner à ce type de public des techniques pour concevoir et sécuriser un mot de passe.

    Cela fait désormais près de vingt ans que la France est engagée dans un vaste chantier de dématérialisation de ses services publics.

    L’État a-t-il adopté la bonne méthode pour le mener à bien ?

    Certaines administrations se débrouillent plutôt bien, comme le site impots.gouv.fr qui bénéficie d’une interface ergonomique et relativement facile à prendre en main. Il est possible de payer ses impôts en ligne et cela se passe plutôt bien en matière de sécurité.

    Mais je constate qu’en une vingtaine d’années, l’administration fiscale est revenue sur sa décision initiale qui consistait à embaucher moins de fonctionnaires et à redéployer leurs effectifs. Au fil des années, elle a remis des fonctionnaires aux guichets, car elle s’est rendu compte que le numérique ne suffit pas.

    En effet, la question des impôts est très compliquée en raison d’innombrables statuts particuliers. Face à la complexité, il est parfois nécessaire d’avoir une présence humaine en face de soi.

    Lorsque l’État a décidé de dématérialiser ses services, ce n’est pas parce qu’il s’est soudainement passionné pour le numérique. Derrière ce choix, tout le monde a compris qu’il s’agissait également de réaliser des économies d’échelle et de redéployer les effectifs de l’administration. Cela est d’a....
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