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Principes et enjeux de la science ouverte : le quotidien des chercheurs transformé par l'open access

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    La science ouverte a transformé l'environnement de travail des chercheurs et des étudiants : découvrez leurs nouvelles pratiques et outils. (lookstudio)
  • Logiciels et publications gratuites, récupérables directement en ligne, masses de données, d’outils et de documents disponibles : la science ouverte s’est progressivement glissée dans le quotidien des chercheurs. Découvrez leurs nouvelles pratiques et outils, transformés par la science ouverte, mais aussi les principes et les dispositifs de l'open access ainsi que ses enjeux économiques et organisationnels.

    Temps de lecture : 7 minutes

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    Sommaire du dossier sur la science ouverte :


    science-ouverte-claire-scopsi-cnamLes nouvelles pratiques et outils des chercheurs

    Mettre la main à un ouvrage collectif en cours de rédaction sur un wiki, consulter les travaux de ses collègues dans Hal, consigner ses références et notes de lectures dans le groupe Zotero (célèbre logiciel de gestion de bibliothèques numériques développé par la Corporation for Digital Scholarship, sous licence libre), récupérer gratuitement des articles anciens sur Gallica ou dans les collections de Persée (portail de diffusion de collections patrimoniales de publications scientifiques), rédiger une fiche d’évaluation de revue scientifique sollicitée par la plateforme OpenEdition (portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales créé par le Centre pour l’édition électronique ouverte)…

    Si la journée du professeur Cosinus (on aura reconnu le célèbre et distrait savant imaginé par l’illustrateur Christophe à la fin du XIXe siècle) est bien chargée, nombre de chercheurs reconnaîtront leurs propres pratiques et outils. La science ouverte a changé leur environnement.

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    Les principes de la science ouverte

    La science ouverte est la diffusion sans entrave des produits de la recherche financée sur fonds publics et, grâce au numérique, l’accès ouvert à ses produits, qu’il s’agisse d’articles scientifiques, de méthodes, de données ou de résultats : logiciels ou inventions. Ces bons principes sont résumés par l’acronyme Fair qui signifie, en français, « facile à trouver, accessible, interopérable, réutilisable ».

    L’enjeu est d’accélérer la circulation des données scientifiques et de diffuser la science plus largement entre chercheurs, mais aussi auprès des citoyens en réduisant la part des informations qui dorment dans des fonds d’éditeurs trop chers ou dans des bases de données confidentielles. Il s’agit donc de rendre la recherche plus efficace et de la sortir de l’élitisme pour la diffuser dans la société.

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    Distinguer les véritables acteurs du Fair

    Mais comme nous l’avons appris avec les logiciels libres au début des années 2000, ce qui est mis à disposition en ligne rapidement, facilement et gratuitement, n’est pas forcément « ouvert ». Le monde de la publication scientifique sur le web est une vaste jungle où l’on croise des Gafam (Pour Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft. L’acronyme englobe les grandes entreprises de technologies qui détiennent les grandes plateformes de services, et les données que le public y dépose), de grandes entreprises d’édition scientifique, des acteurs publics et des communautés.

    Il convient de distinguer les véritables acteurs du Fair, des stratégies commerciales de mise en ligne gratuite, qui sont des aubaines pour les usagers pendant quelques années, mais se referment lorsque les usages installés ménagent un marché suffisamment lucratif.

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    Les dispositifs de la science ouverte

    Garantir durablement le Fair implique un ensemble de dispositions et de ressources :

    • Des technologies sémantiques d’accès à l’information pour améliorer la cherchabilité des ressources publiées en ligne, car rien ne sert de stocker si l’on ne peut retrouver ce dont on a besoin ;
    • Des formats ouverts pour l’échange des données entre partenaires, les dépôts dans des entrepôts de données ou le transfert des données d’un logiciel à un autre ;
    • Des cadres contractuels et réglementaires pour que les produits de la recherche, qu’il s’agisse de texte ou de code informatique, ne puissent devenir l’exclusivité d’un éditeur commercial. Cela implique la création et l’usage de licences ouvertes (licences libres ou licences « creative commons ») ;
    • Des infrastructures collectives de stockage et de fourniture d’accès fiables, durables et dignes de confiance. C’est-à-dire qu’elles doivent gérer les données qui leur sont confiées, non comme une marchandise procurant un revenu direct, mais comme une ressource destinée à permettre aux citoyens de produire une activité (selon le modèle développé par Data.gouv.fr, le site gouvernemental de publication de données publiques).

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    Écosystème

    Pour que cela fonctionne, un écosystème se construit. Des gouvernances d’usagers experts élaborent et maintiennent les formats. Des consortiums incluant des structures publiques développent et maintiennent les infrastructures. Des groupes de pression négocient les évolutions des contrats avec les partenaires privés (c’est le rôle que joue, par exemple, le consortium Couperin pour défendre les intérêts des bibliothèques et centres de documentation des établissements scientifiques auprès des éditeurs).

    Des politiques publiques incitent à l’adoption des licences ouvertes, au dépôt de données (comme les plans nationaux pour la science ouverte 2018-2021 et 2021-2024 du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche), à la clarification des règles de gestion, d’usage, et de conservation des données recueillies (l’Agence nationale de la Recherche impose la rédaction d’un plan de gestion des données pour les projets qu’elle finance).

    Un maillage d’acteurs au plus près du terrain informe et forme les acteurs de la recherche.

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    Les enjeux organisationnels

    Dans cet écosystème, les intermédiaires privés et les échanges financiers cèdent la place à des communautés d’experts et d’usagers et au partage. Pourtant, les éditeurs scientifiques, les éditeurs de logiciels, les opérateurs privés jouent un rôle dans la qualité de la recherche : les intermédiaires techniques sont responsables de la sécurité des données et de la qualité des services rendus et les éditeurs scientifiques garantissent le respect de l’éthique de la recherche par l’organisation de l’évaluation entre pairs.

    L’enjeu d’une politique de sciences ouvertes est donc de promouvoir des modèles économiques et organisationnels qui garantissent la qualité des processus de recherche.

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    1. Le financement des publications scientifiques

    Le coût élevé des abonnements à certaines revues laisse craindre que l’intérêt commercial n’en vienne à primer sur la rigueur de la sélection des articles, mais aussi que les coûts élevés des abonnements ne limitent la diffusion des articles. La science ouverte prône un modèle où la revue n’est plus financée par les lecteurs abonnés (ou les bibliothèques), mais est rémunérée, sous forme de frais de publication, par l’institution de l’auteur ou un organisme d’aide à la recherche. Ce modèle vise un fonctionnement à but non lucratif, favorisant le libre accès.

    2. La labellisation

    La multiplication des ressources de l’open science pose des questions de choix à tous les acteurs, qu’ils interviennent dans la production de la recherche, sa publication ou son archivage. Il est nécessaire de produire des critères d’évaluation et de labels pour les guider. Les plateformes de publication en libre accès sollicitent les chercheurs pour une évaluation, gratuite et par les pairs, des revues qu’elles accueillent (voir notamment le fonctionnement du portail de publication en sciences humaines et sociales OpenEdition). L’université de Bordeaux a constitué, avec ses partenaires, un comité scientifique et un processus de labellisation des plateformes de services à la recherche de Nouvelle-Aquitaine.

    3. La littératie

    Enfin, pour initier les professeurs Cosinus, des collectifs, comme DoRaNum (projet engagé par le réseau des Urfist et l’Inist-CNRS, sous l’égide de la Bibliothèque scientifique numérique), prennent en charge la littératie de l’open science en organisant l’accès aux ressources d’autoformation pour la gestion des données de la recherche.

    Dimension internationale et efforts européens

    Ces initiatives multiples reposent sur la participation des institutions, des laboratoires, des chercheurs et des personnels de support qui siègent aux conseils, aux comités d’évaluation ou aux consortiums.

    Elles ne peuvent que s’intensifier et se complexifier puisque le plan national pour la science ouverte 2021-2025 met l’accent sur la dimension internationale (par exemple, en aidant les publications scientifiques à traduire leurs contenus en anglais) et la participation aux efforts européens (par exemple, le projet OpenAire - Open access infrastructure for research in Europe -, infrastructure d’accès ouvert à un large éventail de publications scientifiques et de données de la recherche, rassemble 50 partenaires, de tous les pays de l’UE).

    Cosinus ne devrait donc pas demeurer un simple usager des ressources gratuites mais il sera de plus en plus sollicité pour contribuer à l’élaboration des règles de la science ouverte au sein de groupes d’experts internationaux et pluridisciplinaires.

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    Claire Scopsi
    Maître de conférences au Conservatoire national des arts et métiers, responsable de la licence professionnelle de documentaliste-archiviste audiovisuel de l’INTD

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    La science ouverte entend favoriser la diffusion des publications et des données de la recherche. Elle est donc confrontée aux logiques propres au monde de l’édition scientifique et aux bases de données fermées. Son enjeu principal est de favoriser le travail des chercheurs et l’apprentissage des étudiants.
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